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Agriculture & Alimentation

Un cadre commercial devenu… gentleman-farmer (1re partie).

Le 27 mars 2012

Le Plateau de Saclay, ses chercheurs, ses étudiants, ses élus, ses artistes,… et ses agriculteurs ! Rencontre avec l’un d’eux, Charles Monville, au parcours atypique…

Par Nadia Diminutto

Il en rêvait : exploiter une ferme d’élevage avicole, comme celle de ses grands-parents. Après des années passées comme cadre commercial à Nature et Découvertes, Charles Monville a sauté le pas, en 2006. Quatre ans plus tard, il prenait possession d’une exploitation sur le Plateau. Visite des lieux, à Bièvre, route de Favreuse, au milieu de ses volailles, élevées au grand air.

Pour disposer de sa ferme, Charles Monville a dû d’abord devenir éleveur, un métier dont il ignorait tout ! En 2006, il suit une formation d’un an, bénéficiant pour cela de l’aide du Fongecif. Avant son installation sur le Plateau, il y eut un détour par la Touraine, où il a pu passer à la pratique, sur un ha. Sa recherche de foncier le conduit ensuite à Bièvre, sur la route de Favreuse. « Je cherchais des terres sur le Plateau.» Par chance, un important exploitant du coin, Mr Vandame, a accepté d’abandonner 4 ha loués à la Région par l’intermédiaire de l’Agence des espaces verts (AEV). « On m’a accordé un bail rural dit à long terme environnemental, de 21 ans ! Comme j’en ai 42 aujourd’hui, il m’accompagnera jusqu’à ma retraite ». Un bail de 5 à 10 % moins cher que les baux ruraux traditionnels, mais plus contraignant puisqu’il oblige l’exploitant à se convertir totalement au bio.

Un élevage bio made in Bièvre

Aujourd’hui, l’exploitation avicole de Charles Monville ne compte pas moins de 7 000 poulets de chair et 300 volailles festives (chapons et poulardes) ainsi que 200 poules pondeuses. Les volailles sont réparties dans neuf petites cabanes en bois sur une prairie de 4 ha. Ces cabanes sont mobiles, ce qui permet de régénérer la zone la plus fortement piétinée autour des poulaillers. « Les poulets entrent et sortent, selon les cycles de la lumière du jour, sans contraintes » explique Charles Monville. Et la clôture électrique qu’on ne manque pas d’apercevoir ? « Elle est simplement destinée à éviter les prédateurs extérieurs ! »

Les poulets ont une durée de vie garantie d’environ 105 à 120 (soit entre 3 et 4 mois), les poules pondeuses de 12 à 18 mois, avec une période de ponte effective au bout de 4 mois et demi. A mesure qu’elles prennent de l’âge, la production baisse à 3-4 œufs par semaine, « mais, précise Charles Monville, ils sont alors plus gros, ce que le consommateur préfère ». Les poussins, qui arrivent le jour même de leur naissance, sont installés directement dans leur cabane, sur un lit de paille. Au bout de trois semaines, la cloison séparative est ôtée et toute l’habitation devient disponible pour les petits poulets. L’alimentation est adaptée aux besoins de chaque âge.

Où trouver des fournisseurs en bio qui permettent d’assurer à la fois la quantité et la régularité ? La réponse n’est pas simple. D’où l’importance de la conversion en céréales biologiques de l’exploitation de Mr Vandame : elle permettra d’assurer près 75% des besoins alimentaires.

L’objectif de Charles Monville est clair : être aussi autonome que possible, car les coopératives ont peu de stocks de blé bio disponibles. Un hangar a été construit à cette fin : il abrite quatre silos de céréales et d’oléo-protéagineux. Seuls les tourteaux sont livrés tous les deux mois par un négociant breton. « Le transporteur arrive avec son camion de 30 t à 7 h du matin, pour tenir compte des contraintes du trafic francilien. »

Bien d’autres contraintes ont par chance pu être surmontées. C’est le cas de l’abattage qui, il y a encore peu, occupait l’agriculteur une journée par semaine. Charles Monville chargeait environ 150 poulets, se rendait au laboratoire d’abattage de la bergerie nationale de Rambouillet, effectuait l’abattage lui-même, rechargeait et reprenait la route jusqu’à Bièvres avant de décharger les carcasses et de les stocker dans un réfrigérateur en vue de la commercialisation. Au bout d’un an et demi, il a décidé de disposer de son propre local d’abattage et d’un laboratoire. Revers de la médaille : il a perdu le label Communauté Européenne et, par voie de conséquence, le « marché » de la cantine scolaire de Bièvres pour qui cette certification est obligatoire.

Un hangar multifonctions

L’hangar est multifonction. « Il fallait un bâtiment suffisamment évolutif pour accueillir tous les équipements nécessaires au bon fonctionnement de l’exploitation : le secteur des silos et de préparation des aliments d’une part, le laboratoire avec le centre d’abattage et la chambre froide, d’autre part, enfin, le local de vente indépendant pour accueillir le public.» D’une superficie de 500 m2, il a représenté un investissement de 120 000 € pour son aménagement, auxquels se sont ajoutés  110 000 € pour l’atelier d’abattage, le laboratoire et le local de vente. Le toit a été équipé de 150 m2 de panneaux photovoltaïques. La consommation annuelle d’électricité de l’exploitation est ainsi couverte par les ventes de la production à EDF. « La nature et la couleur du bardage ont été étudiées de manière à s’insérer dans le paysage. »

La suite, dans les prochains jours.

La photo publiée en Une est du photographe Patrick Evesque qui a fait une série magnifique sur le travail de Charles Monville, à découvrir sur son site et son blog.

Adresse de Charles Monville : EARL BOMON, Route de Favreuse, 91570 Bièvres.

 

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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