Un cabinet pour une médecine préventive, personnalisée, prédictive
Entretien avec Olivier Colin, cofondateur & président de La Maison de l’Innovation de la Médecine Spécialisée, qui a conçu le Cabinet Médical 2030®.
Le 17 décembre dernier, la Terrasse Discovery +x accueillait une nouvelle édition du Demo Day, un concours de pitchs devant un jury constitué d’investisseurs, d’entrepreneurs innovants ayant bénéficié du programme Discovery Accélération. En voici un premier écho à travers le témoignage d’Olivier Colin, cofondateur & président de La Maison de l’Innovation de la Médecine Spécialisée, qui a conçu le Cabinet Médical 2030®.
- Si vous deviez, pour commencer, pitcher votre concept ?
Olivier Colin : Il s’agit d’un cabinet médical conçu pour soigner plus et mieux en adaptant l’accès aux soins aux besoins des territoires, tout en préservant la qualité de vie des médecins – il réduit le poids des contraintes administratives sur l’exercice de leur métier. Pour cela, nous faisons du Cabinet Médical 2030® un creuset d’innovations technologiques et organisationnelles. Nous avons beaucoup investi pour développer nos innovations en tirant profit de l’IA. Notre ambition est de contribuer à passer d’une médecine traditionnelle à une médecine préventive, personnalisée et prédictive.
- Que dites-vous à ceux qui objecteraient que le patient n’attend pas nécessairement une médecine s’en remettant autant à la technologie et l’IA ?
O.C. : La technologie que nous mettons en œuvre dans le cadre du Cabinet Médical 2030® est d’abord destinée à favoriser le colloque singulier entre le patient et le médecin. Nos innovations permettront de gagner du temps médical lors de la consultation. Nous attachons beaucoup d’importance à ce que l’expérience patient et la pratique médicale satisfassent à la fois le patient et le professionnel de santé.
- Qu’est-ce qui vous a prédisposé, dans votre cursus de formation et professionnel, à vous lancer dans cette aventure ?
O.C.: Cela fait environ vingt ans que je travaille pour la médecine de ville… J’en suis donc un observateur privilégié qui a pu en mesurer les forces et les faiblesses.
- En tant que médecin ?
O.C. : Non, je ne suis pas médecin, à la différence de mes deux cofondateurs – l’un est cardiologue, l’autre généraliste. En revanche, je m’intéresse à l’innovation médicale, dont j’ai pu mesurer les retombées aux États-Unis, précisément à Houston, au Texas, qui héberge le plus grand hôpital au monde. Lequel se trouve être aussi un haut lieu de l’innovation médicale et ce, dans tous les domaines. Il est en mesure de soigner des centaines des millions de patients, grâce à des milliers de collaborateurs dont le travail est, justement, facilité par l’intégration des innovations. De retour en France, j’ai été frappé par le constat que j’ai pu y faire avec mes futurs associés, à savoir : les réponses apportées aux problématiques de la médecine de ville, notamment celles liées aux déserts médicaux, étaient loin d’être toujours pertinentes. C’est ce qui m’a convaincu de m’investir dans ce domaine. Car, plutôt que de me borner à critiquer la situation, j’ai eu envie d’agir. C’est comme cela que j’en suis venu, avec mes associés, à imaginer le Cabinet Médical 2030®.
- À défaut d’être médecin, mettez-vous à profit des compétences d’ingénieur ?
O.C.: Entrepreneur spécialisé dans la santé depuis près de 20 ans, je suis désireux d’apporter des solutions à ce domaine en pleine évolution. Ce qui m’a conduit à créer avec des médecins la Maison de l’Innovation de la Médecine spécialisée (MIMS). Notre ambition : faire en sorte que tout le monde ait accès aux technologies pour se soigner. C’est dans ce cadre qu’a été pensé le concept du Cabinet Médical 2030®. Je crois beaucoup au métissage intellectuel, car c’est propice au pas de côté. Innover, cela suppose aussi et peut-être d’abord d’être capable de réunir autour d’une même table des personnalités de différents horizons disciplinaires et professionnels.
- De fait, on dit souvent que le talent d’un startupper est de savoir s’entourer de personnes qui ont les compétences qu’il n’a pas…
O.C. : Oui, et dans mon cas, il s’agit donc de deux médecins, qui ont fait bien plus que m’entourer puisqu’ils sont cofondateurs, à égalité dans le capital de l’entreprise. La complémentarité est nécessaire, mais pas suffisante. Encore faut-il des liens d’amitié, des convictions partagées. C’est le cas en ce qui nous concerne.
- Où en êtes-vous dans le développement du Cabinet Médical 2030® ?
O.C. : Nous travaillons depuis quatre ans sur ce sujet. Des cabinets ont d’ores et déjà été vendus en France et à l’étranger. Nous proposons pour chaque projet un audit pour coller au plus près des besoins du territoire, des usagers et des élus locaux. Selon qu’on est proche d’un CHU ou d’un groupe hospitalier privé, le Cabinet Médical 2030® ne sera pas conçu de la même façon.
- Nous réalisons cet entretien à l’issue du Demo Day. Quel bilan dressez-vous ?
O.C.: En tant qu’entrepreneur, je pense que partager est la première chose à faire quand on veut innover, de parler du projet, pour ne serait-ce que se faire challenger. La formation et le pitch devant les investisseurs ont été bénéfiques. Ils m’ont permis de prendre du recul et d’ajuster notre stratégie.
- Les allers et retours à la Terrasse Discovery +x vous ont-ils convaincu de porter votre attention sur l’écosystème Paris-Saclay ?
O.C.: Oui, bien sûr. Paris-Saclay est un haut-lieu d’innovation technologique et nous devons donc en être. Nous avons d’ailleurs déjà des liens avec cet écosystème : nous travaillons avec des entreprises qui y sont installées comme, par exemple, Illuin Technology, une société de conseil et services en IA et Data Sciences, créée par des ingénieurs issus de CentraleSupélec. Nous allons par ailleurs y ouvrir des Cabinets Médicaux 2030®, le premier à Saint-Aubin. Naturellement, nous tenons compte de l’ouverture du nouveau Groupe hospitalier Nord-Essonne.
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