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Et si le travail de demain s’inventait à Paris-Saclay ?

Le 28 juin 2015

Au cours de cet été, deux événements majeurs se proposent de se pencher sur le travail, au regard du bien-être, pour l’un, de ses enjeux de société, pour l’autre. Tous deux se déroulent à Paris-Saclay. En plus d’être un cluster technologique, ce territoire serait-il le laboratoire grandeur nature des nouvelles conditions de travail ?

Qui dit travail, pense spontanément… pénibilité et même harcèlement ou encore souffrance, en référence aux faits rapportés par les médias ou à l’ouvrage du fondateur de la « psychodynamique du travail », Christophe Dejours (Souffrance en France, Seuil, 1998). En ces temps d’épreuves du bac, on ne manque pas de rappeler ses origines étymologiques : travail viendrait du bas latin tripalium qui désignait un instrument de contrainte voire de torture… Tant et si bien que la perspective d’une « fin du travail » a non seulement été annoncée mais accueillie avec impatience. On pense à l’ouvrage de Jeremy Rifkin (La Fin du travail, La Découverte, 1997) ou à celui de la philosophe Dominique Méda (Le Travail, en valeur en voie de disparition, Aubier, 1995), sans qu’on sache toujours si c’est bien de lui qu’il est question ou de l’emploi salarié.

De la souffrance, mais aussi du bonheur

Pourtant, le travail recouvre des activités beaucoup trop générales pour disparaître en toutes circonstances. Dans un de ses derniers ouvrages, la sociologue Anne-Marie Dujarier (Le Travail du consommateur, La Découverte, 2008, réédition 2014) montre comment les nouveaux processus de production industrielle et de commercialisation ont tendance à « mettre au travail » le consommateur, un mouvement tendant à s’amplifier au prétexte d’une économie plus collaborative et numérique (pour plus de détail, on renvoie à l’entretien qu’elle nous avait accordé suite à la journée organisée en décembre dernier, au PROTO204, sur le thème de l’innovation sociale et de l’économie collaborative ; pour y accéder, cliquer ici). Et puis n’y a-t-il pas jusqu’au bois dont on dit qu’il « travaille » ? Surtout et plus sérieusement (quoique…), une littérature scientifique plus discrète et néanmoins tout aussi riche le montre à intervalle régulier, comme dans un mouvement de balancier : le travail peut être aussi source de bonheur ! On renvoie notamment à l’ouvrage de Christian Baudelot et de Michel Gollac, Travailler pour être heureux ? (Fayard, 2003), qui, tout en montrant, statistiques à l’appui, les difficultés et inégalités auxquelles il expose, rappelle qu’il peut aussi être source de satisfaction et ce, dans tous les milieux socio-professionnels. Une hypothèse qu’on peut d’ailleurs vérifier autour de soi, quand ce n’est pas à travers sa propre expérience, malgré les hauts et les bas qui peuvent la caractériser. Si problèmes il y a, ils sont en réalité le plus souvent à chercher moins dans l’activité et les conditions de travail proprement dites, que dans celles du transport avec des trajets qui tendent à s’allonger et/ou de logement, quand ce n’est pas aux épreuves rencontrées au cours de sa vie personnelle. L’ouvrage de Christophe Dejours mentionné plus haut était d’ailleurs plus nuancé qu’il en avait l’air en montrant bien que c’est l’absence de résultats (que ce soit au regard du fruit du travail ou en termes de reconnaissance par sa hiérarchie ou ses collègues), qui rend la souffrance inhérente au travail plus difficile à vivre au point de la transformer en pathologies. Les idées reçues et pas forcément les plus favorables au travail n’en restent pas moins ancrées dans les esprits.
Et si Paris-Saclay était non seulement le laboratoire du travail de demain (que ce soit dans les entreprises, les start-up, les centres de recherche, les établissements d’enseignement supérieur, etc.), mais encore le point de départ d’une évolution des mentalités et des représentations attachées au travail ? On en voudrait pour preuve deux manifestations qui se tiennent à un peu plus d’un mois d’intervalle, durant l’été, avec le concours de spécialistes de différents horizons, disciplinaire, professionnel, entrepreneurial et géographique.

Le bien-être au travail

La première est un séminaire conçu par « quatre passionnés, professionnels expérimentés et engagés dans leurs entreprises du territoire Paris-Saclay. A savoir : Fatima Bakhti, directrice du projet de La Cité de l’Innovation d’Alcatel-Lucent, que nous avons eu l’occasion d’interviewer (pour accéder à l’article, cliquer ici) ; Florence Dossogne, d’Alcatel-Lucent ; Nicolas Dortindeguey, de Renault ; enfin, Thierry Roussel, du CEA. Programmé le 7 juillet à l’Ecole polytechnique (amphithéâtre Becquerel), dans le cadre des conférences de l’association Aristote, il se propose de répondre sans détour à la question : « Paris-Saclay, le laboratoire du bien-être au travail ? ». Avec sérieux mais aussi humour, comme en témoignent les interrogations posées en préambule du programme : « Et si demain, on disait ‘ Chouette, c’est lundi !’ ? », « Et si on n’attendait pas les vacances pour être heureux ?… », « Et si des collaborateurs heureux étaient le plus sûr moyen de conserver des clients satisfaits ? », Etc.
L’ensemble se déroulera en cinq séquences. Une première (intitulée « comprendre ») consistera en un état actuel des connaissances et de la recherche sur l’humain, avec le concours de sociologues, de psychologues et de philosophes ; la deuxième (« Organiser ») reviendra sur les tendances du management de ce début de XXIe siècle avec le concours de consultants et d’un « économiste du bonheur », en la personne de Renaud Gaucher ; la 3e (« Vivre »), traitera des nouveaux « lieux » du travail (du point de vue du mobilier, des bâtiment et de leur environnement) ; la 4e séquence (« Agir ») proposera des retours d’expériences françaises ; enfin, le séminaire se penchera sur le contexte de Paris-Saclay afin de voir comment en faire un laboratoire pour le bien-être au travail. Pour plus d’information, cliquer ici.
Les organisateurs ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Leur séminaire est d’ailleurs conçu comme la première pierre de ce laboratoire. La prochaine étape devrait être la concrétisation d’un WAWLab sous la forme d’une association ouverte à tous ceux qui œuvrent au bien-être au travail en vue de susciter de l’innovation et d’expérimenter des idées originales sur le territoire de Paris-Saclay ; en plus de l’organisation de séminaires et d’ateliers, elle aura vocation à communiquer autour des études et publications consacrées à cette thématique.

Le travail de demain

Le second événement est la nouvelle édition des Entretiens Enseignants-Entreprises », l’université d’été du monde de l’enseignement et de l’Entreprise, organisée chaque année depuis 2003 par l’Institut de l’entreprise en partenariat avec l’Inspection générale de sciences économiques et sociales, Ministère de l’Education nationale (DGESCO), le Conseil d’ Analyse Economique (CAE) et l’Ecole polytechnique.
Programmée du 25 au 26 août à l’Ecole polytechnique (qui s’impose décidément comme le point névralgique de cette réflexion sur le travail à Paris-Saclay), elle portera sur « le travail de demain » sans être spécifique au territoire de Paris-Saclay. Au programme : des conférences et des ateliers, couvrant des thématiques aussi diverses que la réforme du marché du travail, les « emplois de demain », les rapports hommes/robots, les discriminations, les jeunes, etc. mêlant universitaires et représentants d’entreprises, dont plusieurs de Paris-Saclay : outre Jacques Biot, Président de l’Ecole polytechnique, le Professeur Pierre Cahuc, de cette même école ; David Filliat, directeur du laboratoire Robotique, ENSTA Paristech ; Francis Kramarz, économiste du CREST/ENSAE, sans oublier Pierre Veltz, PDG de l’EPPS, qui expliquera « comment construire l’avenir en grand à Paris-Saclay ? ». Autre preuve de l’importance donnée à l’événement : la présence annoncée de Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Pour plus d’information, cliquer ici. Naturellement, nous ne manquerons pas de vous rendre compte de ces deux événements quitte à donner une allure studieuse à cette période de l’année d’ordinaire plus propice à des vacances prolongées…

Pour en savoir plus, voir les entretiens avec :

– Fatima Bakhti (mise en ligne à venir) ;

– Nicolas Dortindeguey (mise en ligne à venir) ;

– Béatrice Couairon, enseignante d’Economie et directrice du programme Enseignants-Entreprises, à l’Institut de l’Entreprise (mise en ligne à venir).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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