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Science & Culture

Retour sur un événement original : CURIOSITas.

Le 11 novembre 2013

Du 10 au 15 octobre 2013, s’est déroulée sur le campus de Paris Saclay la première édition de CURIOSITas, une manifestation originale qui propose de faire dialoguer sciences et arts à travers des installations artistico-scientifiques conçues par des étudiants en science et des artistes, eux-mêmes en formation ou confirmés. Christian Jacquemin, en charge de la coordination, a bien voulu témoigner à travers une contribution écrite au Média Paris Saclay.

Le  festival arts-sciences CURIOSITas Paris-Saclay a permis d’assister à des événements hors norme sur plusieurs établissements du Campus Paris-Saclay pendant une semaine du 10 au 15 octobre 2013. S’il s’agissait bien d’un festival artistique, celui-ci nous a donné à voir des œuvres surprenantes, déroutantes, ludiques ou sérieuses, interactives ou contemplatives, et souvent auditives et visuelles. Cette « différence » vient probablement de la mise en œuvre de ces projets puisqu’ils reposaient tous sur l’association d’un étudiant du Campus Paris-Saclay avec un/e artiste ou un collectif d’artistes. Ce festival se démarque donc des festivals d’art en milieu universitaire en ce que les étudiants scientifiques n’en sont pas les artistes, même s’ils peuvent avoir une forte sensibilité artistique et la valoriser dans le cadre de cette collaboration. L’hybridité des projets, signature forte de ce festival, invite la communauté artistique dans l’arène scientifique du Plateau et de ses établissements, mais invite aussi, par la même démarche, les scientifiques dans l’imaginaire créatif des artistes avec lesquels ils s’associent.

Au-delà d’une collaboration scientifique

La collaboration arts-sciences va bien au-delà d’une collaboration scientifique, même pluridisciplinaire. Même s’ils possèdent en commun un besoin de créer pour valoriser leur pratique, artistes et scientifiques ne parlent pas le même langage, n’œuvrent pas sur des pratiques similaires, ne valorisent pas leurs œuvres selon les mêmes modes.  Ayant participé fortement à la coordination de ce festival, je voudrais témoigner de la démarche merveilleuse de la rencontre entre artistes et étudiants scientifiques autour d’une œuvre commune, en en mettant en exergue une facette apparemment anodine, car il me semble que c’est dans cette rencontre et ses catalyseurs que se trouve la raison d’être d’une telle manifestation.

Dans le cadre du festival, quatre projets ont reposé sur le détournement créatif d’un instrument de mesure. L’instrument physique, ses contraintes et les données qu’il délivre ont servi de socle au dialogue arts-sciences autour d’œuvres scénarisant la valorisation créative de ces données. Le projet « Fluorythme » a utilisé un capteur de fluorescence des plantes pour créer un instrument de synthèse sonore basé sur des végétaux en mouvement, « Abécédaire du geste usuel » a recyclé des données de capture de mouvement dans un outil de modélisation 3D pour en faire des sculptures, « Brain Puzzle » a transformé un casque électro-encéphalogramme en interface cérébrale pour un dispositif visuel interactif, « Dessine-moi un paysage sonore » a utilisé un stylo anoto d’écriture  numérique comme instrument de conception d’un paysage sonore et, enfin, « Chorus Digitalis » a fait passer des tablettes graphique du statut de médium de saisie graphique à celui de médium de contrôle sonore de voix de synthèse. Ces détournements dépassent l’anecdote. Ils servent de lieu de croisement des pratiques parce que l’étudiant/e scientifique y met en œuvre sa capacité à définir un contexte  « expérimental » permettant des mesures discriminantes, et parce que l’artiste donne un sens à ces mesures en les  incorporant dans une œuvre créative. Sur le plan scientifique, le capteur ainsi transformé peut ouvrir à de nouvelles problématiques : Fluorythme questionne la sonification des données végétales, Abécédaire du geste usuel propose un nouvelle forme de visualisation (physique) du mouvement, Brain Puzzle permet de déceler des caractères comportementaux, par la mise en évidence de signatures de signaux cérébraux différents d’un individu à l’autre, Dessine-moi un paysage sonore propose un environnement interactif de conception d’ambiance sonores, et Chorus Digitalis ouvre de nouvelles perspectives en organologie en proposant un nouvel instrument vocal.

Rendez-vous l’année prochaine…

CURIOSITas, s’il a bien réussi sur sa capacité à montrer des œuvres arts-sciences doit désormais attirer plus d’étudiants tant dans les participants que dans le public. Les étudiants portant œuvres proposées dans le cadre de CURIOSITas 2013 étaient essentiellement des doctorants, nous souhaitons que les étudiants de Licence, Master, IUT, Écoles d’ingénieur puissent également porter des œuvres. Nous ferons des efforts particulier pour les accompagner dans cette démarche difficile mais ô combien gratifiante et enrichissante. Certaines disciplines scientifiques étaient plus représentées que d’autres. Nous ferons également un effort pour que l’ensemble des disciplines de la communauté scientifique Paris-Saclay puissent faire l’expérience de la rencontre avec la communauté artistique. Certes il est important de mobiliser la communauté scientifique, mais c’est aussi en impliquant plus les écoles d’arts que nous pouvons ouvrir à d’autres rencontres scientifiques, les artistes souhaitant explorer des territoires larges. Nous vous invitons dès maintenant à participer à la mise en œuvre de projets pour la nouvelle édition de CURIOSITas et sommes ouverts à toutes les propositions (surtout les plus folles…) en vous rendant sur notre site : www.crea.u-psud.fr/contact.html

Par Christian Jacquemin

Photos d’Angélique Gilson (en Une : illustration de « Fluorythme » ; l’autre photo illustre « Dessine-moi un paysage sonore »).

 

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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