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X-Science Camp, une colo pour… matheux.

Le 26 septembre 2019

Du 15 au 19 juillet 2019, l’École polytechnique accueillait pour la 3e année consécutive, 40 lycéens venus de toute la France dans le cadre de son X-Science Camp. En charge de ce programme en forme de « colo de math », Alice Carpentier, la responsable du Pôle diversité et réussite de cette grande école nous en dit plus.

– Si vous deviez pour commencer par pitcher X-Science Camp ?

X-Science Camp a été lancé il y a trois sans dans l’idée de proposer une sorte de « colo de math » à des lycéens venant de toute la France. Il complète d’autres initiatives, à commencer par « Une Grande Ecole, Pourquoi Pas Moi ? », lancé en 2005. Pour mémoire, ce programme d’égalité des chances, labellisé « Cordée de la réussite », accompagne des lycéens issus de milieux défavorisés, afin d’accroître leur chance de poursuivre des études dans le supérieur. Pendant leurs trois années de lycée, ces élèves participent à des séances de tutorat (les mercredis) et à des sorties culturelles, des ateliers d’expression, des visites en entreprise et en école (durant des week-ends et les vacances), avec pour objectif de renforcer leur culture générale, leur confiance en eux, leur connaissance des métiers et des filières… A en juger par le suivi des cohortes de jeunes, qui ont bénéficié de ce programme, les résultats sont plus que positifs – la plupart poursuivent des études supérieures en école d’ingénieurs.
Mais ce programme ne concerne que trois lycées essonniens partenaires : Robert Doisneau à Corbeil-Essonnes, Albert Einstein à Sainte-Geneviève-des-Bois et l’Essouriau aux Ulis. X-Science Camp est donc né de la volonté d’intervenir au-delà de l’Essonne, sur l’ensemble du territoire français, dans l’idée de faire profiter de notre expérience dans l’accompagnement de lycéens. Cette année, des X-Science Camp ont été organisés à Marseille, au printemps, puis sur le campus de polytechnique, au mois de juillet. L’an passé, nous en avions organisé un à Porquerolles.

– Selon quels critères sélectionnez-vous les candidats ?

Les lycéens sont sélectionnés en fonction de leurs résultats dans les matières scientifiques, mais aussi en fonction de critères sociaux : nous privilégions les élèves boursiers et/ou dont les parents n’ont pas fait d’études dans le supérieur. Au total, une quarantaine de lycéens sont accueillis par camp.

– Pour combien de candidats ?

Cette année, sur l’ensemble des deux camps, c’est près de 500 dossiers que nous avons reçus.

XScienceCampCorinneHameau-XScienceCamp-pr-072019-11– Quel est l’état d’esprit de ces lycéens que vous privez de vacances ?

(Sourire) Les lycéens apprécient particulièrement le principe du camp, d’autant qu’il est conçu dans l’esprit d’une colo de vacances. La principale différence, c’est qu’ils peuvent se consacrer pleinement à leur intérêt pour les disciplines scientifiques. Ceux qui y participent sont a priori de bons élèves, mais qui se retrouvent dans des classes où tous leurs camarades sont loin de partager la même appétence pour ces disciplines. Pendant une semaine, nous leur offrons la possibilité de se retrouver avec d’autres personnes, qui parlent en quelque sorte la même langue qu’eux, celle des maths, que ce soit les élèves d’X, qui assurent les séances de tutorat, ou leurs camarades de camp.

– Quel est le contenu de cette semaine ?

Le programme est relativement soutenu, mais encore une fois, il est conçu dans l’esprit d’une colo de math. Des plages horaires sont aménagées pour des activités physiques et sportives. Au final, les lycéens ne donnent pas l’impression de sacrifier une semaine de vacances. Ils ne demandent d’ailleurs qu’à revenir !

XScienceCampCorinneHameau-XScienceCamp-pr-072019-20– Est-ce possible ?

Oui, c’est possible selon que le X-Science Camp s’adresse à des Secondes qui passent en Première ou à des Premières qui passent en Terminale. Cette année, pas moins de sept lycéens du X-Science Camp de cet été avaient déjà participé à un camp l’an passé. Sinon, des lycéens d’Île-de-France peuvent participer à d’autres initiatives labellisées « Cordée de la réussite », de l’X ou de nos partenaires.

– Comment les lycéens réagissent-ils à l’idée de se retrouver sur le campus d’une grande école comme Polytechnique ?

(Rire) Hormis les lycéens qui viennent des environs, la plupart ne connaissent pas forcément l’école. Ils ne sont donc pas plus impressionnés que cela. En revanche, ce n’est pas le cas de leurs proviseurs de lycée et enseignants. A la réception du premier courrier officiel que nous leur adressons, pour leur proposer d’inciter leurs élèves à se porter candidats à X-Science Camp, ils peuvent être enclins à s’autocensurer, en considérant que ce n’est pas pour les leurs. Aussi mettons-nous l’accent sur le fait qu’il s’agit d’abord d’une « colo de math », qui n’a pas d’autre vocation que de leur faire bénéficier d’un tutorat et d’activités physiques et sportives, en plus de leur faire découvrir ce qu’est une grande école.

– Venons-en au Pôle diversité et réussite de l’École polytechnique dont vous êtes responsable. Que propose-t-il exactement ?

Comme son nom l’indique, il vise à promouvoir la diversité tant au plan social qu’au regard du genre. Outre « Une Grande Ecole Pourquoi Pas Moi ? » et X-Science Camp, il met en place un panel d’actions dans l’idée aussi de faire connaître les possibilités de l’enseignement supérieur, à des jeunes issus de milieux modestes. S’y ajoutera dès l’année prochaine un autre programme sur le tutorat en ligne : la Cordée tutorat polytechnique Île-de-France.
Notre volonté est de concentrer nos efforts sur les actions auprès des lycéens, en allant chercher les talents là où ils se trouvent. Nous pouvons pour cela nous appuyer sur les affectations civiles de nos propres élèves : rappelons que, pendant six mois, plusieurs d’entre eux sont appelés à intervenir dans un lycée pour y faire du tutorat, en vivant au milieu des lycéens. Soit quelque 90 élèves et même jusqu’à 120 en comptant ceux ayant intégré une association à vocation sociale.

– On pourrait regretter qu’une session X-Science Campus ne concerne que 40 lycées. Mais on devine qu’à travers ces différentes actions, vous parvenez à toucher une population lycéenne bien plus importante…

C’est effectivement le cas. Chaque année, nous parvenons à toucher plusieurs centaines de lycéens. Sans compter tous ceux qui vont entendre parler de l’une ou l’autre de nos actions. Les lycéens qui, en particulier, ont eu la chance de participer à X-Science Campus, en repartent avec une casquette et un polo de Polytechnique. En les arborant avec fierté à la rentrée, ils ne manquent pas de susciter des questions de leurs camarades. Nous les encourageons d’ailleurs à témoigner de leur expérience en classe. Cela participe d’un travail de pollinisation auquel nous accordons beaucoup d’importance !

– Que Polytechnique travaille dans la durée en empruntant à l’art de l’apiculteur, qui l’eut cru ?!

(Sourire). Ce travail de pollinisation procède aussi au travers de l’action de ces élèves en affectation civile, que j’évoquais. Vivant au milieu des lycéens, six mois durant, pour assurer des cours de soutien et de tutorat, eux aussi contribuent à faire mieux connaître l’école après de jeunes aussi bien que de leurs enseignants.

– Qu’est-ce qui, dans votre propre cursus, vous a prédisposée à prendre la responsabilité de ce Pôle diversité et réussite de l’École polytechnique ?

Avant d’intégrer une école de commerce, j’ai fait un BTS. Déjà, je m’occupais de jeunes en quête d’une entreprise pour les besoins de leur formation en apprentissage. A l’époque, je voulais m’orienter vers le commerce international. Je suis donc partie deux ans aux Etats-Unis, à Stanford, pour y acquérir une expérience professionnelle. Jusqu’à ce que la question du sens que je voulais donner à mon travail ne finisse par me travailler. Finalement, j’ai intégré une Mission locale pour intervenir auprès de jeunes éloignés du marché du travail, puis pour une association davantage tournée vers les jeunes sortis de l’université, en quête d’emploi. Elle intervenait dans le cadre de la Politique de la Ville, en faisant un travail au plus près du terrain. Concrètement, nous tractions en allant à la rencontre des jeunes, au pied des immeubles. C’est à cette occasion que j’ai découvert les Cordées de la réussite et les initiatives de grandes écoles auprès des jeunes de quartiers. Naturellement, quand l’occasion s’est présentée, j’ai voulu mettre mon expérience de l’engagement associatif au service de l’une d’elle. Ce fut donc Polytechnique. J’ai été d’autant plus enthousiaste à l’idée d’intégrer cette grande école-ci, en 2014, qu’il s’agissait d’y structurer les actions existantes, en créant un pôle cohérent.

– Ne vous considérez-vous pas vous même comme un produit de sa politique de la diversité au sens où vous n’êtes pas issue de cette école ?

Disons qu’au-delà du diplôme, c’est l’expertise du terrain qui prime pour occuper un tel poste. Il faut avoir une bonne connaissance des jeunes des quartiers de la Politique de la Ville, et/ou de milieux défavorisés, et ne pas hésiter à aller à leur rencontre. A Polytechnique, j’ai l’impression de poursuivre le job que j’ai commencé dans le monde associatif, mais en bénéficiant de la notoriété d’une marque et de la force d’un réseau d’alumni. Cela étant dit, entre le BTS qui m’a apporté des compétences techniques et mon école de commerce qui m’a sensibilisée aux enjeus du marketing, mon cursus de formation s’est révélé plus qu’utile.

Crédit photo :  Corinne Hameau – École polytechnique.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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