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Science & Culture

Une coach agile et facilitatrice

Le 23 mai 2024

Entretien avec Gwen-Anne Le Corre

Suite de nos échos au Brainathon de TEDxSaclay, qui s’est tenu le 26 avril dernier au Centre International de Recherche et innovation Daniel Carasso, de Danone, avec, cette fois, le témoignage de Gwen-Anne Le Corre, bénévole au pôle coordination et facilitation de TEDxSaclay.

- En dehors de votre engagement dans l’équipe du TEDx Saclay, que faites-vous professionnellement ?

Gwen-Anne Le Corre : Je suis coach agile, coach pro, facilitatrice et formatrice. Je travaille chez Goood, un cabinet de conseil en organisation qui accompagne les managers et les dirigeants de la tech dans le développement de leur entreprise. Bénévole pour le TEDxSaclay, je le suis depuis maintenant quatre ans.

- Dans quelles circonstances s’est faite la rencontre avec la communauté TEDxSaclay ?

G.-A. Le C. : Un peu par hasard. En 2020, l’équipe recherchait des facilitateurs/trices pour l’animation du Brainathon. Rappelons que nous étions en pleine crise sanitaire liée au Covid-19. le Brainathon devait se faire en distanciel, ce qui rendait encore plus nécessaire la présence de facilitateurs. Un bénévole de TEDxSaclay m’a contactée via LinkedIn pour me proposer de rejoindre l’équipe. J’ai aussitôt dit oui ! J’ai ensuite été mise en contact avec Eric Alsac, en charge à l’époque de l’organisation du Brainathon. Ça a si bien matché avec l’équipe que j’ai d’emblée intégré l’organisation de l’événement. Une fois cette édition passée, l’équipe était tellement au top que je n’ai eu qu’une envie : renouveler l’expérience ! Depuis, j’assure l’organisation du Brainathon. Cette édition est ma 4e. Mon implication ne s’arrête pas là. Je participe à d’autres initiatives de TEDxSaclay comme l’animation de la conférence et le brainstorming organisé en amont pour en déterminer les sous-thèmes.

- Personnellement, ce qui me fascine en allant d’une équipe à l’autre, pour observer comment cela se déroule, c’est l’appétence que les participants ont manifestement à échanger, à brainstormer, alors qu’en début de journée, ils ne se connaissaient pas forcément ; et comment cette appétence s’exprime au niveau des postures, des gestes, qui traduisent à la fois une réelle implication et une attention aux autres, une écoute… Sans compter les idées qui émergent qu’aucun participant n’aurait pu imaginer seul, aussi expert soit-il du domaine, en l’occurrence ici l’IA générative… Est-ce aussi votre perception des choses ?

G.-A. Le C. : Oui, bien sûr ! Nous sommes bien en cela dans l’esprit du Brainathon, un mélange de brainstorming et d’hackathon – un exercice issu du monde de l’informatique. Le principe est bien de faire en sorte que des personnes qui ne se connaissent pas forcément se retrouvent pour échanger autour d’un thème, de préférence en présentiel, même si l’édition de 2020 a montré que cela pouvait aussi fonctionner à distance. Et manifestement, ça plait. Il faut dire qu’on n’a pas autant d’occasions d’échanger ainsi, avec des personnes de différents horizons professionnels, disciplinaires, éloignés du sien. A fortiori dans un lieu comme celui-ci, le tout nouveau Centre international de recherche et d’innovation de Danone où, en plus d’être bien accueilli, on a la chance de disposer de beaux espaces, conçus justement pour favoriser le travail collaboratif, l’intelligence collective.
Personnellement, ce que je trouve intéressant, c’est ce mélange de profils : des cadres ou dirigeants d’entreprises, des chercheurs, des startuppers, des représentants de service de l’État, qui ont des points de vue différents sur l’IA générative, entre ceux qui en sont des spécialistes et ceux qui ont encore presque tout à découvrir du domaine. Loin d’empêcher l’échange, c’est cette diversité de regards qui permet de dégager des idées inspirantes, auxquelles un expert n’aura pas pensé forcément, faute de faire un pas de côté, de se confronter aux remarques de béotiens.
On mesure à quel point le fait d’être ensemble, en présentiel, peut enclencher une dynamique dont peut émerger de belles idées. Certes, nous ne sommes qu’au début de la journée, il est donc encore trop tôt pour en juger. Mais au vu des résultats des précédentes éditions, je ne doute pas que nous serons encore surpris.

- Au fond, vous nous annoncez une bonne nouvelle : l’avenir sera très probablement fait de toujours plus d’intelligence artificielle générative, mais aussi de cette intelligence humaine, collective, collaborative… On gagne moins à opposer ces formes d’intelligence qu’à cultiver leur complémentarité…

G.-A. Le C. : En effet ! On ne gagne rien à opposer ces formes d’intelligence. En tant que coach, ce qui m’intéresse, c’est moins la dimension technique qu’humaine d’un projet, sa dimension relationnelle. Pour autant, je n’ignore pas le potentiel de l’IA générative. Moi-même, j’en fais usage, que ce soit au travers de ChapGPT ou Bard. Cela fournit une base de réflexion que l’on peut enrichir à travers l’échange interpersonnel. Rien de tel que cet échange entre humains. Quand je coache, j’aime rappeler que 1 + 1, ça fait plus de 2 : les deux personnes et ce que produisent leurs interactions ! Et, forcément, plus on met de personnes en présence, plus on augmente l’intensité des interactions et c’est précisément cela qui est enrichissant. Tant et si bien que je considère que l’IA générative, ce n’est finalement qu’une personne en plus qui peut aider à engendrer plus d’interactions, en mettant à disposition des ressources complémentaires en termes de connaissance, d’expertise. Je dis bien « ressources » pour insister sur le fait que cela ne préjuge pas du résultat. Encore faut-il que les personnes en chair et en os s’en saisissent pour nourrir leur réflexion collective. C’est de là que pourra surgir des idées nouvelles.

- Encore faut-il que les gens soient « disposés » à échanger, ce qui suppose un « dispositif » comme celui que vous mettez en place à travers l’organisation du Brainathon, la répartition des candidats entre des équipes, qui tournent au fil d'une séance pour aboutir au pitch final. « Disposés » et « dispositif » ai-je dit, en référence à l’anthropologue de la communication Yves Winkin, qui fait ce distinguo pour expliciter les conditions de succès d’un événement – que ce soit un spectacle, un colloque ou, comme ici, un Brainathon… Derrière ces considérations, il y a une invite à redire un mot sur l’équipe de bénévoles sans laquelle cette magie de l’intelligence collective ne pourrait se produire…

G.-A. Le C. : Le fait est, pour que ce brainstorming fonctionne, il faut toute une organisation, un déroulement précis, timé à la minute près, pour amener les participants jusqu’à la séance de pitches, au terme de la journée. Ce qui suppose d’enchaîner ce qu’on appelle des phases de divergence, d’émergence et de convergence : une première phase de divergence quand on répartit les participants par équipes et qu’ils brainstorment sur le sujet dans sa globalité ; une phase d’émergence lorsqu’ils tournent le matin ; puis de convergence pour déterminer le sujet que l’équipe développera. Et rebelote l’après-midi pour parvenir au pitch final qui sera présenté à l’ensemble des participants en fin de journée. C’est sur ce design que repose le travail de facilitation.
À quoi s’ajoutent en amont, le travail de prospect des participants, effectué sous la houlette de Christian [Van Gysel] avec l’ensemble des bénévoles – un travail délicat pour parvenir à un panel aussi divers que possible -, et la logistique, assurée par l’équipe événementiel – elle est essentielle pour permettre aux participants de se concentrer sur leurs échanges. Cette année, nous avons eu la chance d’être plus qu’épaulés par nos interlocuteurs de Danone : Manon Meslin et Dolorès Gouhier, qui nous ont accueillis dans des conditions idéales.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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