On peut relever d’un grand groupe hôtelier et être soucieux d’ancrer son entreprise dans son territoire (tout en sachant prendre le large ou de la hauteur dans tous les sens du terme…). Quitte encore à se retrouver à échanger aussi bien avec des élus, des scientifiques, des cadres d’entreprises et… des producteurs maraîchers bio œuvrant à la réinsertion de personnes en grande difficulté…. Illustration à travers le témoignage de Pierre Eyraud, Directeur Général du Novotel de Paris-Saclay, ouvert au début des années 70 et qu’il a rejoint en 2009, dans la perspective du projet de cluster.
– Si vous deviez commencer par nous rappeler l’histoire de cet hôtel ?
Le Novotel de Paris-Saclay a été érigé à l’emplacement d’un ancien corps de ferme, à proximité d’une maison de maître du XIXe, qui, elle, a été conservée – ce qui ajoute à la particularité du cadre. Au sein du groupe Accor-Novotel, c’est un hôtel proprement historique : ouvert en 1973, il fait partie d’un des dix premiers hôtels de la marque Novotel, créée, elle, en 1967.
– A quelle logique avait répondu, dans les années 70, son implantation ici ?
A l’époque, on ne parlait pas encore du cluster de Paris-Saclay, mais le territoire accueillait déjà des établissements d’enseignement supérieur et de recherche (CEA, HEC…) et avait vocation à en accueillir d’autres (Polytechnique, Supélec,…). La pertinence d’installer un hôtel sur le Plateau de Saclay était donc évidente et même stratégique. Encore en développement, la chaîne Novotel avait besoin d’acquérir des terrains bon marché, aux abords d’axes routiers majeurs. Reconnaissons que ses responsables avaient su saisir le potentiel du secteur.
– Quand avez-vous rejoint cet hôtel ?
En 2009. Cette année, le principe du cluster de Paris-Saclay avait été acté. Le groupe Accor a alors décidé de revaloriser l’hôtel, qui avait besoin bien plus que d’un rafraîchissement : d’une image redynamisée et d’un repositionnement comme acteur du Plateau de Saclay. Mission qui m’a donc été confiée au vu de ma longue expérience au sein du groupe, que j’ai rejoint en 1979. Le challenge m’intéressait et, quitte à le relever, il me paraissait préférable d’être au début de l’aventure.
Cela correspondait aussi à un choix personnel. Auparavant, j’avais dirigé pendant six ans le Novotel de l’aéroport de Nice, le premier aéroport régional en France, avec un trafic incroyable – nous sommes à proximité de Cannes, de Monaco, Sophia Antipolis…
– Mais comment peut-on quitter le sud de la France pour celui de Paris ?
Le ciel finit toujours pas vous paraître trop bleu (rire). Et puis, j’avais envie d’un hôtel plus tourné vers la clientèle d’affaires. A la différence de la clientèle de loisirs, qui se renouvelle d’une saison à l’autre, la première pratique plus souvent le ré-achat. Or, j’accorde beaucoup d’importance à l’investissement dans le relationnel et, donc, dans la durée.
Le Novotel de Saclay a justement toujours eu une forte image au sein du groupe comme auprès des entreprises. Toutes les grandes entreprises françaises y ont organisé au moins une fois un séminaire. Tant et si bien, d’ailleurs, que je n’ai pas eu beaucoup besoin de le présenter aux clients et partenaires à qui j’avais annoncé mon départ à Nice : la plupart le connaissaient pour y avoir séjourné.
C’est dire s’il est valorisant de diriger un hôtel comme celui-ci. Aujourd’hui, il peut accueillir des séminaires « grand format » (au-delà de 80 personnes). Seuls une quinzaine d’hôtels en France sont en mesure de le faire réellement dans de bonnes conditions car cela suppose de disposer à la fois d’une salle plénière à même d’accueillir l’intégralité des participants, et d’autres espaces pour les répartir en sous-commissions.
Au-delà de la rénovation de nos espaces, nous avons réfléchi à une offre nouvelle de services. C’est ainsi qu’a vu le jour la pièce dans laquelle nous nous trouvons pour les besoins de l’interview : un salon VIP, que nous avons conçu spécialement pour les besoins des principaux intervenants aux séminaires « grand format », dans l’esprit de la loge de théâtre. Il faut garder à l’esprit que ces séminaires sont organisés par des laboratoires ou des entreprises de secteurs de pointe et hautement concurrentiels. C’est dire si les enjeux sont importants. Pas besoin d’insister non plus pour imaginer la pression qu’ont à supporter les intervenants comme les animateurs, le besoin qu’ils peuvent avoir de se concentrer. Nous avons donc imaginé cette solution clients. Des liaisons audio et vidéo avec la salle plénière leur permettent de suivre les échanges, tout en finalisant leur intervention. On peut aussi y organiser des interviews, y accueillir des invités VIP en marge du séminaire proprement dit. Depuis que nous mettons à disposition cette pièce, de nouvelles sociétés nous sont restées fidèles.
– Un concept que vous avez emprunté à un autre hôtel ?
Non, il a été inventé ici-même ! Depuis, il a été décliné dans d’autres hôtels du groupe, parmi la quinzaine de ceux en mesure d’accueillir des séminaires « grand format ». Nous ne sommes pas peu fiers d’en avoir la paternité. Cela conforte notre image d’hôtel innovant. C’est d’ailleurs ici qu’est présentée en exclusivité mondiale la nouvelle chambre des hôtels Novotel. Le prototype a été conçu à l’hôtel Montparnasse, mais le premier déploiement en France s’effectue à Saclay !
– Les séminaires que vous accueillez sont-ils au diapason de Paris-Saclay, avec sa dominante scientifique ?
Oui, beaucoup de séminaires sont organisés par des entreprises ou des centres de recherche implantés sur le plateau. D’autres le sont par des entreprises, qui souhaitent tirer profit de l’image de Paris-Saclay au plan international. Ils choisissent notre l’hôtel pour le prestige que cela représente, mais aussi parce que c’est une porte d’entrée dans l’écosystème en émergence.
– Pourtant, le Plateau de Saclay a la réputation de n’être pas encore facilement accessible…
De ce point de vue, la situation de l’hôtel est plutôt favorable : il est desservi par les autoroutes A6 et A10 et la N118… Des liaisons sont par ailleurs possibles avec les principaux vecteurs de transport : la gare Massy TGV, desservie par le bus, et les aéroports internationaux Orly et Charles-de-Gaulle. Certes, les horaires des transports en commun ne sont pas toujours adaptés. Aussi, nous n’hésitons pas à mettre à disposition des moyens de transports supplémentaires pour concrétiser un projet de séminaire. Pour un hôtel comme le nôtre, la concurrence s’exerce jusque du côté de Marne-la-Vallée, de Villepinte, de Charles-de-Gaulle, et même de Monaco ou de Barcelone !
– En quoi le projet du métro va-t-il améliorer la situation des transports, de votre point de vue ?
Il assurera assurément une plus grande fluidité des déplacements et ce, 7 jours sur 7. Aujourd’hui, les transports en commun qui desservent le Plateau de Saclay ne sont pas suffisamment fréquents et nombreux en semaine et encore moins le week-end, pour susciter une activité satisfaisante pour un hôtel comme le nôtre.
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