Entretien avec Inès Manseur, étudiante en droit à l'Université Paris-Saclay
Si vous vous êtes rendu à l’EPA Paris-Saclay durant la première quinzaine de juillet, vous l’avez forcément rencontrée. C’est elle qui assurait l’accueil le temps d’un remplacement. Au vu de son professionnalisme, vous avez dû vous dire, tout comme nous, qu’elle avait certainement suivi une de ces formations au métier d’agent d’accueil. Et bien non. Inès, c’est son prénom, poursuit actuellement des études de droit à l’Université Paris-Saclay. Elle a bien voulu témoigner de ce qui l’a motivée à opter pour ce cursus, mais aussi à rejoindre l’établissement le temps de son intérim.
- Personnellement, en constatant le professionnalisme avec lequel vous avez assuré l’accueil à l’EPA Paris-Saclay, je me suis dit que vous aviez probablement suivi une formation au métier d’agent d’accueil. Pour avoir discuté avec vous, j’ai découvert que ce n’est pas le cas…
Inès Manseur : [Rire]. Non, en effet. Je viens de valider ma première année de licence de droit sur le campus d’Orsay de l’Université Paris-Saclay. Je compte poursuivre en 2e année. Mais avant, j’avais fait une première année de classe préparatoire littéraire à Nice qui m’a permis de parfaire mon apprentissage de langues vivantes – l’espagnol et l’anglais – mais aussi du grec ancien. Pour avoir grandi jusqu’à mes dix ans à Alger, je pratique également l’arabe dialectal.
- Qu’est-ce qui vous a inclinée à aller vers le droit ? Et quel droit d’ailleurs ?
I.M.: Au risque de vous décevoir, ma vocation pour le droit m’est venues des séries américaines que j’aimais regarder. Le droit s’est aussi imposé par éliminations successives : étant littéraire, je ne voyais pas poursuivre dans un cursus scientifique. Je ne voulais pas non plus faire d’études commerciales. Restaient encore la littérature et les langues. Mais ma première année de classe préparatoire ne m’avait pas convaincue de poursuivre dans cette filière. Ne restait donc plus que le droit. Mais ce n’est pas pour autant un choix par défaut. En vérité, depuis longtemps, j’étais attirée par l’univers du droit. En 3e, j’avais fait un stage d’observation dans un cabinet d’avocats. Il était spécialisé dans le droit du travail. J’ai juste eu un moment d’hésitation en Terminale : autour de moi, on me dissuadait de faire du droit, considérant que c’était une discipline trop formelle, pas assez vivante. J’ai donc un temps songé à faire des sciences politiques. Mais j’avais le sentiment qu’elles m’ouvriraient moins de portes, de débouchés, qu’une licence de droit. J’ai donc finalement opté pour ce cursus, à l’issue de mon année de classe préparatoire. Et quand bien même aujourd’hui je ne sais pas encore précisément dans quelle spécialité je vais m’orienter, je ne m’en inquiète pas plus que cela. Je sais que j’aurai encore le choix à l’issue de ma licence.
- Vous avez désormais le recul de la première année pour être convaincue désormais que c’était bien la voie qui vous convenait…
I.M.: Effectivement, je ne regrette pas mon choix. Le deuxième stage que j’ai fait récemment m’en a encore convaincue. Il s’agissait plus précisément d’une formation aux soft kills, en présence d’autres étudiants, dans un grand cabinet situé à deux pas de la tour Eiffel – cela vous donne une idée de son standing ! Un cabinet spécialisé, cette fois, en droit des affaires, qui fait partie d’un groupe américain disposant de bureaux un peu partout dans le monde. Nous avons pu échanger avec une dizaine d’avocats dont les deux dirigeants du cabinet. J’ai aussi pris la mesure de la polyvalence d’un avocat : un spécialiste du droit de l’aménagement, par exemple, pouvait être amené à travailler sur des dossiers relevant d’autres droits, dans une démarche collaboratif avec ses collègues. Tous les avocats de ce cabinet que j’ai pu interroger me l’ont dit : c’est un métier dans lequel on ne s’ennuyait jamais !
- En amont de cet entretien, vous m’avez aussi évoqué votre intérêt pour le droit du sport...
I.M.: En effet ! [Rire]. Mais pourquoi ce droit ? En vérité, je ne saurais vous le dire. Ne pratiquant aucune activité sportive, je ne pourrais mettre en avant une passion pour le sport. Peut-être est-ce parce qu’il est particulièrement rémunérateur [rire] – c’est de fait une niche qui ne compte encore que peu de spécialistes. En tout cas, l’idée de représenter les intérêts d’un sportif ou d’une équipe me séduit, de même que le challenge que cela peut représenter. Même si les dossiers à traiter relève a priori du droit commercial, cela en fait un droit peut-être plus « vivant » que d’autres droits, comme le droit immobilier par exemple : les avocats sont probablement conviés à des événements sportifs, en plus d’être amenés à échanger régulièrement avec leurs clients dans un rôle de conseil. Autant de choses qu’il me plairait de vivre car je ne conçois pas exercer un métier routinier et casanier ! Si je dois en exercer un pendant plus de quarante ans, autant qu’il m’offre des motifs d’étonnement !
- Qu’est-ce qui au plan familial vous a prédisposée à vous engager dans des études de droits ? Des parents juristes, avocats ?
I.M.: Pas du tout ! Je dois être la première et la seule pour le moment dans ma famille à m’être engagée dans cette voie.
- Comment vous êtes-vous retrouvée à l’EPA Paris-Saclay pour y assurer l’accueil ?
I.M.: C’est le fruit du hasard. En quête d’un job d’été, j’ai passé un entretien chez Pénélope, une agence spécialisée dans l’accueil en entreprise. Étant Palaisienne, elle m’a proposé le poste en intérim pour une durée de deux semaines [les locaux de l’EPA Paris-Saclay sont situés à Palaiseau]. Ironie de l’histoire : durant ma première année de Licence, je suis passée chaque jour devant le bâtiment qui abritent les bureaux de l’EPA Paris-Saclay, mais qui longtemps paraissait vide [l’Établissement y a aménagé en mars 2025].
- Quel enseignement tirez-vous de cette expérience ? Cela a-t-il été l’occasion de vous éclairer sur les enjeux du projet d’aménagement porté par ce dernier ?
I.M.: J’ai mis à profit ma mission d’interim pour me renseigner et pu prendre ainsi mieux la mesure de l’ampleur du plateau de Saclay. Cela étant dit, cette mission m’aura réservé quelques surprises : je ne m’attendais pas à serrer la main de Valérie Pécresse [présidente de Région Île-de-France, mais également du Conseil d’Administration de l’EPA Paris-Saclay]. [Rire]. Je ne m’attendais pas non plus à devoir demander leur carte d’identité à des élus [comme on l’exige de tout visiteur] avant que ceux-ci, par chance, devancent ma demande en se présentant en tant que maire de telle ou telle commune, et m’épargnent ainsi le ridicule d’un impair ! [Rire].
Pour quelqu’un de plutôt timide comme moi, l’expérience a été plus que bénéfique : je n’avais pas d’autres choix que de devoir interagir avec, outre les salariés de l’établissement, de nombreuses personnes, qui se présentaient ainsi à l’accueil, ou qui appelaient au téléphone. J’ai le sentiment d’avoir gagné en confiance et en aisance dans le relationnel. Ce qui me sera bien utile quand je serai avocate !