Satie ou l’art de mettre en musique l’interdisciplinarité.
Suite de nos visites des laboratoires de l’Institut d’Alembert, appelés à rejoindre le Plateau de Saclay, avec, cette fois, le Satie, dédié à l’electrical engineering. En plus de justifier le choix de cet anglicisme pour caractériser son domaine de recherche, Pascal Larzabal, son directeur, expose sa conception de l’interdisciplinarité, avant de donner sa vision de la future Université Paris-Saclay.
Un léger accent chantant le laisse deviner tout comme d’ailleurs son patronyme : Pascal Larzabal est originaire du Pays-Basque, ce qu’il met un point d’honneur à rappeler d’emblée. En guise de diplôme et de formation, ce directeur de laboratoire de recherche de l’ENS Cachan met aussi en avant… un BEP-CAP électronique. « Adolescent, je pensais me destiner à la réparation de TV. » Des diplômes d’enseignement supérieur et des concours réussis, son cursus en compte pourtant beaucoup : en 1985, il intègre l’ENS Cachan, en 1988, il est agrégé. « Ensuite, j’ai longtemps hésité entre un DEA de philosophie de sciences et un DEA en traitement de signal. » Finalement, il optera pour le second. Enfin, il y aura une thèse, qu’il choisit de faire en convention Cifre. « Etant appelé à enseigner dans la filière technique, je voulais d’abord connaître le monde de l’industrie à travers une expérience directe plutôt que par les livres. » Il travaillera ainsi trois ans chez un industriel et non des moindres (Thales), avec le Satie comme laboratoire de rattachement. « A l’époque, beaucoup de personnes m’avaient dit qu’après cela, il me serait impossible de revenir dans le monde académique. Or Impossible, n’est pas… basque : on peut faire carrière dans le monde académique, même après un détour dans l’industrie. »
Après sa thèse, il part donc en quête d’un poste d’enseignant. « Je souhaitais rester cependant dans des milieux orientés vers le monde professionnel. » D’où le choix de se tourner vers l’IUT de Cachan où il est recruté comme maître de conférences en 1993, avant d’être nommé professeur au début des années 2000. Quant au choix du laboratoire de recherche, qu’il lui fallait intégrer en parallèle, il opte pour le Satie. « La tradition et les usages, explique-t-il, auraient voulu que je fisse ma recherche sur le Plateau de Saclay. Mais j’ai gardé un si bon souvenir de ce laboratoire. » Il y monte très vite une équipe de recherche en traitement de signal. « C’est alors que j’ai pris la mesure de mon intérêt non seulement pour la recherche, mais aussi le management d’une équipe de chercheurs. » Tant et si bien qu’il en devint le directeur, en janvier 2007.
Bien que le Satie soit localisé à Cachan (dans la proche banlieue parisienne), sur le campus de l’ENS du même nom, Pascal Larzabal n’en perd pas pour autant de vue le Plateau de Saclay. « En tant qu’enseignant, précise-t-il, je relève aussi de l’Université Paris-Sud. » Ensuite, il participe très activement aux réunions de travail sur l’organisation de la future Université Paris-Saclay, que son laboratoire est appelé à intégrer. « Le fait de représenter deux établissements d’enseignement supérieur – l’ENS Cachan, à travers le Satie, Paris-Sud, à travers l’IUT de Cachan – fait que mes interventions respectent autant l’excellence de la pédagogie en IUT que l’excellence de la recherche dans un laboratoire. ». Cela explique aussi son attachement à pousser aussi loin que possible le rapprochement enseignement/recherche. « Car à trop vouloir défendre l’enseignement, des enseignants en oublient la recherche et, inversement, des chercheurs, à trop vouloir défendre la recherche, en oublient l’enseignement ! Or, l’université a vocation à être le lieu de création du savoir et de sa diffusion. Les deux doivent donc être envisagés en synergie. »
Pour accéder à la suite de la découverte du Satie, à travers un entretien avec son directeur, cliquer ici.
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