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Serge, l’appli qui veut vous faire mieux connaître votre ville.

Le 4 avril 2019

Suite de nos échos à la cérémonie de clôture du prix Design & Science 2019 de l’Université Paris-Saclay, organisée le 14 mars 2019 au Palais de la découverte, à travers le témoignage de Christian David Rodriguez, élève-ingénieur de Télécom ParisTech, qui a mis au point avec son équipe (sur la photo, ci-dessus), « Serge », une application destinée à aider les citadins à mieux vivre la richesse de leur ville, en mettant mieux à profit l’offre multimodale.

– Si vous deviez pitcher « Serge » ?

Serge, c’est une application qui permet de faire une autre expérience de la ville, en tirant profit de l’offre multimodale dont on dispose désormais entre les transports en commun, les Vélib’, les trottinettes…

– Comment marche-t-elle ?

C’est très simple. Cela se fait en cinq étapes. Etape 1 : depuis votre smartphone, vous achetez un abonnement multipass Serge sur son site ; vous recevrez ensuite un email pour télécharger l’application. Etape 2 : vous configurez votre profil ainsi que vos trajets quotidiens. Etape 3 : vous programmez votre trajet, soit en vous adressant oralement à Serge, soit en utilisant votre clavier (en appuyant deux fois de suite sur son image). Etape 4 : une fois la destination indiquée, vous appuyez sur « Envoyer ». Enfin, étape 5 : suivez les indications de Serge, qui va tout faire pour vous faire passer par des rues agréables et belles et, surtout, adaptées à votre moyen de transport. Voilà pour le projet que nous avons imaginé à l’horizon 2020, c’est à-dire demain. Mais nous nous projetons déjà en 2023 en imaginant d’intégrer une carte multipass GPS E-Paper, pour tenir compte de l’évolution des smartphones et gagner encore en simplicité dans les interactions avec Serge.

– Qu’est-ce qui différencie Serge des applications existantes dans le domaine des mobilités ?

Dans notre idée, Serge ne permet pas seulement d’accéder à l’ensemble de l’offre modale, au moyen d’un abandonnement multipass. Il vous encourage à changer de trajet pour mieux découvrir la ville dans toute sa richesse. Si vous en tenez à Google Maps ou d’autres applications de ce genre, le risque pour vous est d’emprunter toujours les mêmes itinéraires. Résultat : de la ville où vous êtes, vous ne verrez toujours que le même paysage. Le fait de changer de trajet permet de découvrir d’autres éléments du patrimoine, d’autres édifices, à côté desquels vous passeriez sinon. Bien plus, Serge vous fournit toutes sortes d’informations sur ceux qui retiennent votre attention.
Certes, le risque est de rallonger votre parcours, mais grâce à la nouvelle offre multimodale (Vélib’, trottinettes…), vous disposez de bien plus de moyens pour vous déplacer rapidement. Et notre conviction, c’est que c’est en diversifiant vos modes de déplacement et en privilégiant de surcroît les plus doux, que vous pourrez transformer la ville et préserver la santé des citadins.

– Avec Serge, nous sommes donc bien dans la thématique de l’IA…

Oui, car, bien évidemment, Serge s’appuie sur un algorithme qui permet de croiser les données relatives aux différents modes de déplacement.

– Et pour l’ingénieur que vous êtes, quel a été l’apport du design ?

Cet apport a été essentiel car c’est lui qui a permis de différencier notre offre. Comme vous le faisiez remarquer, il existe déjà des applications dédiées à la mobilité multimodale, mais elles prêtent pas toujours attention à l’expérience utilisateur. La nôtre se présente sous les traits de Serge avec lequel on ne peut qu’avoir envie de sympathiser. On y recourt comme on solliciterait un ami, en qui on a confiance.

– Qu’est-ce que vous a apporté le fait de travailler avec des designers ?

Cela a été une expérience incroyable ! Nous étions deux ingénieurs (moi de Télécom ParisTech, donc, l’autre de CentraleSupélec) et deux designers, de Strate. Ecole de design. En tant qu’ingénieur, je suis plutôt enclin à calculer, à chercher des solutions à des problèmes donnés. Travailler avec des designers m’a permis d’aborder ces problèmes différemment, en explorant d’autres pistes. Nul doute que Serge n’aurait pas vu le jour si nous n’avions pas combiné nos manières de faire.

– Comment envisagez-vous la suite ? Vous nous avez donné à voir un prototype. Envisagez de créer une start-up ?

Le propre d’un entrepreneur est de transformer le monde ! Or, justement, c’est ce que nous voulions nous aussi, mes camarades et moi, en imaginant une solution permettant de transformer en profondeur le rapport aux transports, car, encore une fois, nous sommes convaincus que c’est comme cela que nous transformerons la ville et lutterons contre la pollution. Une autre de nos convictions, c’est que cela ne passe pas nécessairement par des solutions de mobilité toujours plus rapides, mais qui aident à renouer notre relation avec notre environnement, en y posant un autre regard. Créer une start-up pour aller plus loin, alors oui, pourquoi pas…

– Ce qui supposerait d’élargir encore les champs de compétences de votre équipe ?

Oui, sans doute. Cela étant dit, nous inscrire dans une démarche entrepreneuriale, c’est ce à quoi nous sommes formés à Télécom ParisTech comme à CentraleSupélec et les autres grandes écoles d’ingénieurs. Nous y avons des cours d’initiation au business. Personnellement, avant d’intégrer Télécom ParisTech, j’ai déjà participé à la création d’entreprises innovantes, dans mon pays, la Colombie, en mettant à profit mes compétences en électronique. Je sais donc ce que sont une étude de marché, un business plan, etc. Bref, je crois disposer d’un minimum des compétences requises pour me lancer avec d’autres, quitte à recruter ensuite des spécialistes pour développer la société.

– Qu’est-ce qui vous a motivé à franchir l’océan Atlantique pour intégrer Télécom ParisTech ?

Tout simplement le fait que la France était pour moi une destination de rêve ! Ici, l’Etat providence est encore une réalité. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant d’autres pays, comme les Etats-Unis, par exemple. Et puis, la France est un pays démocratique, ce qu’on ne peut pas dire non plus de nombreux autres pays. Ensuite, j’ai été encouragé à rester pour y achever mes études. Une fois diplômé, nul doute que je contribuerai à promouvoir l’ingénierie française dans mon pays et le reste du continent d’Amérique latine.

– Au fait, pourquoi « Serge » ?

(Eclat de rire) Le prénom s’est sorti comme ça, de nos échanges, sans qu’il y ait plus de raison à cela ! Même quand on est ingénieur, il faut admettre que tout ne découle pas d’un choix raisonné ! Cela dit, je trouve que c’est un prénom sympa, qu’on peut prononcer facilement en français comme en espagnol !

– Les prix vont être décernés. A vous entendre, le fait d’avoir participé au concours suffit à votre bonheur…

Bien sûr, mon équipe aimerait bien en décrocher au moins un des trois prix et je pense que nous avons nos chances. Mais comme vous avez pu le constater, les autres projets sont tous d’un très bon niveau. Et puis, comme vous le dites, participer à ce challenge a été déjà une chance. Quelle que soit l’issue de la soirée, j’en repartirai heureux.

A lire aussi les entretiens avec :

– Philomène Desjonquères (ENSTA ParisTech), Annouk Voisin et Amine (de Strate. Ecole de design), qui ont conçu « Prisme », une application qui permet de rendre le lecteur plus actif dans sa lecture de la presse et lauréats du prix Design & Science (pour y accéder, cliquer ici) ;

– Jean Vassoyan (Télécom ParisTech), Louis Billotte (Strate. Ecole de design) et Philippe Martin (ENSTA ParisTech), qui ont conçu Eye Care, une application permettant de valoriser toutes les informations fournies par nos rétines sur notre état de santé, et lauréats du Prix Laval Virtual (cliquer ici) ;

– Vincent Créance, directeur du Design Spot, en charge de l’organisation du prix Design & Science – entretien accordé en amont de la cérémonie de clôture (cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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