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Chirurgien orthopédiste dans une DRIM team.

Le 14 mai 2019

Suite de nos échos à l’édition 2019 de DRIM’in Saclay, qui s’est déroulée les 16 et 17 avril, à CentraleSupélec, à travers le témoignage de ce chirurgienne orthopédiste et traumatologue (à l’arrière plan sur la photo), qui a fait partie de l’équipe ayant planché sur le défi proposé par EDF : « Trouver des solutions de mobilité électrique pour les personnes en situation de handicap ».

– Si vous deviez pour commencer par présenter votre domaine d’activité professionnelle…

Je suis chirurgien orthopédiste et traumatologue, et travaille à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Je me suis spécialisée en neuro-orthopédie, la spécialité qui traite des conséquences orthopédiques de problèmes neurologiques comme, par exemple, l’hémiplégie d’un bras ou d’une jambe, consécutive à un accident vasculaire cérébral. L’objectif est de permettre au patient de trouver des moyens pour diminuer ses gènes, que cela soit dans un but fonctionnel, hygiénique ou antalgique (comme, par exemple, se passer du recours à des orthèses).

– On devine le motif de votre participation au DRIM’in Saclay, sur le défi « Trouver des solutions de mobilité électrique pour les personnes en situation de handicap »,  proposé par EDF. Comment s’est faite néanmoins la rencontre avec cet événement ?

Cela tient au caractère un peu particulier du parcours qui a été le mien. Pour être devenue chirurgien orthopédiste, je n’en ai pas moins toujours eu envie de travailler avec des collègues médecins qui n’avaient pas la même spécialité que moi. Tant et si bien que, petit à petit, j’en suis venue à travailler avec des personnes qui n’exerçaient pas le même métier que moi, au sein du secteur médical ou paramédical, comme ce collègue ingénieur, podologue de formation, qui a poursuivi une thèse. Ensemble, nous avons réalisé des modélisations de pieds chez certains patients avec des plaies chroniques pour simuler les situations de charges et expliquer l’apparition des plaies. Une aventure très intéressante, qui m’a donné envie d’explorer encore d’autres domaines.

– Par exemple ?

Il y a à peu près un an et demi de cela, j’ai commencé à réfléchir à une solution pour les personnes en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), qu’on peut difficilement acheminer jusqu’à un hôpital quand elles sont confrontées à un problème orthopédique. Le but de ce projet était justement de leur épargner cet acheminement et de faire en sorte que ce soit le chirurgien orthopédique qui aille à leur rencontre. Concrètement, j’avais en tête l’idée de proposer de la chirurgie ambulante, au travers d’une unité mobile. Naturellement, me lancer seule dans un tel projet n’était tout simplement pas possible. Le fonctionnement d’une unité mobile requérait une importante logistique. J’avais besoin de m’entourer d’ingénieurs. Il y a un an, j’ai donc pris l’initiative de contacter l’école CentraleSupélec en proposant de monter un projet en mode collaboratif avec l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP).

– Avec l’ambition de vous inscrire vous-même dans une démarche entrepreneuriale, voire de créer une entreprise ?

Pourquoi pas. Pour l’heure, je relève de l’AP-HP, une institution à laquelle je suis encore attachée. C’est grâce à elle si des patients victimes de problèmes neuro-orthopédiques ont encore la possibilité d’être soignées. Mon souhait est donc de pouvoir continuer à les traiter dans ce cadre. Maintenant, si demain, pour cause de restrictions budgétaires, il n’y avait plus autant de moyens pour le faire dans de bonnes conditions, je pourrais envisager de développer mon projet autrement avec d’autres partenaires, voire en créant ma propre société.

– En attendant, on devine que c’est en intégrant CentraleSupélec que vous avez découvert DRIM’in Saclay…

Oui, c’est exactement cela. J’ai intégré cette école en novembre 2018, en étant rattachée au Laboratoire Génie Industriel, dont le directeur, Bernard Yannou, intervient activement à DRIM’in Saclay.

– Qu’est-ce qui vous a motivée à y participer à votre tour ?

Ce plaisir, que j’évoquais, de travailler avec des personnes d’horizons professionnels et disciplinaires différents du mien. Et puis, je trouvais intéressant de le faire dans l’idée de relever un défi.

– Celui proposé par EDF, relativement au handicap, donc…

En réalité, celui-ci ne s’est pas d’emblée imposé à moi. Aussi curieux que cela puisse être, j’ai même hésité à le choisir !

– Pourtant, il correspond bien à votre champ de compétence professionnelle ?

Oui, mais la perspective de réfléchir à une trottinette pour des personnes qui se déplacent en fauteuil roulant – car c’est bien la piste qui devait être creusée par notre équipe – je n’en voyais pas l’intérêt a priori. C’est en en discutant avec Alain Schmid, le représentant d’EDF [en photo, ci-dessous], que j’ai fini par comprendre qu’il s’agissait en réalité de concevoir un fauteuil roulant électrifié et non pas électrique, lequel serait trop cher et lourd à transporter. A partir de là, le défi m’a paru plus qu’intéressant à relever.

Icono DRIM 2019 EDF handicap 04– Nous réalisons l’entretien à CentraleSupélec, en tout début d’après-midi de la seconde journée, donc, aux trois quarts de la durée du challenge. Quel bilan d’étape tirez-vous de ce travail collaboratif ?

Un bilan très positif à une réserve près. L’équipe compte une majorité d’ingénieurs et d’élèves ingénieurs, qui, par définition, sont enclins à privilégier la conceptualisation de leur solution, sans toujours s’assurer qu’elle corresponde aux besoins de l’usager ni se préoccuper de la manière dont celui-ci va pouvoir l’utiliser dans son environnement. D’où l’importance de pouvoir s’appuyer sur d’autres points de vue, pour bien appréhender ses besoins, aussi terre à terre qu’ils puissent être. Heureusement, nous avons la chance de compter Alain Schmid dans notre équipe : c’est certes un ingénieur-chercheur [chef de projet Coordination Handicap au sein d’EDF, que nous avons eu l’occasion d’interviewer – pour accéder à l’entretien, cliquer ici], mais qui se trouve aussi faire l’expérience du handicap moteur (il se déplace en fauteuil roulant). Il nous fait ainsi profiter du point de vue de l’usager potentiel. L’équipe compte d’autres profils offrant des points de vue différents : outre moi-même, je pense à cette personne, qui travaille avec des ingénieurs mais ne l’est pas lui-même : son métier est justement de favoriser la collaboration entre des gens de différentes professions ; c’est en cela un véritable « facilitateur » d’innovation. Cette diversité est essentielle, car c’est de cette confrontation des points de vue de personnes venant d’horizons différents, que peuvent naître véritablement de bonnes idées et qu’on peut déboucher sur des projets réalistes, à même d’être concrétisés. Cela étant dit, à l’heure où je vous parle, l’équipe a manifestement su trouver sa cohésion et plus nous avançons, plus nous partageons une vision commune. Bref, au milieu des ingénieurs, j’ai fini par trouver ma place (rire) !

– En sens inverse, quelles qualités leur reconnaissez-vous, qui ont été utiles à l’avancement du projet ?

Les ingénieurs sont des inventeurs dans l’âme ! Aux problèmes auxquels on est confronté et qu’on leur soumet, ils savent trouver une solution, en pointant le petit truc, qui résoudra la quadrature du cercle. Il faut les voir avec l’ampoule qui s’éclaire subitement au-dessus de la tête !

– En intégrant CentraleSupélec aviez-vous conscience de vous inscrire dans la dynamique de Paris-Saclay ?

Oui, car j’ai fait mes études à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, du temps où il était déjà question qu’elle intègre le campus Paris-Saclay. Et puis j’habite dans la région parisienne. j’avais donc entendu parler très tôt des établissements d’enseignement supérieur ou de recherche, qui devaient y participer. Cela dit, je n’avais pas mesurer à quel point les liens, y compris avec les industriels, les grands comptes ou encore les start-up et PME étaient devenus réalité et pouvaient se nouer au travers d’événements comme DRIM’in Saclay. Si j’ai donc un souhait, c’est de contribuer à en créer d’autres, à travers la réponse au défi EDF ou d’autres projets !

– Votre parcours me fait penser à celui d’un startupper engagé dans l’Internet des Objets et qui se trouvait venir d’un tout autre milieu que celui des ingénieurs, puisqu’il était… sage-femme ! [pour accéder à l’entretien qu’il nous avait accordé, cliquer ici].

Ne serait-ce pas Julien Sorin ?

– ?! Si…

Il se trouve qu’il a été le maïeuticien de mon premier enfant ! (Je dis maïeuticien, mais lui préférait que je dise « sage-femme). Le monde est décidément petit. Il est vrai aussi que les personnes du monde hospitalier qui se lancent dans l’aventure de l’innovation technologique, à défaut de l’entrepreneuriat innovant, forment un petit monde !

A lire aussi l’entretien avec Bernard Monnier, coorganisateur de DRIM’in Saclay (pour y accéder, cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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