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Paris-Saclay, un hub de l’IA où il faut être.

Le 27 avril 2022

Suite de nos échos à l’édition 2022 du Brainathon avec le directeur adjoint de l’IBM Lab, qui revient ici sur ce qui a motivé cet acteur du numérique à implanter son centre de R&D déidé à l’IA au cœur de l’écosystème Paris-Saclay.

- Si vous deviez « pitcher » le bâtiment dans lequel nous nous trouvons ?

Nous sommes au centre de R&D dédié à l’IA d’IBM  en France. En plus d’être implanté au cœur d’un des plus importants hubs technologiques au monde (Paris-Saclay concentre 15% de la R&D publique et privée française), il a pour particularité de réunir aussi bien des développeurs de logiciels en IA que des spécialistes engagés dans de la recherche fondamentale, de diverses nationalités. Ce n’est pas tout : sont également présentes ici des équipes de service, en contact direct avec nos clients.

- Voilà une belle illustration du fait qu’il ne faut pas opposer recherche fondamentale et appliquée, R&D…

Exactement ! Certes, cela ne veut pas dire que nous prétendons ordonner l’ensemble dans une chaîne qui irait de la recherche fondamentale aux services en passant par la recherche appliquée. En revanche, nous en sommes convaincus, nous avons tout à gagner à faire coexister ces différentes activités et à favoriser les interactions entre nos chercheurs, nos développeurs et nos équipes de services. Le fait de réunir au même endroit toutes ces personnes, de différentes nationalités (française, bien sûr, mais aussi belge, britannique, italienne, coréenne, indienne…) mais parlant toutes au moins le français, constitue une valeur ajoutée pour nos clients. Précisons que via le Lab de Paris-Saclay, ceux-ci ont accès à tous nos autres Labs à travers le monde, chacun étant spécialisé dans une thématique de recherche.

- Un mot encore sur la configuration du bâtiment, dont on devine qu’il a été conçu précisément pour favoriser les interactions…

Non seulement il a été conçu pour faciliter ces interactions, mais encore accueillir les diverses parties prenantes de l’écosystème dans lequel nous nous insérons. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du choix fait de rejoindre Paris-Saclay que de pouvoir interagir avec des académiques et leurs laboratoires, et des clients potentiels. Notre bâtiment se devait donc de permettre d’interagir avec eux. Le 5e étage en l’occurrence a été conçu dans cet esprit.

- Je peux en témoigner puisque c’est celui où se déroule le Brainathon…

On peut y accueillir des personnes extérieures, y réunir des équipes, y faire des présentations hybrides, en présentiel et en distanciel, via des écrans connectés. Bref, tout est fait pour que les interactions soient aussi fluides que possible. Quant à l’espace de nos équipes de développeurs, il a été pensé non pas comme un openspace, mais en différentes zones de façon à leur permettre de travailler en groupes de six à dix personnes maximum, selon les besoins. Chaque zone bénéficie de boxes, de salles de réunion connectées, d’espaces conviviaux pour échanger de manière informelle.

- Comment parvenez-vous néanmoins à trouver un juste équilibre entre la nécessaire confidentialité des recherches menées ici et les développements, d’une part, et cette ouverture sur l’écosystème, d’autre part ?

Justement, un étage est directement accessible au public extérieur. À quoi s’ajoute l’espace mutualisé avec la Communauté d’agglomération de Paris-Saclay (dont le siège se trouve sur une autre aile du bâtiment) : je veux parler de l’espace situé au rez-de-chaussée, qui sert de restaurant à l’heure du déjeuner, de salle de réunion, ouverte au public, le reste du temps.

- Il reste que ce bâtiment a été conçu avant la crise sanitaire…

Oui, mais justement, celle-ci n’a fait que valider la pertinence de nos partis pris. Avec le recul, force est de constater que nous aurons finalement, et aussi étonnant que cela puisse être, anticipé le changement des modes de travail, à commencer par le fait que toute réunion doit désormais pouvoir se faire en mode hybride (en présentiel et en distanciel) et ce, en toute fluidité. Concrètement, il suffit d’entrer dans une salle de réunion pour que votre ordinateur soit identifié et connecté ; dès que la réunion commence, les personnes intervenant en distantiel apparaissent sur l’écran. Contrairement, à ce qui se passe souvent, elles ne sont pas reléguées au second plan mais peuvent prendre directement part aux discussions au point qu’on en oublie presque qui est en présentiel ou en distanciel. Tout cela peut paraître être des détails ; en réalité, cela concourt à améliorer la qualité des échanges.

- Au final, dans quelle mesure la conception est-elle redevable à d’autres sites d’IBM, d’une part, à l’écosystème de Paris-Saclay d’autre part ? En d’autres termes, dans quelle mesure les particularités du projet de Paris-Saclay ont-elles dicté la conception de l’IBM France Lab ?

Il est clair que c’est la concentration de compétences en IA sur le territoire de Paris-Saclay qui nous a conduits à nous y implanter. Et à partir du moment où nous avons fait ce choix, il devenait tout aussi clair qu’il nous fallait pouvoir interagir aussi bien avec les académiques qu’avec des clients potentiels, des industriels ou d’autres centres de R&D. Notre nouveau site devait nous y aider de par sa conception. Il n’y aurait eu aucun sens à se doter d’un centre auquel personne ne pourrait ni ne voudrait aller. Il fallait au contraire qu’il favorise les interactions y compris de manière fortuite et informelle. Cela étant dit, notre objectif est aussi de sourcer des projets de co-innovation avec des partenaires – des industriels aussi bien que des organismes de recherche -, d’avancer conjointement avec des clients sur des problématiques en rapport avec l’IA, à la fois pour faire avancer l’état de l’art, mais aussi répondre à des besoins spécifiques de clients. Nous sommes convaincus que ce mode d’innovation conjointe est un jeu gagnant-gagnant : pour le client, c’est la possibilité de trouver des solutions à ses problématiques ou d’identifier un avantage comparatif ; pour nous, de progresser en R&D comme en recherche fondamentale et d’accompagner nos clients.

- Ce qui suppose de connaître la communauté de Paris-Saclay… Est-ce justement ce qui vous a motivé à accueillir un événement comme Brainathon ? Comment s’est faite d’ailleurs la connexion ?

J’ai rencontré Christian Van Gysel, lors du TEDx Saclay 2019, qui avait eu lieu à Massy. J’ai pu mesurer à quel point cet événement était un vecteur de connexions entre les acteurs de l’écosystème. Quand, plus tard, Christian m’a soumis l’idée d’organiser chez nous le Brainathon, j’ai répondu favorablement, d’autant que l’une des thématiques portait précisément sur l’IA. Je trouve que c’est un dispositif intéressant tant au plan intellectuel que relationnel : depuis le début de cette journée, je passe mon temps à échanger avec des participants, tous plus intéressants les uns que les autres comme, par exemple, Arnaud Vedel, le Préfet coordonnateur de la Stratégie nationale pour l’IA , ou ces représentants d’entreprises, avec lesquelles j’étais entré en contact mais par d’autres canaux avec lesquels nous avions identifié des sujets d’intérêt commun.

- À vous entendre, l’intelligence artificielle requiert aussi beaucoup d’intelligence relationnelle, humaine…

C’est inévitable et, une fois encore, les deux ne s’opposent pas. J’ajoute même que l’exercice d’intelligence collective, comme celui proposé dans le cadre du Brainathon, en fournit une belle démonstration : il est nécessaire de faire se rencontrer des gens, pour faire foisonner les idées et créer les conditions propices à la créativité autour des sujets d’IA.

- Avec le recul dont vous disposez désormais, quel regard portez-vous sur la dynamique de Paris-Saclay ? Il se trouve que depuis l’endroit où nous faisons l’entretien, on peut apercevoir un chantier au pied de votre immeuble et des grues à l’horizon. Dans quelle mesure cette ambiance de chantiers concourt, en dépit des éventuelles nuisances, à entretenir l’émulation en procurant la sensation de participer à un projet ambitieux ?

Le fait est, nous sommes au milieu d’un vaste chantier, dont on mesure toujours un peu plus chaque jour l’ambition, mais aussi à quel point il avance. Forcément, cela nous conforte dans l’idée que nous avons fait le bon choix en nous implantant ici. C’est une évidence, même si aujourd’hui, ce n’est pas simple d’y venir. C’est dire si nous attendons avec impatience l’arrivée de la ligne 18, dont une station se trouvera à quelques pas de là.

À lire aussi l’entretien avec Arnaud Vedel, préfet coordonnateur de la Stratégie nationale pour l’Intelligence artificielle – pour y accéder, cliquer ici.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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