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Enseignement & Recherche

Au-delà des limites… entre école (d’ingénieurs) et entreprise.

Le 11 décembre 2016

Suite de nos échos à la 2e édition de TEDx Saclay à travers, cette fois, un entretien avec Pascale Ribon, ancienne directrice de l’ESTACA Paris-Saclay, qui a notamment saisi l’occasion de rappeler comment elle s’est employée à faire de cette école d’ingénieurs, la première expérience d’entreprise pour ses élèves, en repensant jusqu’à son aménagement intérieur… Une école-entreprise, donc, qui acculturerait aussi à un management fondé sur la bienveillance et l’empathie…

– Comment vous êtes-vous retrouvée à participer au TEDx Saclay ?

C’est le fruit d’une longue histoire ! Christian Van Gysel m’avait sollicitée à l’occasion de l’inauguration du Campus ESTACA Paris-Saclay, intervenue, à Montigny-le-Bretonneux, en octobre 2015. Suite à quoi j’ai rencontré Assya, avec laquelle j’ai aussitôt sympathisé. Elle m’a fait aussitôt rencontrer d’autres membres de l’équipe, avec lesquels des liens ont été crées. Bref, une dynamique s’est enclenchée, avec des gens attachants, qui partagent la même envie de partager leurs passions. C’est dire si le chemin menant jusqu’à ce soir a été agréable à parcourir, malgré l’inévitable trac qui monte à l’approche du jour J.

– Vous imaginiez-vous faire un jour une conférence TEDx Saclay ?

Absolument pas ! Jusque-là, j’étais plutôt une grosse consommatrice de conférences TED. D’ici à penser que j’en ferais une, de surcroît à Paris-Saclay… Cela m’a fait très plaisir qu’on me propose d’intervenir.

– Une vraie conférence TEDx au sens où vous avez témoigné de votre parcours de vie, en défendant des idées qui vous passionnent. Comme ressortons d’une telle expérience ?

Emotionnellement, c’est assez fort car, comme vous le dites, il s’agit de partager quelque chose qui nous passionne, de surcroît devant un cercle assez large : plus de 500 personnes, sans compter toutes celles qui assistent à la conférence en direct, depuis un autre endroit. Et toutes celles qui découvriront la vidéo ! C’est forcément intimidant. Je ne vous cacherai pas que je me sens maintenant un peu plus détendue.

– Revenons sur un sujet de votre intervention, à savoir l’ESTACA Paris-Saclay, dont vous avez rappelé que vous l’avez conçue, dans son mode de management, comme une entreprise dont les étudiants seraient partie prenante au même titre que les enseignants, les chercheurs et le personnel administratif, en faisant, dites-vous encore, le pari de l’intelligence collective…

Oui, dès que je me suis vu confier la direction de cette école, en 2010, j’ai eu envie que ses élèves la vivent comme leur première expérience d’entreprise, en leur apprenant aussi à travailler différemment, dans un esprit plus collectif, tout en les responsabilisant. Après tout, ils sont appelés à rester pas moins de cinq ans au sein de cette école. Cette approche, je l’avais proposée dans la perspective du contrat de projet défini avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle a été mise en œuvre à travers plusieurs initiatives dont certaines visaient une plus grande proximité avec les partenaires entreprises. Autant le reconnaître : cela n’a pas été facile. Aussi bien pour les étudiants que pour les personnels pédagogiques. Cela heurtait les premiers dans l’idée qu’ils se faisaient de leur relation à l’école. Quant aux seconds, ils considéraient qu’une école, ce n’est pas une entreprise ! Changer les mentalités demande du temps. On n’en a pas moins fait un bout de chemin ensemble. Et je reste convaincue du bien-fondé de cette vision, que je n’ai d’ailleurs cessée de promouvoir durant toutes mes années passées à l’ESTACA.

– Aviez-vous mis à profit le transfert de l’école dans de nouveaux locaux, à Montigny-le-Bretonneux, pour les réaménager en conséquence ?

Oui. Pour les besoins de son aménagement, nous avons travaillé avec des concepteurs de locaux d’entreprises innovantes. Nous en avons ainsi fini avec les salles de classes auxquelles on accède depuis de longs couloirs ! Place a été faite à des espaces décloisonnés, adaptables selon les besoins, où les étudiants peuvent se réunir, assis dans des fauteuils ou autour de tables hautes. Bref, un environnement qui les prépare à leur futur professionnel. De ce point de vue, je pense que nous avons plutôt bien réussi.

– Et TEDx Saclay, en quoi peut-il s’agir d’une école de cette intelligence collective ? Est-ce d’ailleurs ainsi que vous l’avez vécu ?

Oui. TEDx Saclay offre l’opportunité de rencontrer des personnes d’horizons très différents, tant au plan professionnel que disciplinaire, qu’on ne songerait pas forcément à côtoyer. Ce que j’apprécie aussi, c’est qu’on ne se contente pas de se dire : « Tiens, on pourrait faire quelque chose ensemble ! », on s’emploie à le faire ! C’est quelque chose à laquelle Assya tient d’ailleurs aussi beaucoup : nous n’étions pas là ce soir pour le simple plaisir de parler, mais bien aussi pour donner envie d’agir. Encore faut-il que les gens se connectent. A cet égard, je tiens à rendre hommage au travail de tous ces I-Connecteurs qui font connaître TEDx Saclay au sein de Paris-Saclay et au-delà.

– Dans quelle mesure ce pouvoir de connexion doit-il aussi à l’écosystème Paris-Saclay ?

Paris-Saclay est un écosystème formidable ! Il doit certainement beaucoup à des projets top down, comme ceux qui se traduisent actuellement par de nouveaux équipements – je pense à celui où nous sommes ce soir [EDF Lab Paris-Saclay] sans oublier, bien sûr, les nouveaux locaux de l’ESTACA Paris-Saclay. Mais il s’y passe aussi beaucoup de choses plus « bottom up » : Paris-Saclay fourmille d’initiatives, de réseaux et d’échanges plus informels, qui contribuent aussi largement à sa montée en puissance. C’est indéniablement le lieu où il faut être.

– Continuerez-vous à vous y rendre quelles que soient vos nouvelles fonctions [Pascale Ribon a récemment quitté la direction de l’ESTACA Paris-Saclay] ?

J’espère bien que oui !

Encore un merci à Hugo Noulin pour la photo illustrant l’article.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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