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Aménagement & Architecture

Spartners, du techtiaire pour les start-up de la biotech

Le 31 janvier 2023

Suite de notre séquence sur le Techtiaire avec le témoignage d'Olivier Nosjean, Directeur des Affaires Scientifiques du groupe Servier, qui nous en dit plus sur Spartners, l'incubateur de son nouvel Institut de R&D Paris-Saclay.

- Pour commencer, pouvez-vous nous dire comment Servier en est venu à s’intéresser à ce concept de l’immobilier techtiaire ?

Nous y sommes venus naturellement car, par sa nature même, la R&D de l’industrie pharmaceutique repose sur une activité expérimentale à forte composante technologique qui, par conséquent, nécessite des bâtiments conçus tout spécialement. En la matière, le groupe Servier a désormais une longue expérience : nous avons depuis toujours conçu nos propres sites de R&D, dans des environnements très variés : en plein centre urbain comme dans le cas de notre premier centre de R&D, à Suresnes [ Hauts-de-Seine ] ; dans des zones périurbaines – à Croissy-sur-Seine [ Yvelines ] – ou encore en milieu quasi rural – à Gidy [ Loiret ]. Autant de sites où nous disposons de bâtiments techniques répondant aux exigences de tests de nouvelles molécules dans un cadre très réglementé. Nous travaillons avec des cabinets d’architectes spécialisés, tout en mobilisant notre propre réseau d’experts en interne, de façon à concevoir des locaux aussi adaptés que possible à l’évolution des modalités de la R&D. À cet égard, l’immobilier techtiaire nous paraît correspondre à un changement profond qu’il nous faut intégrer dans notre propre organisation.

- Rappelons que cet immobilier est aussi associé à l’idée d’accueillir plusieurs entreprises sur un même site, chacune disposant de ses propres plateaux techniques. Est-ce à dire que vous comptez en accueillir sur votre site ?

Pour des raisons de confidentialité inhérente à l’activité de R&D en générale et en pharma tout particulièrement, il n’est pas possible d’aller aussi loin. Le partage de locaux ne peut se faire qu’avec des partenaires directement impliqués dans nos projets. Nos sites de R&D en accueillent ainsi plusieurs, que ce soit dans le domaine technologique ou des métiers réglementaires. Cependant, nous souhaitons accueillir aussi des start-up du secteur de la Biotech. À cette fin, notre tout nouveau site de Paris-Saclay hébergera un incubateur de start-up, le Spartners. D’une superficie de 1 850 m2, il pourra accueillir une vingtaine d’entreprises et plus d’une centaine de chercheurs en moyenne. Doté de laboratoires privés ou partagés et entièrement équipés, il proposera également des salles de conférences, un café central et des bureaux. Ce n’est pas tout : les résidents auront accès au soutien et aux installations centrales de Servier et bénéficieront d’un approvisionnement en ligne ainsi que d’une gestion intégrée des risques biologiques et des déchets chimiques. Précisons encore que la gestion de Spartners a été confiée, dès sa conception, au développeur et opérateur américain de laboratoires de co-working, BioLabs. De tous les bâtiments de notre nouvel institut de R&D, c’est celui qui incarne le mieux l’esprit techtiaire de partage de locaux.

- Quelles sont néanmoins les autres particularités de votre nouvel institut par rapport à vos centres de R&D classiques ?

La première tient à l’ambition qui a présidé à sa conception : l’institut de R&D Paris-Saclay regroupe des équipes qui étaient réparties jusqu’à présent sur nos cinq sites franciliens, soit environ 1 500 personnes. Ce nouveau site représente une concentration de compétences et d’expertises qui nous permettra de procéder à un spectre d’expérimentations encore plus variées que ce que nous pouvions faire sur l’ensemble des cinq sites. Il permettra aussi un travail plus étroit entre les équipes de recherche et les équipes de développement clinique. Plus grand, plus complexe que n’importe quel autre de nos sites, notre nouvel institut jouera pleinement un rôle fédérateur en permettant à toutes nos équipes de collaborer de manière autrement plus optimale qu’elles le faisaient en interagissant à distance d’un site à l’autre. Et pour faire en sorte que le site joue ainsi pleinement ce rôle fédérateur, nous avons, avec le concours du cabinet d’architecture Wilmotte & Associés, porté un soin particulier à la disposition spatiale. Un grand bâtiment circulaire central, « l’anneau fédérateur », abrite les espaces tertiaires y compris des salles de conférences et des espaces de travail partagés. Il ne comportera pas de bureau personnel, mais des types d’aménagement plus ou moins ouverts et des salles de réunions pour pouvoir s’isoler. Cet anneau symbolise bien l’esprit du site, par sa capacité à permettre aux différentes équipes de se croiser, de susciter des recherches en mode plus collaboratif. Depuis cet anneau central, il est possible d’accéder aux bâtiments techniques : outre celui qui abrite l’incubateur, deux bâtiments de laboratoires totalisant pas moins de six km de paillasses.

- Dans quelle mesure vous êtes-vous inspirés d’autres sites existants ?

Naturellement, nous avons procédé à du benchmarking, en faisant le tour des centres de R&D et d’innovation en pharma et biotech, en construction ou récemment ouverts, en France mais surtout à l’étranger – notre projet étant un des rares, dans sa catégorie, à être récemment sortis de terre dans notre pays. Nous avons surtout travaillé étroitement avec le cabinet d’architectes qui a suggéré des éléments de conception auxquels nous n’avions pas forcément pensé. Au-delà d’accueillir nos équipes françaises, ce site sera le cœur de l’organisation mondiale de la R&D du Groupe : il travaillera de façon transverse avec les autres centres de recherche situés en Hongrie, au Danemark à Boston, et avec nos trois hubs internationaux pour nos études cliniques en Europe, en Asie et en Amérique. C’est donc un site qui doit être inspirant pour l’ensemble de nos collaborateurs R&D dans le monde.

- Le site a été livré. Comment se déroule sa mise en service ?

Cette mise en service a été fixée pour le 14 février 2023 avec l’arrivée d’une première vague de collaborateurs. L’ensemble des effectifs devrait le rejoindre progressivement d’ici l’été, avec l’arrivée successive des équipes R&D, des équipes en charge des expérimentations, enfin les équipes appelées à occuper les espaces tertiaires.

- On imagine que tout habitué que soyez à vous projeter dans le temps long de la R&D et l’innovation propre au secteur pharmaceutique, vous êtes impatient à rejoindre ce site…

Oui, bien sûr ! Je commence à bien le connaître pour m’y rendre régulièrement depuis sa mise en chantier. Je l’ai vu ainsi évoluer au fil du temps et, forcément, cela rend impatient ! Je ne suis pas le seul au demeurant. Ce site traduit un changement de notre environnement de travail, qui évolue pour coller au fonctionnement actuel de la R&D et de l’innovation, basé sur de plus fortes interactions entre les équipes et une plus grande flexibilité dans la manière de collaborer. Alors oui, nous sommes impatients !

- Dans quelle mesure le fait que ce site soit inséré dans l’écosystème de Paris-Saclay, riche en établissements d’enseignement supérieur et de recherche, en centres de R&D, en entreprises innovantes, etc. ajoute à votre impatience ?

Non seulement cela ajoute à notre impatience, mais encore cela change tout ! Jusqu’à présent, nos sites étaient, comme je l’ai dit, relativement isolés, dans des environnements pas toujours tournés vers la recherche et l’innovation et, quand ils le sont, celles-ci ne relèvent pas de la filière pharmaceutique. Dans le quartier de Moulon, nous nous retrouvons parmi de nombreux partenaires potentiels ou avec lesquels nous avons déjà des relations étroites (le CEA, l’Université Paris-Saclay, les laboratoires du CNRS, de grandes écoles implantées sur le plateau, etc.), mais avec lesquels nous n’étions pas dans une telle proximité géographique. Or, on sait combien celle-ci, même à l’heure du numérique, est précieuse pour favoriser l’émergence de projets collaboratifs, de l’innovation ouverte. En concentrant autant de capacités en R&D et innovation, l’environnement global de Paris-Saclay est particulièrement attractif, ce qui devrait nous faciliter les choses dans le recrutement de jeunes scientifiques. À ce propos, nous participons déjà à des formations doctorales et postdoctorales mises en place par l’Université Paris-Saclay.

- Comment envisagez-vous l’arrivée de la ligne 18 du Grand Paris-Saclay qui desservira le quartier de Moulon ?

Bien sûr, on peut regretter qu’il faille attendre encore quelques années avant l’arrivée de la ligne 18 du Grand Paris-Express. Mais sachons rester positifs. Depuis notre site, on peut voir le chantier de cette ligne et constater à quel point il avance. C’est impressionnant ! Le projet est bel et bien lancé et c’est rassurant. Sans attendre, nous avons mis en place des solutions pour faciliter la vie de nos collègues, qui résident dans l’ouest parisien, dans Paris intra muros ou bien dans le Loiret : des navettes connectées, à l’image de celles mises en place par le CEA, et un application de covoiturage.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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