Un cocon pour démocratiser la micro-sieste en entreprise.
Suite de nos échos à la journée portes ouvertes de La Terrasse Discovery +X avec le témoignage de Gabrielle de Valmont, cofondatrice de la Nap&Up, venue présenter son… cocon destiné à démocratiser la micro-sieste en entreprise…
– Si vous deviez pour commencer par pitcher Nap&Up ?
Notre start-up se propose de démocratiser la pratique de la micro-sieste en milieu professionnel. Nous avons à cette fin conçu le « cocon à sieste » : un dispositif suffisamment flexible pour être monté et démonté en quelques minutes, et qui propose une vraie isolation visuelle permettant de se déconnecter rapidement. A quoi s’ajoutent des audios de sophrologie, qui accompagnent la salarié tout du long de sa micro-sieste, jusqu’à son réveil. L’idée est d’éviter de le plonger dans des phases de sommeil profond. Dix à quinze minutes de sieste suffisent à booster sa productivité.
– Reste que la sieste n’a pas encore toujours bonne presse dans le monde de l’entreprise…
C’est précisément pourquoi nous proposons un accompagnement de sensibilisation aux entreprises. Il ne s’agit pas pour nous de juste installer un espace de sieste, mais d’intégrer celle-ci dans les pratiques managériales, pour qu’elle y soit mieux acceptée et, même, mieux valorisée par l’entreprise, sa direction comme le reste du personnel. Pour cela nous proposons des animations, des supports de communication, des ateliers de sensibilisation ou encore des conférences avec des spécialistes – sophrologues, donc, mais aussi neuroscientifiques, médecins du sommeil, etc.
– Quand vous dites « démocratiser » la sieste dans le monde de l’entreprise, il s’agit donc bien de surmonter aussi les résistances auxquelles se heurte sa pratique ?
C’est effectivement en ce sens qu’il faut l’entendre. En France, il y a encore beaucoup de tabous autour du sommeil en entreprise, comparé à ce qu’on observe dans d’autres pays, notamment asiatiques où le droit de se reposer pendant sa journée de travail est même inscrit dans la constitution. Plus près de nous, dans les pays méditerranéens, elle fait partie de la culture : faire une micro-sieste après le déjeuner est une pratique admise, en plus d’être requise les jours de chaleur.
En France, on ne compte plus les initiatives en matière d’alimentation ou d’activité sportive en milieu professionnel. En revanche, la question du sommeil y est encore très peu abordée. Les salariés qui ont besoin de faire une micro-sieste en sont encore réduits à se cacher dans leur voiture ou dans les toilettes… Aussi, dans ce contexte, il nous est paru que la solution ne résidait pas nécessairement dans un produit high tech. Plus la solution est simple et flexible, moins elle sera engageante pour l’entreprise et donc plus facile à introduire dans l’espace professionnel. J’ajoute que notre cocon-sieste n’exige pas d’immobiliser une salle. Il peut être installé pratiquement n’importe où.
– D’ailleurs, vous l’avez installé dans un coin de l’espace de La Terrasse, où d’autres personnes s’affairent ou échangent entre elles…
L’audio combinée à l’isolation visuelle permet à la personne de lâcher prise facilement avec son environnement. En sens inverse, le cocon-sieste n’empêche pas les autres salariés de continuer à vaquer à leurs occupations. Mais, au-delà du produit, nous nous inscrivons, encore une fois, dans une dynamique d’innovation managériale. A travers la promotion de la micro-sieste, il s’agit pour nous d’engager une réflexion sur les nouveaux espaces de travail : des espaces qui répondent aux besoins des salariés, y compris dans leur dimension corporelle. Prendre le temps de faire une sieste n’est pas antinomique avec les exigences de productivité. Au contraire.
– Comment en êtes-vous venue à concevoir votre offre ?
Mon associée et moi avons fait des études en management à l’Université Paris-Dauphine ; elle, en business transformation, et moi, en management stratégique et conseil. Ces études nous ont préparées à la création et au management d’une entreprise innovante. Mais elles nous ont fait aussi prendre conscience des difficultés de se ménager des temps de pause et de déconnexion. En entreprise comme au sein de l’université ! Difficile en effet d’y faire une micro-sieste : l’environnement est trop bruyant et dépourvu d’espaces où on puisse se mettre à l’écart. Or, faire une micro-sieste, ce peut être utile en période d’examens ! Quand nous avons commencé à partager ce constat autour de nous, mon associée et moi, nous sommes rendu compte que c’était également très difficile d’en faire sur son lieu de travail, en entreprise. La pratique s’y heurte à des blocages culturels qui n’existent pas forcément sur un campus – où c’est davantage la configuration de l’espace qui empêche de la pratiquer. A quelques rares exceptions, il n’y a pas d’espace qui lui soit dédié dans les entreprises. On en est réduit, encore une fois, à faire sa sieste dans sa voiture ou dans les toilettes, y compris quand l’espace a été aménagé pour le bien-être au travail. C’est ainsi que nous en sommes venus à nous lancer dans une démarche de sensibilisation avant même de lancer le cocon-sieste.
– Cet entretien se déroule dans le cadre de la journée portes ouvertes de La Terrasse. Comment vous-êtes vous retrouvée à y présenter Nap&Up et ce cocon à sieste ?
Mon associée et moi avons été sollicitées par Charles Cosson, le responsable de La Terrasse, que nous avions accueillis dans nos propres locaux, au Square de Renault, situé Place de la République, à Paris. Un lieu dédié à l’innovation, qui accueille des start-up ou des porteurs de projet relatifs au bien-être au travail et aux futures mobilités. Naturellement, nous lui avons fait tester le cocon à sieste et, manifestement, l’expérience l’a convaincu.
– Connaissez vous le WAWlab* qui se propose justement de faire de Paris-Saclay un laboratoire du bien-être au travail ?
Non, je ne connais pas, mais ne demande qu’à découvrir cette initiative.
– Et l’écosystème de Paris-Saclay ? Le connaissiez-vous avant de vous y rendre ce jour ?
Non, autant le reconnaître. Mais en venant jusqu’ici en voiture, nous avons été frappées, ma collaboratrice et moi, par le nombre d’étudiants que nous avons pu y croiser. Nous nous sommes dits que le territoire devait receler de nombreuses initiatives entrepreneuriales et, donc, susciter des besoins en lieux dédiés à l’innovation : des incubateurs, mais aussi des espaces de coworking, bref des endroits où il fait bon de travailler et d’échanger autour d’un projet. Manifestement, les concepteurs de La Terrasse ont bien perçu ce besoin. Je ne doute pas de son succès.
* Pour en savoir plus, voir l’entretien que nous a accordé sa cofondatrice, Fatima Bakhti, au sujet de la prochaine édition de son séminaire annuel (pour y accéder, cliquer ici).
A lire aussi les entretiens avec Charles Cosson et Alice Blanchard, respectivement responsable de la Terrasse Discovery +X et porteuse du projet de Lab innovation (pour y accéder, cliquer ici) et Laure Beyler « éclaireuse » à La Cordée (cliquer ici).
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