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R&I : des espaces de travail réinventés

Le 6 mai 2024

Entretien avec Éric Dugré, directeur du Centre International de Recherche et Innovation Daniel Carasso, de Danone

Quoiqu’inauguré en février 2023, plusieurs mois ont encore été nécessaires au Centre International de Recherche et Innovation de Danone, construit dans le quartier de Moulon, pour devenir opérationnel. C’est qu’on ne déménage pas des équipements de recherche comme du mobilier ordinaire ! Précisions de son directeur, qui a participé au projet depuis son lancement en 2018 et qui revient également sur les initiatives destinées à connecter le nouveau site à l’écosystème.

- Comment va le Centre International de Recherche et Innovation Daniel Carasso, de Danone, depuis son inauguration en février 2023 ?

Éric Dugré : Le centre va bien. Tous nos laboratoires ont pu reprendre leurs activités de recherche, que ce soit en science analytique, en microbiologie ou en biologie moléculaire. Nous sommes en mesure d’accueillir des consommateurs pour les besoins de nos tests, dans l’espace dédié, à raison d’au moins une fois par semaine. Last but not least, notre Pilote, une mini-usine de fabrication et de prototypage pour la R&D, a reçu son agrément sanitaire des services de la Direction départementale de la protection des personnes, ainsi que sa certification FSSC 22000. Ce qui nous permet de produire pour les besoins de nos tests consommateurs, de nos études cliniques ou encore des dégustations externes.

- Je ne résiste pas à l’envie de souligner cette réalité probablement méconnue du grand public : la livraison d’un centre de recherche et d’innovation comme le vôtre n’a été qu’une étape avant son entrée en pleine activité compte tenu du temps nécessaire à la remise en marche des équipements et l’obtention de ces agréments…

É.D. : En effet, entre le moment où le bâtiment a été livré et celui où il est entré en pleine activité, nos laboratoires, nos plateformes pilotes et tous les autres espaces techniques sont progressivement montés en puissance. Il nous a fallu reconnecter chaque machine, la requalifier puis la certifier pour avoir de nouveau l’autorisation de l’exploiter. Autant de phases qui nous auront pris entre six à huit mois.

- Et ce, malgré le fait qu’en ce qui vous concerne, le déménagement s’est effectué sur une courte distance, depuis le quartier de l’École de Polytechnique…

É.D. : En effet, un peu plus de trois kilomètres nous séparent de l’ancien site… Mais on ne déménage pas des laboratoires ou des plateformes pilotes comme on déménage du mobilier prêt à l’usage !

- (Sourire). Quel a été votre rôle exact dans la réalisation du projet ?

É.D. : À titre personnel, j’en ai été le chef de projet dès 2018, sur la conception puis le suivi de construction du bâtiment. Une fois celui-ci livré, j’en ai pris ensuite la direction, à la suite de Vincent Barbier…

- Que nous avons eu l’occasion d’interviewer [Voir en bas pour accéder au lien]...…

É.D. : En effet. Je lui ai succédé le 1er avril 2023, ce qui fait pile un an [l’entretien est réalisé le 2 avril 2024]. Ce qui signifie que j’ai également assumé la phase dite de « garantie de parfait achèvement » (GPA) durant laquelle on règle avec la maîtrise d’œuvre les moindres détails et problèmes, inhérents à toute construction, a fortiori quand il s’agit d’un centre de R&D. Phase dont nous sommes sortis le 15 décembre dernier.

- Qu’est-ce qui va donc s’inventer ici au plan de l’alimentation ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples de produits que nous allons retrouver bientôt dans nos assiettes ou dans nos verres sinon en bouteille…

É.D. : Vous y retrouverez ce qu’en décideront les consommateurs ! Car, ici, nos recherches sont développées avec ces derniers. De là l’importance de notre espace consommateurs où nous les recevons pour élaborer avec eux les solutions produits, de façon à ce qu’elles correspondent à leurs besoins. Et quand je dis besoins, c’est en son sens global : en termes de goût, de saveur, de praticité, nutritionnels, etc. Nous sollicitons aussi leur avis sur les solutions packaging. Il ne suffit pas que les produits soient de qualité, encore faut-il qu’ils retiennent l’attention du consommateur, que celui-ci puisse trouver toutes les informations qu’il est en droit d’attendre.
Les produits vont des boissons – les eaux minérales – aux produits laitiers frais en passant par des produits à base de « laits végétaux ». L’objectif est d’en proposer dans chaque catégorie, qui soient supérieurs à la concurrence.
Pour cela, nous avons entrepris de rénover notre offre existante. Plusieurs de nos produits ont d’ores et déjà été mis sur le marché après avoir été rénovés ici. Entre autres exemples : une eau minérale fruitée, du lait fermenté à boire,… En parallèle à ce travail de rénovation, nous développons de nouveaux produits à plus long terme. Il est encore trop tôt pour dire en quoi ils consisteront. Je vous donne rendez-vous pour en parler d’ici quelques mois ou années.

- Volontiers. Travaillez-vous pour l’ensemble des marchés ?

É.D. : Une centaine de personnes sont mobilisées pour le développement des produits pour le marché européen ; le reste des activités a une vocation mondiale.

- Venons-en à l’écosystème de Paris-Saclay. Dans quelle mesure sert-il - avec ses établissements d’enseignement supérieur et de recherche, ses centres de R&D - vos ambitions ?

É.D. : C’est bien d’ambitions au pluriel qu’il faut parler, du moins en ce qui nous concerne. En décidant d’investir dans un nouveau centre de R&I, nous en avions au moins quatre. La première concerne les performances énergétiques et environnementales de notre nouveau site. Nous souhaitions qu’il incarne notre programme One Planet One Health par son exemplarité en termes d’énergie et de bilan carbone. L’objectif a été atteint. Malgré notre activité semi-industrielle liée à notre Pilote, le diagnostic nous place dans la catégorie B pour le volet énergétique, A pour le volet relatif aux émissions de GES…

- Une double performance qui tient à la conception du bâtiment, mais également à sa connexion au réseau de chaleur et de froid ?

É.D. : Effectivement. À quoi s’ajoute le système de récupération des eaux de pluie et la production d’électricité au moyen de panneaux photovoltaïques. L’ensemble du bâtiment a été conçu pour être le moins énergivore possible et bas-carbone dans sa construction même – il bénéficiera à ce titre d’une certification bas-carbone, d’ici quelques semaines. De fait, nous sommes parvenus à réduire drastiquement nos consommations énergétiques par rapport à l’ancien site, d’un facteur cinq.
Une deuxième ambition porte sur les conditions de travail. Nous souhaitions privilégier un mode collaboratif, avec un soin particulier aux espaces de travail. La 3e ambition en découle : elle concerne l’intégration de notre Pilote et de nos laboratoires dans le site même ; on peut d’ailleurs le voir derrière une baie vitrée depuis le premier étage.
Enfin, la 4e ambition répond à votre question puisqu’il s’agit de nous reconnecter à l’écosystème de Paris-Saclay. Ce qui pour nous est à la fois une chance et un challenge puisque cela suppose de nous ouvrir sur l’extérieur davantage que nous le faisions jusqu’alors, attachés que nous étions peut-être à garder le maximum de contrôle sur les recherches que nous menions, et moins inscrits que nous étions aussi dans des axes de recherche de long terme, qui par définition, nécessitent de s’appuyer sur d’autres expertises. Depuis octobre 2023, nous travaillons avec notre responsable communication externe, Marion Meslin, à cette reconnexion à l’écosystème. Nous avons d’ores et déjà engagé des projets avec Synchroton Soleil…

- Lequel n’est pas le premier partenaire auquel on pense pour un centre de R&D comme le vôtre…

É.D. : Ses lignes de lumière nous intéressent pour analyser la structure de nos produits et avancer dans la résolution de problèmes. Nous y avons déjà réalisé des manipulations.
Nous avons aussi renoué des liens fructueux avec AgroParisTech, qui est arrivée à peu près au même moment que nous sur le plateau, dans le quartier de l’École polytechnique pour ce qui la concerne ; l’Inrae, à travers notamment le programme Ferments du Futur ; l’ENS Paris-Saclay, située de l’autre côté de la rue – nous comptons lancer avec elle deux projets, l’un sur la qualité de l’eau, l’autre sur des applications en IA. Nous nous sommes également rapprochés de Horiba, autour d’un Proof of Concept Lab.
Les opportunités ne manquent pas. Seulement, ces projets mobilisent beaucoup d’énergie et de ressources. C’est pourquoi nous veillons à ne pas nous disperser, en nous concentrant sur des partenariats clés.
Au-delà de ces projets, nous participons à la vie de l’écosystème au quotidien, à travers l’association Polvi [qui réunit les entreprises présentent sur le plateau de Saclay] ou le réseau des directeurs de l’innovation mis en place par l’EPA Paris-Saclay. Nous faisons régulièrement des visites de notre centre, à des partenaires ou des étudiants. Nous accueillons des événements. Prochainement, nous accueillerons le Brainathon de TEDxSaclay. Bref, nous nous employons à instaurer des relations de bon voisinage.

- Précisons que les divers partenaires de poids que vous avez cités se trouvent dans un rayon de quelques centaines de mètres à quelques km. Dans quelle mesure cette proximité géographique est-elle bénéfique ? Favorise-t-elle la « sérendipité », cet art de trouver ce qu’on n’a pas cherché, qui a fait florès, y compris au sein de l’écosystème Paris-Saclay ?

É.D. : En effet, ici à Paris-Saclay, la sérendipité n’est pas un vain mot. Naturellement, la proximité physique facilite les choses. Quand il n’y a qu’à traverser la rue ou enjamber la N118, pour échanger avec un partenaire, on fixe facilement un rendez-vous en présentiel. On ne craint pas de devoir y passer la journée ou une demi journée pour cause de temps de transport. Bien plus, on se voit régulièrement, de manière informelle ou formelle, comme dans le cadre des réunions du réseau des directeurs de l’innovation, que j’évoquais. Ce genre de réunion aide à l’avancement de dossiers ou de projets, tout en permettant de nouer de nouveaux contacts, de voir de nouvelles têtes. Pour ma part, j’en ressors toujours enrichi d’une meilleure connaissance de l’écosystème, de ses ressources technologiques, humaines, et de nouvelles pistes de recherche et de réflexion, à même d’élargir notre spectre de thématiques de recherche à d’autres, y compris les plus éloignés en apparence. Je pense en particulier à la physique des lasers. Si ses applications sont limitées dans le champ de l’agro-alimentaire, en revanche, les méthodes agiles mises au point par ceux qui y recourent nous intéressent.

- Il reste que si, une fois sur place, les interactions sont facilitées par cette proximité géographique, encore faut-il se rendre sur le plateau de Saclay… Une remarque qui est une invite à vous prononcer sur la Ligne 18 du Grand Paris Express, qui doit arriver à deux pas d’ici, en 2026…

É.D. : Nous ne sommes qu’à 700 m de la future station, en cours de construction. Autant le dire : nous nous réjouissons de l’arrivée de la Ligne 18. L’attractivité de notre site dépend de son accessibilité notamment aux yeux des jeunes talents, qui sont moins enclins que leurs aînés à passer autant de temps dans les transports en commun. Et encore moins à endurer le rallongement des temps de trajet du fait des chantiers en cours, comme ceux qu’on enregistre en ce moment du côté du Centre aquatique ou du campus de Polytechnique, par exemple.
En attendant, nous bénéficions du système de navettes mis en place par nos voisins non sans encourager la mobilité douce. Des collègues ont déjà fait le choix de venir jusqu’au site en vélo. Pour en revenir à la Ligne 18, elle aura le grand avantage de nous reconnecter à Paris, à nos collègues du siège…

- Sans compter l’international auquel elle vous connectera via l’aéroport d’Orly…

É.D. : En effet !

- Puisque vous avez insisté sur l’importance de la proximité, dites-nous encore un mot sur celle avec les consommateurs qui fréquentent le quartier de Moulon – les étudiants aussi bien que les ménages qui y résident désormais… Ne seront-ce pas autant de candidats possibles à vos tests ?

É.D. : Si, bien sûr. Et cela correspond à un autre de nos critères de choix de nous installer ici. Nous ne souhaitions pas être seulement dans un campus étudiant, mais bien dans un quartier avec des habitants. Celui de Moulon compte plusieurs centaines de logements et autant de ménages, du commerce, des services, une antenne de la mairie, des médecins,… C’est une petite ville en soi et un changement total par rapport à notre ancien site qui fut isolé pendant des années, en dehors du campus de Polytechnique.
Nous comptons bien participer à l’animation de notre nouveau quartier à travers notamment notre Inno Kfé que nous espérons ouvrir d’ici la fin de l’année, pour interagir avec les habitants comme avec les salariés qui y travaillent. Aujourd’hui encore, nous constituons nos panels à partir de consommateurs recrutés en dehors du territoire par des agences spécialisées. À terme, pourquoi ne pas bénéficier de cette proximité pour tester des concepts ?

- Encore un mot sur les étudiants qui présentent l’intérêt de venir des quatre coins du monde, avec leurs propres cultures alimentaires… N’est-ce pas un autre atout pour vous ?

É.D. : Si, et nous sommes d’autant plus sensibles à cette diversité qu’au sein de nos propres équipes nous comptons pas moins d’une quarantaine de nationalités. C’est un atout indéniable dont, autant le reconnaître, nous ne profitons pas encore pleinement. Nous avons commencé à nous reconnecter avec le monde étudiant à travers les partenariats avec AgroParisTech, l’ENS Paris-Saclay, que j’évoquais, mais cette reconnexion est un travail de longue haleine. Force est de constater que les étudiants semblent particulièrement sérieux ici. En dehors des heures de repas, on ne perçoit pas encore d’effervescence dans les espaces publics. Eux-mêmes ne se sont probablement pas encore appropriés le quartier.

- Quid des agriculteurs dont les exploitations sont toute proches ? Dans quelle mesure comptez-vous tirer partie de cette proximité ? Je pose ces questions sans ignorer que la R&D ne se fait pas dans une logique de circuit-court…

É.D. : En effet. Ce n’en est pas moins un autre atout de cet écosystème, a fortiori dans la perspective du développement d’une filière agro-agri. Pour l’heure, ces agriculteurs sont encore plus des voisins que des partenaires à proprement parler. Nous n’en poursuivons pas moins des réflexions avec eux et d’autres acteurs du territoire dans le cadre de l’association Terre et Cité. J’y représente notre centre de recherche et d’innovation avec mon collègue Damien Jourdan. Nous prenons part aux réflexions en lien avec nos objectifs stratégiques d’agriculture régénérative, de préservation de la ressource en eau ou encore d’agriculture de proximité, le tout dans une vision aussi éco-systémique que possible, intégrant tous les enjeux d’une production locale. Entre autres exemples, nous avons encouragé des projets qui visent à améliorer les conditions de logement pour les agriculteurs. Car c’est aussi par leur présence et, à travers eux, une agriculture innovante qu’on assurera l’attractivité du territoire.

- Reconnexion, donc, dont on imagine qu’elle pourra aussi se faire par le truchement de start-up…

É.D. : Effectivement. Nous avons d’ailleurs l’intention d’en accueillir dans les domaines de l’agri-agro, du digital, etc., ici-même, sur notre site – nous envisageons d’ouvrir un incubateur. Nous avons déjà travaillé avec une start-up durant dix-huit mois qui a depuis pris son envol. Pour l’heure, nous avons consacré notre énergie à rendre le bâtiment opérationnel, à le connecter à l’écosystème. Pour ce qui est de l’accueil d’autres entreprises, nous privilégions encore pour le moment nos fournisseurs stratégiques. Cela étant dit, à défaut de commencer un prospect, nous ne demanderons qu’à examiner les demandes spontanées de start-up…

- Gageons que le message sera entendu… Concluons cet entretien par une question plus personnelle : qu’est-ce qui vous a prédisposé à prendre part à cette aventure de ce nouveau centre de R&I ?

É.D. : Je doute être le mieux placé pour répondre à cette question. Il faudrait la poser à ceux qui m’ont choisi pour accompagner le projet, de sa conception jusqu’à sa reconnexion avec l’écosystème. Toujours est-il que lorsque l’aventure a démarré, en 2018, j’étais un directeur R&D. Avec mon équipe, je développais des solutions produits sur les ferments, les fruits, etc.
Ce n’est que chemin faisant, une fois aux commandes de l’équipe projet IN’CUBE – une équipe formidable ! – que j’ai compris pourquoi le choix de ma direction s’était porté sur moi : je connais bien la maison pour y travailler depuis vingt-six ans en ayant fait l’expérience de plusieurs branches – les biscuits, les produits laitiers,.. – de plusieurs métiers liés à la R&D, mais aussi industriels, achats,… J’étais donc en mesure de connaître les besoins en recherche et innovation tout en maîtrisant aussi la variable financière et gestion du projet. Je crois aussi avoir démontré mon aptitude à résoudre des problèmes. Ce qui n’est pas anodin quand on se lance dans la construction d’un tel bâtiment ! J’avais donc le profil pour piloter, en duo avec la Direction Immobilière, un tel projet, de surcroît dans la durée – cinq ans – et le faire aboutir. De fait, j’aime bien aller au bout de mes efforts pour parvenir à quelque chose de tangible. Explorer un sujet de recherche pour le seul plaisir de l’exploration ne m’intéresse pas.
Enfin, suite au départ de Vincent Barbier, je suis devenu directeur du site. Cette fois, je comprends ce qui a motivé le choix de la direction de me proposer le poste : ayant piloté le projet de sa conception à sa construction, je suis l’un de ceux qui le connaît le mieux !

- Nous faisons l’entretien confortablement installés dans l’atrium du centre de recherche et innovation. Qu’est-ce que cela vous fait-il d’évoluer dans un bâtiment qui n’était encore qu’une idée six ans plus tôt ?

É.D. : (Sourire). C’est vrai. Il y a sept ans, ce n’était encore qu’une idée, mais une idée assez précise et ce, dès le début. Les principes de base – en faire une incarnation de notre mission One Planet One Health – étaient posés dès les premières semaines. Les premiers plans ont été dessinés en à peine deux/trois semaines. Depuis, nous n’y sommes plus revenus. Ensuite, tout l’intérêt du pilotage en interne a permis de veiller à ce que les architectes traduisent nos idées aussi fidèlement que possible. Nous avons nous-mêmes imaginé les aménagements intérieurs, les espaces de travail, le positionnement de la moindre machine. Bref, nous avons été notre propre space planner. Naturellement, l’architecte Arte Charpentier et la direction de travaux ont eu leur rôle dans la gestion des grands volumes, la gestion technique. En revanche, chaque élément du mobilier, la moindre chaise, le moindre bureau ou canapé, la moindre machine, la moindre paillasse ont fait l’objet d’un travail collaboratif en interne – au total, trois cents salariés ont été associés au projet. Aujourd’hui, pourquoi ne pas le dire : l’équipe projet IN’CUBE et moi ne pouvons qu’être fiers et heureux du résultat, de ce que les collègues soient satisfaits de leur nouveaux cadre de travail, de sa luminosité, de son confort, et d’être au cœur d’un écosystème ambitieux.

- Aviez-vous conscience en acceptant de piloter ce projet de relever le défi de réinventer par la même occasion les modes et espaces de travail ?

É.D. : Oui, et d’ailleurs pour moi, c’était tout l’intérêt du défi. S’il ne s’était agi que de reconstruire un lieu et de déménager le personnel, je n’en aurais pas vu l’intérêt. Si ce projet a été excitant de bout en bout, c’est qu’il était aussi et peut-être d’abord un vecteur de transformation. D’ailleurs, nous avons été accompagnés durant tout le projet par quelqu’un de formidable, Mathieu Favard, manager de la transformation, qui nous a incités à nous poser la bonne question : et si nous faisions de ce projet un moyen de travailler différemment en apprenant à nous adapter ? Un principe que nous avons appliqué à la lettre et bien nous en a pris. Rappelons que le projet a été lancé en 2018, soit près de deux ans avant la crise sanitaire liée au Covid-19. Nous travaillions alors en présentiel. Depuis, les conférences Webex ou Teams se sont imposées sur fond d’essor du télétravail. Il nous a donc fallu nous réinventer encore. Ce à quoi nous inclinait la dynamique même du projet de transformation de notre centre de R&D. Malgré des principes forts posés dès le départ, et auxquels nous nous sommes tenus, il y avait aussi le principe de… ne pas avoir de principes. Encore moins celui de refaire ce que d’autres avaient fait avant nous.

- Vous aviez donc fait du benchmarking ?

É.D. : Oui, bien sûr, en commençant par un autre centre R&I de Danone, à Utrecht, aux Pays-Bas. Nous avons également visité des centres R&I d’autres entreprises qui nous ont inspiré sur de nombreux points, mais nous avions besoin d’un site qui colle à nos ambitions, notamment en ce qui concerne les modes de travail collaboratif. Nous nous sommes documentés, plongés dans des livres sur les espaces de travail, avons étudié l’Activity Based Working (ABW) – un concept en vogue et intéressant [il consiste à proposer aux salariés des espaces de travail adaptés à chaque a activité], mais qu’il nous fallait encore nous approprier. Chaque idée de transformation, nous l’avons activée en l’expérimentant. Concrètement, nous avons testé des aménagements de bureaux sur notre ancien site. De même pour le système de réservation des salles de réunion, les écrans digitaux et tactiles, etc. Plusieurs idées ont été ensuite implémentées, d’autres abandonnées. Expérimenter, tester, implémenter ou pas, tel était notre credo

- Finalement, vous n’avez pas procédé autrement qu’avec le développement d’un nouveau produit ?

É.D. : Exactement, vous avez tout compris ! En matière de recherche et d’innovation, quand on ne sait pas, on pose une hypothèse, on l’expérimente une fois, deux fois, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive, par itération, à un résultat satisfaisant.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

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