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Paris-Saclay à l’honneur dans les classements internationaux.

Le 17 août 2020

Avec la 14e place occupée par l’Université Paris-Saclay dans l’édition 2020 du classement de Shanghai, et celles décrochées par l’École polytechnique dans d’autres classements internationaux, l’écosystème de Paris-Saclay gagne plus que jamais en visibilité sur la carte mondiale du système d’enseignement supérieur et de la recherche.

A peine créée, le 6 novembre 2019, l’Université Paris-Saclay fait une entrée en force dans le classement de Shanghai, en figurant dans le top 15 (à la 14e place !), une première pour un établissement d’enseignement supérieur français depuis la création de ce classement en 2003. L’an passé, sa principale composante universitaire, Paris-Sud, ne figurait encore qu’à la 37e (un rang au demeurant honorable, qui la plaçait en tête des universités françaises les mieux placées).
En juillet de cette même année, le classement par discipline avait, telle une hirondelle annonçant le printemps, laisser présager la performance de la nouvelle entité universitaire, arrivée 1re en mathématiques, 9e en physique, dans le top 25 en médecine et en agriculture. Preuve que le pari un peu fou de réunir des universités (en l’occurrence, outre Paris-Sud, celles de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et d’Evry) et de grandes écoles (AgroParisTech, CentraleSupélec, l’Institut d’Optique et l’Ecole Normale Supérieure de Paris-Saclay…), en partenariat avec des organismes de recherche (CEA et CNRS), était fondé et payant.

Polytechnique bien classé

Une bonne nouvelle arrivant rarement seule, l’écosystème Paris-Saclay peut s’enorgueillir de compter un second pôle, l’Institut polytechnique de Paris (l’ensemble constitué par l’École polytechnique, l’ENSTA Paris, l’ENSAE Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis) distingué dans plusieurs classements. S’il figure beaucoup plus bas que l’Université Paris-Saclay dans le classement général de Shanghai (entre le 301e et le 400e rang – au-delà d’un certain rang, le classement de Shanghai n’entre plus dans le détail…), il figure en bonne place dans son classement par discipline : au 37e en mathématiques, 38e en physique, 42e rang en statistiques. A elle seule, l’École polytechnique peut se prévaloir de bonnes places dans d’autres classements : celui du Times Higher Education l’Ecole (où elle figure en 93e position) et le tout aussi prestigieux classement mondial des universités QS – QS World University Rankings (à la 60e place) – classement dans lequel on trouve une autre école de Paris-Saclay, CentraleSupélec (à la 139e).

Une marge de progression

Bien qu’annoncé comme à son habitude en pleine période estivale, à la mi-août, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, maintes parties prenantes de la nouvelle université y allant de leurs félicitations ou de l’expression de leur fierté à y participer de près ou de loin. Unanimement saluée pour sa constance, sa présidente, Sylvie Retailleau s’est dite surprise, dans un entretien accordé au Monde (mis en ligne le 15 août), non pas tant de voir son université distinguée aussi vite, mais de la voir placée d’emblée aussi haut (des simulations tablaient sur une 20e place). La même laisse espérer une progression dans les années à venir, les Universités de Versailles-Saint-Quentin et d’Evry n’étant pas encore prises en compte dans cette édition 2020 du classement de Shanghai (la fusion devant être effective en 2025).

Des critiques récurrentes

Certes, on peut sourire en constatant que l’annonce ait presque fait taire les critiques à l’encontre de ce classement. Pour mémoire, ce dernier, établi par l’Université Jiao Tong, classe plus de 4 000 institutions dans 54 disciplines couvrant cinq grands domaines : les sciences de l’ingénieur, les sciences de la vie, les sciences médicales, les sciences naturelles et les sciences sociales. Il s’appuie pour cela sur quatre séries de critères pondérés : la qualité de l’enseignement, évaluée à partir du nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les anciens élèves… (10%) ; la qualité de l’institution (40%) ; les publications dans des revues prestigieuses (40%) ; enfin, la taille de l’institution (10%).
Des partis pris largement critiqués par des chercheurs, spécialistes des questions d’évaluation. Jugés arbitraires et non significatifs (le nombre de prix Nobel, par exemple), ces critères tendraient à privilégier des universités de grande taille, de surcroît à dominante sciences exactes sur les universités à dominante sciences sociales et humaines. Pis, ils ignoreraient les contraintes différentes (financières, réglementaires,…) auxquelles les universités sont soumises d’un pays à l’autre.
Les deux autres classements évoqués plus haut paraissent s’appuyer sur une méthodologie plus rigoureuse, même s’ils ne sont pas exempts de réserves liées aux difficultés inhérentes à toute démarche d’évaluation de la qualité de la recherche et de l’enseignement supérieur, de surcroît dans une perspective comparative internationale ou mondiale. Le Times Higher Education, du nom du magazine londonien éponyme, s’appuie, lui, sur plus d’une douzaine de critères pondérés et répartis en cinq catégories : le cadre de travail (30%) ; le nombre et la portée des recherches (30%) ; l’influence de ces recherches (30%) ; la renommée à l’international des professeurs (7,5%) ; des étudiants, des chercheurs et les connexions avec les entreprises (2,5%). Quant au classement mondial des universités QS (QS World University Rankings, publié par la société britannique Quacquarelli Symonds, il se base sur six critères pondérés : la réputation académique (40%) ; la réputation auprès des recruteurs (10%) ; le ratio enseignants-étudiants (20%) ; le nombre de citations par enseignant-chercheur (20%) ; le ratio d’enseignants internationaux (5%) et celui d’étudiants internationaux (5%).

Une référence malgré tout

Il reste que, depuis sa création, le classement de Shanghai s’est imposé comme une référence tant pour les étudiants que les investisseurs. En y figurant en bonne place, les deux pôles l’Université Paris-Saclay gagnent sans conteste en visibilité sur la carte mondiale du système d’enseignement supérieur et de la recherche – il suffit d’observer la fébrilité avec laquelle ce classement est désormais attendu et le retentissement médiatique dont il jouit au-delà des réseaux sociaux. Même Paris-Saclay Le Média se doit de le commenter !
D’aucuns pourront peut-être encore regretter que le projet universitaire initial (la création d’un seul et même pôle universitaire associant Polytechnique et les autres écoles partenaires de l’Institut polytechnique de Paris) ne soit pas allé à son terme, faisant probablement perdre quelques places à l’actuelle Université Paris-Saclay (devenue depuis le décret du 6 novembre un établissement expérimental public à caractère scientifique, culturel et professionnel). Sauf à considérer que l’existence de deux pôles ancrés pour l’essentiel sur un même territoire (le plateau de Saclay) ne peut qu’être favorable à une saine émulation, sans empêcher la poursuite de partenariats inter-établissements dans la recherche et l’innovation.

Un écosystème attractif

En attendant, on peut toujours convaincre étudiants, chercheurs, entrepreneurs, investisseurs, que Paris-Saclay, c’est tout à la fois un écosystème riche en incubateurs et autres FabLabs ; un laboratoire à grande échelle à même de traiter des défis relatifs au réchauffement climatique et aux transitions énergétique, écologique et numérique ; last but not least, un cadre de vie enviable, avec ses espaces naturels, agricoles et forestiers, son patrimoine historique. A quand d’ailleurs un classement des écosystèmes les plus prometteurs, à l’image de celui esquissé en 2013 par la MIT Technology Review, qui rangeait alors Paris-Saclay dans le Top 8 des World Innovation Clusters ?

 

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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