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Santé

Un ostéopathe chez les étudiants entrepreneurs.

Le 18 juillet 2016

Suite de nos échos à la première édition de Paris-Saclay Connexion à travers, cette fois, le témoignage d’Alexandre Evain (2e à gauche), rencontré sur le stand de Start in Saclay. Étudiant, il a par ailleurs participé à la dernière édition d’Innovation Summer Camp (photo). Témoignage.

– Si vous deviez commencer par présenter en quelques mots votre cursus…

Le mien est un peu particulier au sens où je suis en reprise d’études : après avoir exercé quelques années comme ostéopathe, j’ai décidé de repasser des concours de pharmacie pour m’orienter davantage vers le développement de projet et la gestion du risque. Je suis, donc, actuellement en 4e année de pharmacie à Châtenay-Malabry, en faisant en parallèle un Bachelor en management à l’INSEEC.

– Pourquoi avoir participé à l’Innovation Summer Camp ?

Pour découvrir une nouvelle méthode de management de l’innovation. Classiquement, dans les grandes entreprises, quand on réfléchit à une problématique susceptible de déboucher sur un nouveau produit ou service, on va passer plusieurs mois à travailler dessus. Le résultat de tout cet effort, c’est un prototype dont la viabilité n’est pas acquise.

L’intérêt d’une manifestation comme Innovation Summer Camp est de concentrer ses efforts sur quelques jours, de surcroît sur des problématiques précises, en réunissant des compétences très diverses : chaque équipe est composée à dessein de personnes issues d’horizons disciplinaires et professionnels aussi différents que possible. Au total, huit équipes étaient en compétition, chacune traitant d’une problématique touchant à la mobilité, le thème générique de cette édition. Le défi était d’aller au-delà de l’idée, en allant jusqu’à la conception d’un prototype.

La méthode utilisée par Innovation Summer Camp a déjà fait ses preuve : elle est directement issue de Google Design Sprint, mise au point en 2009. Elle permet de procéder en plusieurs étapes. Des moyens non négligeables sont par ailleurs mis à notre disposition : un accès à plusieurs FabLab, des doctorants et des enseignants pour nous éclairer sur des solutions techniques, des cadres d’entreprises partenaires que nous pouvions contacter à tout moment.

– Pour quel résultat au final ? Avez-vous été lauréat ?

Non. Pour autant l’histoire n’est pas finie. Avec les autres membres de mon équipe, nous avons éprouvé l’envie de poursuivre nos échanges autour d’autres projets. C’est l’autre aspect intéressant d’Innovation Summer Camp, qui ne s’arrête pas au bout du 5e jour, mais peut avoir des prolongements inattendus. D’ailleurs, un fond d’investissement, séduit par notre propre solution, nous a recontactés par la suite pour savoir si nous étions intéressés à l’idée de poursuivre notre réflexion.

– Vous avez insisté sur le caractère « interdisciplinaire » des équipes. Etait-ce aussi l’occasion de prendre conscience que l’innovation est une affaire collective, qu’on n’innove pas seul, mais en sachant s’associer à d’autres compétences que les siennes ?

Oui, d’ailleurs, ma propre équipe était composée de six personnes dont les disciplines n’avaient a priori rien à voir les unes par rapport aux autres. Loin d’être un obstacle, cette diversité a permis de déboucher sur des idées auxquelles sans doute personne n’aurait pu avoir seule. Et ce qu’il a encore de plus extraordinaire à constater, c’est que cette diversité, y compris au regard des cursus et des trajectoires personnelles, n’empêchait pas d’avoir la sensation d’avancer ensemble, en partageant la même vision, la même envie. Bref, une équipe très diverse dans sa composition, mais qui n’en regardait pas moins vers la même direction.

Il est vrai que nous avons pris le temps de nous connaître. Les cinq jours de la manifestation ne sont pas tous consacrés à un travail non stop. En réalité, on ne travaillait pas plus de six-sept heures par jour. La première journée a d’abord été destinée à permettre aux coéquipiers de se connaître. C’est important, ne serait-ce que pour s’assurer qu’on pouvait travailler ensemble, qu’il n’y aurait pas de risque de mésententes. Même si le projet est très bon, les divergences risquent toujours de l’emporter et d’empêcher d’aller plus loin. Autant, donc, prendre le temps de les anticiper. Ce que nous avons fait pour constater très vite que nous étions faits pour constituer une vraie équipe.

– En quoi l’Innovation Summer Camp reflète-t-il les conditions réelles de l’innovation ?

En ceci que nous sommes appelés, encore une fois, à travailler sur une problématique précise, définie par un grand groupe partenaire de l’événement, qui n’a pas trouvé de solution en interne. Il ne s’agit donc pas de faire une découverte, d’inventer quoi que ce soit, mais bien d’innover en prototypant une solution viable techniquement, mais aussi économiquement. J’ajoute que les équipes comprenaient en leur sein des professionnels, travaillant déjà dans de grandes sociétés.

– Soit. Mais l’innovation est un processus qui s’inscrit davantage dans la durée. On n’innove pas en cinq jours…

Non, en effet. D’ailleurs, et comme je l’ai indiqué à propos de mon équipe, le processus engagé dans le cadre d’Innovation Summer Camp ne s’arrête pas au bout du 5e jour, mais peut se prolonger bien au-delà. Dès lors qu’une idée a séduit un industriel ou un investisseur, elle peut être creusée voire déboucher sur la création d’une start-up. Ainsi renoue-t-on avec le temps long de l’innovation.

– Dans quelle mesure cette participation à l’Innovation Summer Camp et votre engagement au sein de Start in Saclay cultivent-ils chez vous l’envie de créer un jour votre propre start-up ?

(Hésitation). Tout dépendra de l’équipe dont je pourrais m’entourer, d’abord, de l’idée, ensuite. Entreprendre est désormais très tendance. Mais je garde en tête que seules environ 90% des start-up qui se lancent, se révèlent non viables et finissent par échouer. D’accord, donc, pour me lancer, mais pas à n’importe quel prix !

– En même temps, ne dit-on pas que l’échec est inhérent à l’aventure entrepreneuriale…

Certes, on apprend plus dans l’échec que dans la réussite. Mais pas besoin de créer une start-up pour s’en administrer la preuve. D’autant que l’échec qu’on rencontre comme entrepreneur peut rejaillir sur le reste de son existence, y compris familiale. Autant, donc, prendre le temps de murir son projet, en s’entourant des bonnes personnes.

– Un mot sur cette journée de Paris-Saclay Connexion. Que vous inspire-t-elle ?

Elle me conforte dans l’idée qu’il y a encore presque tout à faire. Mais c’est précisément en cela que Paris-Saclay est une aventure stimulante.

A lire aussi : les témoignages de Grace Mehrabe, étudiante et entrepreneure (mise en ligne à venir) et de Sébastien Manganneau, consultant et entrepreneur (cliquer ici) ; le compte rendu de la première édition de Paris-Saclay Connexion (cliquer ici) et l’entretien avec Alexandre Hamroun, chef de projet de l’édition 2016 de l’Innovation Summer Camp (cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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