Les 9 et 10 décembre 2016, l’EPA Paris-Saclay et Nokia organisent au PROTO204, le premier hackathon dédié aux mobilités urbaines. Open innovation manager au sein de Nokia, Mathieu Sabourin nous en dit plus sur la genèse de l’événement et ses objectifs.
– Si vous deviez, pour commencer, pitcher cet hackathon…
Il s’agit de mobiliser des étudiants, startuppers et hackers, autour des mouvements ou flux quels qu’ils soient – des gens, mais aussi des objets, des véhicules,… – qui caractérisent la ville, à l’heure de l’Internet des Objets. L’enjeu est de servir l’humain au sein de la cité intelligente, en améliorant, par exemple, l’efficacité énergétique, notamment en optimisant l’éclairage public en fonction du trafic ou de la présence humaine, ou encore en adaptant la desserte de transport en fonction des personnes présentes aux arrêts de bis, sur la base d’une gestion prédictive.
– Cet hackathon étant une première étape d’un « programme sur les objets connectés dans la smart city »…
Oui. L’objectif final est d’améliorer, par une meilleure interconnexion des objets et des gens, les mouvements urbains, à partir d’idées de hackers et de startuppers. Nous souhaitons donc passer du stade du prototype à la preuve de concept, à travers des démonstrateurs et ce, à l’échelle du plateau de Saclay. Pour cela, les lauréats de notre hackathon bénéficieront notamment, deux mois durant, d’un mentoring et d’un accès à nos ressources dont la plateforme que nous sommes en train de concevoir. Vous l’aurez compris, notre ambition n’est pas de vendre plus de produits Nokia à court terme, mais bien de nous inscrire dans une logique gagnant/gagnant pour les trois parties en présence : les innovateurs, les acteurs du territoire (les usagers, l’aménageur, etc.) et nous-mêmes, tous au service de l’usager, des personnes. Si nous parvenons à démontrer que des solutions peuvent être déployées facilement et au moindre coût, nous aurons atteint notre objectif.
– Quelle échéance vous donnez-vous ?
Nous souhaitons finaliser la présentation des projets aboutis et lauréats, à l’occasion de la prochaine édition de Futur en Seine, qui se déroulera en mars 2017.
– A travers ce programme, s’agit-il pour le spécialiste des Télécommunications qu’est Nokia de se positionner comme un opérateur de la smart city ?
Certes, Nokia est identifié au secteur des Télécommunications aussi bien grand public que professionnelles (nous fournissons des équipements à des entreprises). Mais l’entreprise est engagée dans l’Internet des Objets (cf le rachat de la start-up Whithings, spécialisée dans l’e-santé), avec l’ambition de concevoir des plateformes à même de faciliter les interconnections Ce que notre slogan dit bien : « Nokia connecting people ». A travers le programme dont nous parlons, il s’agit de répondre aux besoins des gens de s’interconnecter avec toujours plus de fluidité, au fil de leurs déplacements. Bien plus, de renforcer leur capacité d’agir. En cela, ce programme s’inscrit bien dans la nouvelle ambition de Nokia, résumée dans cet autre slogan : « Expanding human possibilities of the connected world ». Jusqu’à présent, nous avons été des experts produits. Il s’agit désormais d’être reconnus comme des experts services. Ce qui passe par l’invention de nouveaux business models, d’autres manières d’envisager la création de valeur.
– … et par l’inscription dans une logique d’open innovation.
Oui. C’est en nous associant à d’autres expertises, que nous parviendrons à imaginer les solutions les plus adaptées. C’est bien dans cet état d’esprit que nous envisageons notre hackathon. Reconnaissons toutefois que le terme peut paraître galvaudé. Dans notre esprit, il ne s’agit pas de nous borner à un simple rôle de sponsor. Ce qui nous intéresse, c’est de créer du lien avec toutes sortes de personnes qui peuvent contribuer à améliorer les mouvements dans la ville. La première journée s’adresse aux étudiants en Master 2 Systèmes embarqués et traitement de l’information de l’INSTN, avec lesquels nous souhaiterions nouer des liens privilégiés ; la deuxième aux startuppers et hackers, mais aussi aux développeurs, chercheurs, etc. intéressés par ces problématiques de la mobilité urbaine.
– Ce qui suppose de bien connaître les villes, le contexte local…
Oui. De là d’ailleurs la tendance à nouer des partenariats avec des acteurs de l’écosystème de manière organique : des innovateurs, des startuppers, mais aussi des aménageurs et autres professionnels de l’urbain, comme l’EPA Paris-Saclay…
– S’agit-il de vous positionner comme acteur de Paris-Saclay ?
Oui, bien sûr. Vous n’êtes pas sans savoir que Nokia a racheté Alcatel-Lucent, présent de longue date dans l’écosystème. Cet attachement n’a pas été remis en cause. Bien au contraire, comme en témoignage d’ailleurs la nouvelle appellation du site : Nokia Paris-Saclay. Une manière de manifester notre volonté de nous inscrire dans l’écosystème et d’y créer de la valeur.
– Comment s’est faite la rencontre avec le PROTO204 ?
Le choix du PROTO204 s’est tout naturellement imposé : c’est un lieu proprement formidable pour connecter des communautés qui ne se connaissent pas encore, mais qui gagnent à se rapprocher pour innover, répondre à des problématiques du territoire. Nous nous retrouvons dans l’esprit du lieu et ses valeurs. Encore une fois, pour nous, l’enjeu n’est pas de promouvoir nos produits, mais bien de nouer des liens avec les communautés de startuppers et hackers et d’innover ensemble, dans une démarche collaborative et ouverte.
– En quoi l’écosystème de Paris-Saclay est-il intéressant comparé à d’autres écosystèmes dans lesquels s’inscrit Nokia ?
Je répondrai à un titre personnel en considérant que Paris-Saclay a le potentiel pour devenir une Sillicon Valley, mais avec de la créativité à la française en plus. A Paris-Saclay, on trouve une diversité de profils : des étudiants de grandes écoles et d’universités reconnues, des chercheurs de centres de R&D de grandes entreprises, de laboratoires, etc. Le tout participant à une intelligence collective qu’on ressent quand on vient ici et qui rend le contexte d’autant plus stimulant. En ce sens, notre hackathon s’inscrit bien dans l’esprit Paris-Saclay. Il vise à connecter des communautés différentes (d’étudiants, de startuppers, de chercheurs, etc.), à l’image de ce que fait le PROTO204, à son échelle.
– Etes-vous vous-même issu de Paris-Saclay ?
Non, pas du tout. J’ai fait des études à Clermont-Ferrand, une ville où j’aime encore revenir de temps en temps. Au sortir de mes études, il y a un peu plus de dix ans, j’ai très vite intégré Alcatel-Lucent où j’ai débuté comme chef de projet. A ce titre, j’ai travaillé au sein de cinq business units différentes, en mettant en pratique diverses méthodologies – mode waterfall, méthode agile, design thinking… Depuis septembre 2016, j’occupe des fonctions d’open innovation manager. Géographiquement parlant, je suis sur le site de la Cité de l’Innovation, depuis 7-8 ans…
– Ce qui vous a donc permis de suivre l’évolution de l’écosystème Paris-Saclay…
Non, pas franchement, autant le reconnaître. Jusqu’à récemment, j’avais peu d’interactions avec l’écosystème de Paris-Saclay. Il est vrai que les business units où j’évoluais ne l’exigeaient pas nécessairement. Il en va autrement depuis que j’occupe ce poste de manager en open innovation, qui, par définition, incite à s’inscrire dans son écosystème.
Journaliste
En savoir plus