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Le Lumen, du rêve à la réalité

Le 5 février 2024

Entretien avec Marie-Estelle Créhalet, Directrice adjointe des Bibliothèques, Information et Science Ouverte au Lumen

Suite de nos échos à l’inauguration du Lumen, qui a eu lieu le 18 janvier dernier, avec, cette fois, le témoignage de Marie-Estelle Créhalet, Directrice adjointe des Bibliothèques, Information et Science Ouverte, que nous avions déjà eu l’occasion d’interviewer. C’était en juillet 2019 et ce qui s’appelait alors le Learning Center n’était encore qu’un programme en gestation…

- Nous vous avions interviewée en juillet 2019 sur ce qui s’appelait le Learning Center*. Je vous retrouve à l’occasion de l’inauguration de ce qui s’appelle désormais le Lumen et qui accueille déjà du public depuis septembre 2023. Qu’éprouvez-vous à vivre cette concrétisation de ce qui n’était alors qu’un programme en gestation lors de cette précédente interview ?

Marie-Estelle Créhalet : De la joie, forcément ! Je suis très heureuse d’avoir pu enfin aménager dans ce nouveau bâtiment, le Lumen. Le jour de l’ouverture officielle, en septembre dernier, nous étions, mes collègues et moi, au septième ciel – il n’y a pas d’autre mot pour traduire ce que nous ressentions. Nous arrivions au terme d’un long processus, qui a été tout sauf un fleuve tranquille. Rappelons que le projet remonte à 2016. Personnellement, j’accorde beaucoup d’importance à ces moments particuliers que sont les inaugurations ou les vernissages : ils marquent la fin d’une histoire et le début d’une autre. À compter de ce soir, c’est de nouvelles pages qui vont s’écrire, même si, en réalité, le bâtiment est déjà entré en service depuis la rentrée universitaire.

- J’ai été frappé par l’affluence et le nombre d’étudiants attablés, qui se sont manifestement appropriés le lieu. Manière de dire que le lieu vit déjà, comme s’il avait toujours existé…

M.-E.C. : Le jour de l’ouverture, il y avait déjà beaucoup d’étudiants présents, alors même que l’annonce n’en avait été faite que quelques jours auparavant. Depuis, la fréquentation ne s’est pas démentie. Ce dont on ne se rend pas compte forcément quand on entre car les espaces dédiés aux étudiants et enseignants-chercheurs sont dans les niveaux supérieurs. Ce succès ne fait que confirmer l’importance reconnue aux fonctions d’une bibliothèque. Les attentes des étudiants restent fortes en la matière, ce que nous avions identifié dans les enquêtes menées en amont du projet et qui se confirme depuis, malgré toutes les possibilités offertes par le numérique.
Depuis son ouverture, le Lumen a aussi déjà accueilli plusieurs événements, le département événementiel recevant de nombreuses demandes de réservation de salles, d’espaces – le Lumen compte un auditorium à l’entrée, un espace exposition, le Forum…

- L’occasion de rappeler que ce nouveau bâtiment a vocation à accueillir d’autres publics que des étudiants : des habitants…

M.-E. C. : Oui, dans les espaces publics, en accès libre, que sont le Forum, au rez-de-chaussée, le salon, l’espace exposition, etc., situés, eux, au premier niveau supérieur, avant les contrôles d’accès. Tout un chacun peut y accéder sans avoir à présenter une quelconque carte.

- Un lieu ouvert au public mais aussi à l’innovation…

M.-E. C. : Oui, les entrepreneurs et autres porteurs de projets innovants sont aussi les bienvenus car le Lumen se veut un lieu d’innovation continue notamment à travers l’UX design, une méthode consistant à procéder de manière itérative à partir de l’expérience utilisateur, partagée entre la Dibiso et par nos collègues du Design Spot, hébergé dans le bâtiment.
Un autre motif de satisfaction tient d’ailleurs à tous ces services dont nous avions rêvés, que nous avions prototypés et que nous mettons en place progressivement depuis septembre. Ils permettent d’enrichir l’offre classique de services d’une bibliothèque. A contrario, des services que nous avions aussi prévus ont été arrêtés tandis que d’autres sont encore en cours d’évaluation. Nous sommes donc bien dans une démarche d’innovation, itérative, avec ses inévitables échecs, qui loin de nous arrêter dans notre élan, sont autant d’expériences dont nous tirons de précieux enseignements.

- Pouvez-vous rappeler votre degré d’implication dans la conception du lieu, sa programmation ?

M.-E. C. : Je m’y suis impliquée en tant que directrice des bibliothèques de CentraleSupélec, un des trois établissements d’enseignement supérieur auxquels le Lumen est destiné. Aux côtés du chef de projet, Julien Sempéré, et de mon homologue de l’ENS Paris-Saclay, j’ai pris part aux phases du projet architectural (concours,projet, avant projet sommaire, avant-projet définitif) et au suivi du chantier. En interne, j’ai accompagné l’équipe des bibliothèques de CentraleSupélec – une douzaine d’agents – dans leur aménagement dans le Lumen, aux côtés des collègues des autres directions abritées par le Lumen, non sans redéfinir leurs missions.

- Comment avez-vous vécu la durée du projet ?

M.-E. C. : Dès 2016, nous nous étions constitués en équipe projet, sans savoir que ce projet se déroulerait sur autant d’années. Avec le recul, cela paraît peu au regard de sa complexité liée à la mutualisation des moyens de différents établissements, sans compter les aléas liés à la crise sanitaire intervenue en 2020. Entretemps, des collègues qui avaient pris part au début du projet sont partis vers d’autres horizons. Mon choix a été de rester. Un choix que je ne regrette pas au vu du résultat.

- Pour occuper désormais quelles foncions ?

M-E. C. : La responsabilité du pôle Innovations et publics au sein de la direction des bibliothèques, Information et Science ouverte. Une fonction tranverse, que j’exerce au sein du Lumen ainsi que sur les autres sites de nos bibliothèques. Elle consiste à faire évoluer les services aux publics, que ce soit l’accueil, la gestion des horaires d’ouverture, les formations dispensées aux étudiants ; à porter aussi des projets en lien avec la transition écologique ; l’accessibilité de nos espaces et de nos collections aux différents publics, en partenariat avec des entrepreneurs innovants, de l’Université Paris-Saclay ou plus largement de l’écosystème de Paris-Saclay.
À cet égard, mon expérience à CentraleSupélec a été déterminante car l’entrepreneuriat innovant y est particulièrement dynamique. C’est d’ailleurs un ancien de cette école qui a conçu ce robot autonome qu’on peut voir circuler : encore au stade expérimental, il devrait permettre d’acheminer des livres entre le Lumen et d’autres fbâtiments et bibliothèques situés dans le quartier ou même dans la vallée.

- Encore une question sur cet écosystème de Paris-Saclay dans lequel le Lumen s’inscrit. Dans quelle mesure celui-ci vous conforte dans le sentiment de la concrétisation de cet écosystème qui n’était encore lui-même qu’une idée à la fin des années 2000 ?

M.-E. C. : Ainsi que Martin Guespereau, directeur général de l’EPA Paris-Saclay le rappelait dans son propre discours, lors de l’inauguration, le Lumen est le dernier des établissements qu’il restait à construire dans le cadre de l’Université Paris-Saclay. Emblématique de cette université et plus largement de l’écosystème, il l’est par son parti pris de la mutualisation des ressources documentaires de plusieurs établissements d’enseignements supérieur – CentraleSupélec et l’ENS Paris-Saclay. En plus de sa propre direction, assurée conjointement par ces deux établissements et l’Université Paris-Saclay, il en abrite deux autres : celles du Design Spot et de la Diagonale Paris-Saclay, toutes deux tournées vers l’extérieur. Nous sommes donc bien dans l’esprit de Paris-Saclay, qui est justement d’encourager la mutualisation et l’ouverture. Y compris sur le plan strictement architectural qui témoigne de la pleine connexion du Lumen au territoire : non seulement, le bâtiment est en proximité immédiate avec la ligne 18 du Grand Paris Express, mais il en épouse jusqu’à la courbe. L’architecte a su faire de cette contrainte un atout. En cela le Lumen reflète définitivement ce qu’est fondamentalement Paris-Saclay : un projet compliqué, mais qui, précisément pour cela, nous emmène ailleurs !

* Pour accéder au précédent entretien, cliquer ici.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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