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Entrepreneuriat innovant

Un ingénieur du numérique tourné vers l’optique

Le 23 octobre 2024

Rencontre avec Romain Étienne qui porte le projet StratChecker au sein de la FIE de l'Institut d'Optique.

Suite de nos échos à la journée d’inauguration du bâtiment 503 rénové avec, cette fois, le témoignage de Romain Étienne, élève ingénieur en dernière année de la FIE, qui porte le projet StratChecker.

- Si vous deviez, pour commencer, pitcher StratChecker, le projet que vous portez dans le cadre de la FIE ?

Romain Étienne : C’est un projet que je porte depuis maintenant un peu plus d’un an. Il consiste à proposer une nouvelle génération de backtester – un logiciel d’aide à l’optimisation et à la validation d’algorithmes boursiers. Je m’appuie pour cela sur les dernières avancées en matière de statistiques et d’IA. Ma solution s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux banques. Elle prend la forme d’une application Web, qui permet de travailler ses stratégies où qu’on soit, sur n’importe quel support ; ou d’une API pour s’adapter et répondre aux besoins des entreprises et des utilisateurs les plus expérimentés. Naturellement, les serveurs que j’utilise sont sécurisés et cryptés afin de tester les stratégies en toute confidentialité.

- J’ai eu l’occasion de découvrir votre projet lors d’une présentation que vous en aviez faite devant un jury auquel je participais en avril 2024. Plusieurs mois se sont écoulés depuis, que vous avez manifestement mis à profit pour faire évoluer votre projet…

R.É. : Effectivement, plusieurs changements sont intervenus, notamment au niveau de l’équipe. À l’époque nous étions trois : un autre élève ingénieur de la FIE, un étudiant de l’Université Paris-Saclay et moi. Le premier a souhaité poursuivre ses études à New York, le deuxième se concentrer sur ses études universitaires, tant et si bien que je suis désormais seul à porter le projet. D’où le changement de nom – initialement le projet s’appelait Backfitter – et de design, pour mieux affirmer l’identité que je m’en faisais. D’autres évolutions ont été introduites dans la roadmap avec la mise en place de la web application : la page Web qui permet d’interagir avec une base de données, et sur laquelle les utilisateurs peuvent s’enregistrer et tester leurs solutions. Elle est déjà ouverte au Bêta testeurs de sorte que je peux tester moi-même les stratégies proposées par eux, ce qui me permet de parvenir à une preuve de concept interactive.

- J’avais cru comprendre qu’un startupper gagnait à s’associer à d’autres, et que c’était l’équipe d’associés qui faisait la force d’une start-up… Or, vous, vous avez fait le choix, par la force des choses, de continuer seul. Mais l’êtes-vous autant que cela ? Après tout, vous évoluez dans un environnement favorable, l’Institut Optique et sa FIE, qui vous permet d’interagir avec des chercheurs et des startuppers pour recueillir leurs conseils…

R.É. : Effectivement, quand on entreprend, on n’est jamais vraiment seul. On est toujours inséré dans un ou des réseaux. En ce qui me concerne, en dehors de la FIE, je suis accompagné par le pôle de compétitivité Alpha RLH, à Bordeaux. Je suis par ailleurs en contact avec une banque commerciale, BNP Paribas. Naturellement, sans le 503 et sa FIE, ses enseignants et ses chercheurs, je n’en serais pas là où j’en suis dans le développement de ma start-up. Jamais je ne me serais lancé dans l’entrepreneuriat innovant, en tout cas aussi tôt ; ma solution ne serait pas aussi aboutie et mon étude de marché n’aurait pas été aussi poussée.

- Soit. Mais quel rapport votre innovation a-t-elle avec l’optique ?

R.É. : Non seulement j’entreprends sans associé, mais encore mon innovation n’a guère à voir avec l’optique. En apparence, j’enfreins donc deux règles de la FIE (sourire). Mais en apparence seulement, car force est de constater que l’IA, que j’investis, a aussi à voir avec l’optique, et vice et versa. Les deux domaines ne sont pas aussi étanches qu’on peut le croire. Prenez la reconnaissance d’image : elle requiert aussi de l’IA et de l’optimisation d’algorithme. Tant et si bien que je me considère aujourd’hui davantage comme un informaticien et un ingénieur du numérique tourné vers l’optique que comme un opticien au sens classique, même si mon diplôme dit le contraire. La suite des études que je compte faire à l’X-HEC, en data science et finance, ne fera que confirmer cette transition. Tout le mérite en revient à la FIE qui démontre par là son agilité, pour reprendre l’une des qualités mises en avant par Alain Aspect lui-même au cours d’une table ronde. Tant que l’élève ingénieur manifeste une certaine volonté dans la conduite de son projet, l’équipe qui nous encadre est disposée à le suivre. Ce dont je lui suis reconnaissant.

- Nous faisons l’entretien dans le 503 rénové. Qu’aimeriez-vous en dire à ceux qui ne le connaîtraient pas encore ?

R.É. : C’est un lieu qui, comme cela a été bien dit par plusieurs orateurs, est de son temps tout en étant inscrit dans une longue histoire. Il incarne à mes yeux l’esprit entrepreneurial innovant : ici les élèves ingénieur.e.s de la FIE peuvent explorer de nouveaux champs, de nouveaux domaines, en s’appuyant sur de solides expertises, la culture de l’innovation de chercheurs et d’entrepreneurs ayant déjà une longue expérience en la matière.

- Vous avez évoqué Alain Aspect, qui se rend régulièrement ici pour y donner des cours. Qu’est-ce que cela fait-il au jeune entrepreneur que vous êtes de pouvoir croiser aussi facilement un prix Nobel de Physique, voire même le solliciter pour un conseil, aussi naturellement que vous le feriez avec vos camarades de promotion ?

R.É. : C’est d’autant plus appréciable qu’Alain Aspect est un chercheur qui a très tôt compris que faire de la recherche fondamentale n’avait d’intérêt que si elle permettait aussi de déboucher sur de la recherche appliquée. Bien plus, il a soutenu des projets entrepreneuriaux innovants portés par d’anciens de ses doctorants. Cela me paraît d’autant plus important que j’estime que nos concitoyens sont en droit d’attendre un retour sur investissement qui soit profitable au pays. La France a la chance d’être à la pointe dans la recherche en physique et mécanique quantique. Il me paraît donc normal qu’elle en perçoive des retombées positives en termes d’emplois et de croissance. C’est ce qui précisément motive Alain Aspect à soutenir la création de start-up dans ces domaines. À cet égard aussi, il est un exemple pour moi.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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