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Entrepreneuriat innovant

Une robotique industrielle à taille humaine.

Le 7 juillet 2017

Nous l’avons rencontré le 22 juin dernier, à l’occasion de l’anniversaire des dix ans de DATA4 : il présentait sa start-up, MIP Robotics, qui pourrait intégrer Les Garages, l’accélérateur hardware, qui verra le jour sur le campus du spécialiste des Data Centers. Gonzague Gridel, c’est son nom (premier en partant de la droite), nous explique son propre intérêt pour un tel projet.

– Si vous deviez pitcher MIP Robotics…

MIP Robotics est né il y a deux ans, d’un constat : la robotique industrielle, telle qu’elle se développe actuellement, répond aux besoins de la grande industrie. Seulement, si les robots proposés sont très performants, ils manquent souvent de flexibilité. Ils sont compliqués à programmer pour de non experts et doivent être sécurisés, ce qui ajoute aux contraintes. Surtout, ils ne sont pas toujours adaptés aux besoins de TPE-PME. C’est donc fort de ce constat que nous en sommes venus à proposer une offre de robotique industrielle de nouvelle génération, adaptée à la fabrication en petite et moyen séries.

– Comment en êtes-vous venu vous-même à investir ce domaine ? Etes-vous ingénieur ?

Non. Avant de me lancer dans cette aventure entrepreneuriale, j’ai travaillé dans une grande entreprise, où j’étais en charge de la gestion de projets financiers. Mais j’avais toujours eu en tête de créer ma propre entreprise. L’occasion s’est présentée avec mon actuel associé, un ingénieur qui a développé une techno en robotique, dans son garage, et qui cherchait quelqu’un pour lancer une société.MIProboticsPaysage

– Vous dites « garage ». En était-ce vraiment un ? Ou est-ce une façon de vous inscrire dans l’univers de l’innovation technologique ?

Non, c’en était vraiment un, qui devait faire à peine six-sept m2 ! Une fois que la société a été créée, nous avons occupé des locaux un peu plus grands, pendant quelques mois, avant d’intégrer un incubateur dédié à l’innovation industrielle.

– Quelles sont les prochaines étapes ?

Durant les dix-huit premiers mois d’existence de MIP Robotics, nous nous sommes consacrés au développement du produit à travers un prototype et des tests. Depuis six mois, nous vendons nos premiers robots, une bonne dizaine à ce jour. Au début et comme indiqué, nous ciblions au début les petites structures, pour laquelle la robotique industrielle n’est pas forcément accessible. Finalement, de grands comptes, tels Renault, Thalès et Continental, se sont montrés intéressés et nous ont passé des commandes. Bien qu’équipés en robots, ils ont eux aussi besoin de robots plus simples, adaptés à des tâches plus flexibles et manuelles. Le challenge actuel est d’augmenter les ventes en industrialisant notre production.

– Où produisez-vous vos robots ?

Nous les concevons et assemblons en France. La fabrication des pièces est confiée à des sous-traitants, qui se situent pour partie en France, pour l’autre à l’étranger.

– Avez-vous une levée de fonds en perspective ?

L’année dernière, nous avons effectué une première levée de fonds en amorçage, auprès de Scientipôle Capital, qui nous a permis de finaliser le prototype et produire une première pré-série. Nous prévoyons maintenant de réaliser une seconde levée de fonds pour financer, cette fois, la poursuite de la R&D, l’industrialisation et le déploiement commercial.

– Le 22 juin dernier, vous pitchiez votre start-up dans le cadre d’une présentation, sur le campus de Data4, du projet des Garages, qui y verra le jour et que que vous seriez parmi les premiers à intégrer. En quoi ce projet d’accélérateur hardware vous intéresse-t-il ?

Jusqu’à présent, notre problématique était de pouvoir développer rapidement un produit à partir d’un prototype en étant le plus réactif possible avec nos fournisseurs. Quand cela touche à du hardware, comme c’est notre cas, la mise au point du prototype n’est pas simple et ne se fait pas du premier coup. Il faut procéder de manière itérative, par essais erreurs. L’intégration dans un incubateur nous a, de ce point de vue, bien aidés. Mais désormais nous avons besoin de produire de petites séries. Ce qui est difficilement concevable dans un open space ou même dans un FabLab, pas nécessairement équipé pour cela. Nous aurons besoin de machines industrielles. C’est là que Les Garages deviennent intéressants pour nous, d’autant qu’en plus de mettre à disposition des machines industrielles, il nous assure un accompagnement dans le passage à l’industrialisation. Ce qui exige des compétences et savoir-faire que nous ne maîtrisons pas encore.

– Reste que le site de DATA4 n’est pas facilement accessible depuis Paris…

C’est une vraie problématique pour une start-up comme la nôtre, dont une partie de l’équipe est parisienne. D’autant que, en plus de vouloir rester sur Paris, les Parisiens sont de moins en moins nombreux à disposer d’une voiture ! Nous avons de surcroît des stagiaires auxquels nous ne pouvons en imposer l’usage. C’est sûr qu’il faudra réfléchir à améliorer l’accessibilité du site, en aménageant, pourquoi pas, des navettes depuis des lieux névralgique de Paris et du cluster Paris-Saclay.

– Etant entendu que l’intérêt des Garages est aussi de vous permettre de vous consacrer pleinement à votre projet en vivant sur place…

Oui, et c’est un atout appréciable. Le marché que nous investissons est très concurrentiel, avec notamment des entreprises chinoises particulièrement réactives. Nous avons donc besoin d’être à 100% sur notre projet pour en accélérer le développement, sans être sollicités en permanence ou avoir à faire des déplacements domicile-travail avec les pertes de temps que cela peut impliquer. J’ajoute qu’une partie de l’équipe pourrait s’y installer sans contraindre les autres à quitter Paris.

– En intégrant Les Garages, avez-vous en tête de bénéficier de l’écosystème Paris-Saclay ?

Oui, bien sûr. Cet écosystème concentre une part importante de la R&D publiques et privée, en France. En faire partie contribuera à renforcer notre notoriété et à nous rapprocher de partenaires qui nous seront bien utiles pour notre développement : des laboratoires, des donneurs d’ordre, sans oublier les start-up. Mais Paris-Saclay, c’est aussi des étudiants en fin d’études, issus d’établissements d’enseignement supérieur prestigieux, qui pourront répondre à nos besoins de recrutement. Enfin, Paris-Saclay est un terreau favorable à l’Usine du Futur à laquelle nous ne demandons qu’à prendre part.

 

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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