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Data 4 Services, un campus à l’image de Paris-Saclay.

Le 29 septembre 2015

Suite de notre découverte du campus de Data 4 Services, à l’image de Paris-Saclay, avec ses data centers, ses laboratoires, ses équipements mutualisés, mais aussi sa biodiversité, ses ruches,… à travers l’entretien à trois voix de Rachida Barkouk (property manager), Jacques Durand (directeur technique) et Pierre Bernard (directeur d’exploitation).

Pour accéder à la première partie, cliquer ici.

– Et quid du cluster Paris-Saclay ? Dans quelle mesure comptez-vous participer à sa dynamique ?

Jacques Durand : Non seulement nous en faisons partie, ne serait-ce que d’un strict point de vue administratif (nous sommes présents dans le périmètre de l’OIN), mais encore nous y contribuons en renforçant les capacités d’hébergement et de transmission des bases de données numériques. Nous avons actuellement un projet de renforcement significatif des réseaux de télécommunication, qui devrait déboucher vers la fin de l’année, avec une branche, qui partira à l’est, vers le Val-de-Marne, et une autre, en direction du Plateau de Saclay, avec l’idée de se connecter à RENATER [le Réseau National de télécommunications pour la Technologie, l’Enseignement et la Recherche, déployé au début des années 90 pour assurer une connectivité nationale et internationale aux établissements d’enseignement et de recherche en France métropolitaine et dans les collectivités et territoires d’Outre-mer].

– Est-ce à dire que les laboratoires et centres de recherche installés sur le Plateau de Saclay pourront être autant de clients pour vous ?

Pierre Bernard : Oui, bien sûr, avec l’avantage pour eux de mutualiser les activités de maintenance. Rappelons encore une fois la nécessité d’une continuité de service, laquelle exige une présence 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Ce qui représente un coût, sauf à le mutualiser justement. Une entreprise comme la nôtre a la taille critique suffisante pour disposer d’un personnel en permanence sur site. Les accidents qui se produisent sur un Data Center n’exigent pas en principe d’intervention lourde, mais d’être traités sans trop tarder.

Rachida Barkouk : Il est clair que nous ne pouvons pas nier l’écosystème dans lequel nous sommes, a fortiori s’il est porté par une dynamique ambitieuse. Autant en être aussi un acteur et y participer dans une logique gagnant-gagnant. Au-delà du fait de considérer nos interlocuteurs comme des clients potentiels, nous cherchons à voir dans quelle mesure on peut en être un partenaire. C’est le sens des discussions que nous avons engagées avec RENATER et des responsables de grandes écoles du Plateau de Saclay. Nous pouvons mettre à leur disposition un réseau de télécommunication performant.

Par ailleurs, je participe à des groupes de travail sur l’efficacité énergétique ou à des manifestations consacrées à cette problématique. Récemment, nous avons pris part à la première édition de Drim’ in Saclay en participant au défi n°8 sponsorisé par GrDF ; il portait sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des Data Centers. Une autre manière pour nous de manifester notre implication dans la dynamique de l’écosystème de Paris-Saclay.

Je rappelle également que le site abrite dans sa partie campus les laboratoires et les bureaux de Thales, d’Alcatel et du CNRS. Des activités de recherche qui utilisent des équipements très sophistiqués, dont des salles blanches. Elles concourent à instaurer une ambiance de R&D sur le site, qui ne peut que nous inciter à nous intégrer pleinement dans l’écosystème de Paris-Saclay.

– En quoi avez-vous le sentiment qu’il s’agit d’un écosystème ?

Jacques Durand : En tant qu’ancien d’Alcatel, responsable d’établissement du site de Massy, j’ai assisté aux premières discussions autour du projet de Paris-Saclay (avant finalement de rejoindre entre-temps le site de Vélizy). Je peux témoigner du chemin parcouru. Paris-Saclay commence à exister, on ne fait plus qu’en parler ! Des chantiers ont démarré, des grues apparaissent dans le paysage. C’est important pour donner confiance aux investisseurs. Pour notre part, nous sommes rassurés. Paris-Saclay est bel et bien parti.

– Et l’accessibilité de votre site, en quoi est-elle problématique ? Je suis venu jusqu’à vous sans encombres par les transports en commun, en RER puis en prenant le bus à Massy-Palaiseau, soit une petite heure de trajet depuis Paris intra-muros. Mais qu’en est-il pour vos salariés ? Vos clients ?

Jacques Durand : Il est en effet facile de se rendre ici, depuis Paris. C’est un peu moins vrai, en transversal. Le plus simple reste alors la voiture, même s’il existe des dessertes en bus. Mais, à court terme, le bus en site propre en cours d’aménagement va nettement améliorer les choses non pas forcément en accroissant l’offre, mais, au moins, en rendant la durée des trajets plus fiable. Nous pourrons nous rendre sans encombre au pôle de Massy et, de là, regagner Paris, ou prendre un TGV pour la province. Sans compter l’aéroport d’Orly, tout proche. A plus long terme, le Plateau de Saclay bénéficiera d’une desserte en métro automatique.

Pierre Bernard : A quoi s’ajoutent des initiatives locales comme, par exemple, la mise en place de navettes dans le cadre de plan de déplacements inter-entreprises (PDIE), qui contribuent à fluidifier les échanges. Nul doute que se genre d’initiatives vont se multiplier. Je citerai en guise d’exemple le parc d’activités de Fontaine de Jouvence, situé pas très loin d’ici et dans lequel nous avons aussi des locaux. Les entreprises qui s’y trouvent se sont engagées dans une démarche de mutualisation des moyens de transport. Bref, il y a une réelle émulation pour traiter de cette question. Il aura juste suffi de mettre une pièce dans le Jukebox, si vous m’autorisez cette métaphore, pour commencer à voir les gens se mettre à danser sinon en musique.

Rachida Barkouk : Le transport est effectivement un sujet d’actualité. Il est au cœur des discussions dans la perspective de la fusion des deux communautés d’agglomération, CAPS et Europ’Essonne. Discussions auxquelles nous participons en prenant part aux réunions, au delà du PDIE conçu avec la Chambre de commerce et industrie. Une navette dessert déjà la station de Massy-Palaiseau toutes les quinze-vingt minutes. Les salariés d’Alcatel en dispose d’une pour se rendre sur le site de Villarceaux, situé à quelques petits kilomètres d’ici. Quant à nos salariés, ils sont, à la différence de ceux de Thales, du CNRS ou d’Alcatel astreints à des horaires atypiques et doivent donc plus souvent se déplacer en voiture.

– Les Data Centers sont connus pour être énergivores. Où en êtes-vous dans vos efforts pour rendre les vôtres aussi vertueux que possible ?

Rachida Barkouk : Cela fait bien sûr partie de nos préoccupations. C’est d’ailleurs aussi pourquoi nous avons participé au défi de Drim’in Saclay. Nous travaillons par ailleurs avec l’Ademe en réponse au questionnaire qu’elle a adressé aux Data Centers pour voir comment ils pouvaient œuvrer à la récupération de la chaleur fatale.

Pour notre part, nous avons proposé d’impliquer les acteurs locaux, à commencer par les agriculteurs. Comme vous pouvez le constater, le site jouxte des surfaces agricoles. Elles sont exploitées par des agriculteurs qui se sont convertis au bio. La chaleur que produisent nos Data Centers pourrait servir à chauffer leurs serres.

Jacques Durand : Il y a juste à œuvrer pour que cela entre dans le champ des possibles. A priori, tout sépare notre univers de celui des agriculteurs ! L’aménagement d’un réseau de chaleur nous oblige à apprendre à travailler ensemble. Nous nous employons aussi à revoir la conception même de nos Data Centers pour en optimiser le rendement énergétique tout en travaillant à une nouvelle génération. Etant entendu que la priorité est la fiabilité de nos équipements pour assurer une continuité de service.

– Quelles sont vos perspectives de développement ?

Jacques Durand : Jusqu’à présent, les clients de Data Centers avaient tendance à s’installer au plus près de leurs utilisateurs pour limiter les coûts de transfert des données. Grâce à l’augmentation de la puissance du réseau de télécommunications, l’éloignement est de moins en moins un obstacle. Nous sommes désormais en mesure d’offrir des services d’hébergement à des entreprises éloignées. Par ailleurs, la demande tend à évoluer avec l’arrivée du cloud et d’autres nouvelles technologies. Déjà, la typologie de nos clients est en train d’évoluer. J’ajoute que de nouvelles problématiques s’imposent comme, par exemple, la smart city, qui suppose des moyens de calcul qu’il est intéressant de mutualiser au sein d’entreprises comme la nôtre.

– Un mot sur l’environnement particulièrement verdoyant de votre site ?

Jacques Durand : Ce n’est pas le moindre de ses atouts. En plus de ses pelouses et de son étang, il compte une importance surface boisée de 80 ha, où les salariés peuvent se promener ou faire leur jogging.

Pierre Bernard : L’aménagement paysagé a demandé un important effort : nous avons effectué plusieurs plantations – plus de 250 arbres – et revitalisé les espaces verts. L’entretien est assuré par une équipe de trois jardiniers mobilisés à temps plein. Nous sollicitons aussi un forestier, qui dispose d’une maison forestière. J’ajoute que le site compte aussi des ruches (huit !), entretenues par un apiculteur de Marcoussis. C’est pourquoi nous avons banni l’usage des pesticides et maintenu des zones en friche. Récemment, nous avons racheté une parcelle en zone humide, pour sécuriser une ligne de haute tension, mais que nous préserverons comme telle.

Rachida Barkouk : J’ajoute qu’en dehors de la partie dédiée aux Data Centers, le site est conçu dans l’esprit d’un campus, dans une logique de mutualisation. Nos salariés comme ceux d’Alcatel, de Thales et du CNRS peuvent se restaurer dans une cantine commune, située près de l’entrée. Le site dispose également de quoi faire du sport, dont un terrain de foot, que vous pouvez d’ailleurs percevoir d’ici, et des douches. Bref, en plus d’être un acteur de Paris-Saclay, notre site est à son image : il concentre des personnels hautement qualifiés, tout en proposant un environnement de travail attrayant.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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