Suite de notre découverte de Koondal, une start-up candidate de la 6e édition de Paris-Saclay Invest avec, cette fois, le témoignage de Maxime Batandéo, en charge du marketing.
Pour accéder à l’entretien avec Tarek El Kalai, CTO de Koondal, cliquer ici.
– Si vous deviez pitcher en quelques mots le concept de Koondal…
Koondal, c’est de l’intelligence artificielle encapsulée dans un objet connecté pour adresser les problématiques de troubles musculo-squelettiques, en particulier celles affectant le dos. L’objet connecté, qui se porte à la ceinture, permet de suivre les données posturales. L’intérêt est double. D’une part, pouvoir prévenir, dès qu’on éprouve une douleur, le risque de pathologie – lombalgie, scoliose, lordose, etc. – et diriger en conséquence la personne vers le professionnel de santé le plus pertinent.
D’autre part, une fois qu’on a été traité, notre solution, qui intègre également une plateforme de services web/mobile, permet de s’assurer que les préconisations de traitement ont bien été suivies, que les exercices qui ont été recommandés, ont bien été faits. En cas de rechute, le médecin traitant pourra ainsi savoir si elle est due à une mauvaise application du traitement par le patient, ou au traitement lui-même. Notre solution permet ainsi d’apporter une réponse en temps réel.
– Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à cette problématique ? Vous êtes manifestement trop jeune pour souffrir déjà de ce mal chronique sauf, éventuellement, à l’approche d’un jour comme celui-ci où vous devez pitcher devant des investisseurs…
(sourire). Effectivement, je n’ai pas encore à souffrir de mal de dos. Mais ce problème ne me touche pas moins personnellement.
– Comment en êtes-vous venu à vous y intéresser ?
C’est Tarik El Kalai, le cofondateur de Koondal, qui m’y a sensibilisé. Au cours de l’année qu’il a passée à New York, il a pu étudier de près les nouvelles techniques et pratiques du corps humain, en faisant ce constat : si, petits, on nous apprend à lire, écrire et compter, en revanche, on ne nous apprend pas à nous mouvoir ou à nous tenir assis. De là l’idée de développer un apprentissage du corps en faisant l’hypothèse que, de même que celui de l’écriture, de la lecture ou du calcul, il pouvait permettre à tout un chacun de se développer le plus mieux possible. Un tel apprentissage devient d’autant plus indispensable que nos modes de vie induisent de nouveaux comportements, de plus en plus sédentaires, sans que notre corps ait été programmé pour l’être autant. D’où d’ailleurs, les maux de dos de plus en plus nombreux qu’on constate dans nos sociétés dites modernes. Ce que j’ai pu éprouver moi-même, en tant qu’administrateur de l’Institut Open Diplomacy, un organisme qui a vocation à envoyer des jeunes lors des grandes réunions du G20 pour y représenter la France. Une initiative menée en partenariat avec le Ministère des Affaires étrangères…
– Mais quel rapport avec notre sujet ?
Justement, j’allais y venir. Ce genre de RDV donne lieu à des séances de négociation, qui peuvent durer excessivement longtemps et au cours desquelles il peut donc être fréquent de finir par éprouver des douleurs lombaires, qu’on subira mais sans les traiter. Or ces douleurs ont tendance à perdurer du fait, donc, de nos modes de vie, avec le risque de provoquer des séquelles qui peuvent être irréversibles. D’où l’intérêt de les prévenir par l’apprentissage de techniques, toutes simples. Par exemple, si vous avez passé plus de deux heures assis, il suffit de vous étirer en vous tenant sur la pointe des pieds : le risque d’avoir une douleur lombaire diminue de manière drastique. Notre ceinture permet de le mesurer précisément : de l’ordre de 30%.
– Comment vous-êtes-vous laisser convaincre de participer à l’aventure de Koondal ?
Tarik et moi, nous nous connaissons depuis nos années de classes préparatoires. Puis il a été à Polytechnique, moi à Supélec, de sorte que nous avons pu continuer à nous fréquenter [ces deux écoles sont sur le Plateau de Saclay]. J’ajoute que nous avons une longue expérience de la co-location.
– D’où vous vient cette fibre entrepreneuriale ?
J’ai toujours eu envie d’être entrepreneur. Avant même d’entrer en classes préparatoires, j’avais déjà plein d’idées d’entreprises comme, par exemple, de la production musicale financée par de la publicité – j’entrevoyais déjà le fait que les gens ne seraient plus enclins à payer pour un bien immatériel, qu’ils pourraient avoir gratuitement, du fait de la possibilité de le dupliquer à l’infini avec un coût marginal nul. Dans ces conditions, je voyais bien que pour l’entrepreneur, le défi était de couvrir les coûts de production de la première unité – de la création artistique en l’occurrence -, par d’autres canaux. Je ne suis pas allé plus loin. Mais, après mes études, j’ai participé au lancement du projet AutoLib. Nous étions déjà dans une démarche entrepreneuriale : nous disposions d’à peine quelques mois pour lancer le service. J’ai cependant aussi l’expérience de la grande entreprise : j’ai travaillé pendant trois ans chez Saint Gobain comme chef puis directeur de projet Digital Solutions. Si, donc, j’ai rejoint Koondal, c’est aussi dans l’idée de lui faire profiter de tout ce que j’ai pu apprendre au cours de ces années.
– Une nouvelle aventure entrepreneuriale, donc, qui vous permet, en sens inverse, de découvrir un autre champ de connaissance dont vous n’étiez pas spécialiste…
Non, en effet. Mais outre l’intérêt de Tarik pour ce domaine, l’équipe compte aussi un médecin, spécialiste en médecine physique et réadaptation fonctionnelle, Philippe Dupont, par ailleurs chef de service au Centre Hospitalier Sud Francilien. Et puis, pour moi, l’entrepreneuriat, c’est d’abord un état d’esprit : de la motivation et de la curiosité. Bien sûr, cela requiert des compétences, en marketing, dans le commerce ou le développement technologique, mais ce qui importe aussi, c’est d’avoir une intuition et de savoir la porter, en apprenant de ses erreurs. Tout le monde peut avoir des idées, mais ce qui va faire la différence, entre un inventeur et un innovateur, c’est d’être capable de transformer son idée en un produit ou service, qui rencontrera son marché, autrement dit, qui répondra aux besoins d’un maximum de personnes, en tout cas suffisamment pour rendre son entreprise viable économiquement.
– Vous êtes donc, avec Tarik, deux « produits » de Paris-Saclay. En quoi cet écosystème a-t-il été favorable à l’éclosion de votre start-up ?
C’est précisément la richesse des écoles qui s’y trouvent : Supélec, Polytechnique, etc. sans oublier, bien sûr, HEC dont nous avons pu rencontrer plusieurs diplômés. La proximité géographique permet aux gens de se rencontrer facilement, de monter des projets ensemble, en combinant des compétences mais aussi des personnalités et des parcours différents. Nul doute que les conditions sont réunies pour donner naissance, ici, à de nouveaux Google et autre Facebook !
Journaliste
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