Le 23 mai 2018, se déroulait la première édition de Spring Paris-Saclay. Nous y étions. En voici nos premiers échos.
Spring Paris-Saclay ? En chiffre, c’est plus de 1 150 visiteurs français et internationaux, 81 investisseurs ou représentants de fonds d’investissement, 307 personnes impliquées dans l’accompagnement de l’innovation, 316 startuppers et 122 représentants de PME. C’est encore 5 sessions de pitch contest, 4 keynote et conférences traitant de différents enjeux – éthiques et sociétaux – de l’innovation technologique -, 5 villages de l’innovation sous forme de showroom technologique et 1 village « Paris-Saclay » regroupant des acteurs de l’accompagnement, de l’incubation, du conseil et du financement de l’innovation. Soit un total de 125 exposants dont 51 start-up et 31 PME issus de l’écosystème en plus de grands groupes industriels. Last but not least, c’était plus de 100 démonstrateurs de l’« usine du futur », ouverts au public par DigiHall, qui avait organisé la veille sa première édition du DigiHallDay (dont nous vous rendrons compte car nous y étions aussi).
Une communauté et une ambiance qui fleure bon l’innovation
Mais ni des chiffres ni un riche programme ne sauraient rendre compte de ce qu’est Spring Paris-Saclay, à savoir : l’expression d’une communauté d’innovateurs, mobilisée par l’ensemble des grands acteurs institutionnels de l’écosystème – l’EPA Paris-Saclay, l’Université Paris-Saclay, les CCI Essonne et Versailles-Yvelines et les Communautés d’agglomération Paris-Saclay, Saint-Quentin-en-Yvelines et Versailles Grand Parc, sans oublier la Région Ile-de-France – tous réunis avec une même ambition : faire mieux connaître l’écosystème Paris-Saclay et son potentiel, avec une myriade de partenaires de la recherche et de l’entrepreneuriat innovant (et qu’on ne peut tous citer ici tant ils sont nombreux – certains apparaîtront au fil du texte qui se poursuit).
Spring Paris-Saclay, c’est encore et peut-être d’abord une ambiance particulière, propice aux échanges et aux découvertes, mais aussi aux transactions, bref au business. Il fallait voir d’ailleurs les visiteurs (mais aussi les étudiants bénévoles avec leur t-shirt aux couleurs de Spring Paris-Saclay) aller et venir entre les villages, les séances de pitch et les keynote sans oublier les différents ateliers « Angels Café » (destinés à sensibiliser les visiteurs à l’activité des Business Angels et les informer des mesures fiscales ; c’est qu’à Spring Paris-Saclay, on aborde tous les sujets, des plus enchanteurs aux plus, disons, pratiquo-pratiques). Certes, nous n’étions pas à Viva Technology, dont la 3e édition débutait le lendemain. Mais c’est peut-être justement la chance du nouveau rendez-vous paris-saclaysien d’en être partenaire tout en cultivant sa spécificité : à Spring Paris-Saclay, malgré un programme dense, on peut prendre le temps de découvrir et d’échanger, sans être submerger par la foule et ce, dans un environnement exceptionnel, quoi qu’en encore en chantier – ce qui au demeurant nourrit le sentiment d’être au cœur d’une dynamique porteuse d’avenir.
L’innovation là où elle se fait
Spring Paris-Saclay, c’était encore l’occasion de (re)découvrir le magnifique campus de l’école CentraleSupélec et ses deux magnifiques bâtiments Eiffel et Bouygues, et bien d’autres lieux emblématiques de l’écosystème, à travers des parcours en bus et voir ainsi l’innovation « là où elle se fait » (selon le mantra de Spring Paris-Saclay), que ce soit en matière de Smart City (Bouygues Challenger, Dassault System), de mobilité (Technocentre de Renault, Institut VEDECOM) ou encore d’usine du futur (Nano-INNOV, DigiHall, CEA List, Additive Factory Hubn FactoryLab,…). N’ayant pas le don d’ubiquité (et ces parcours étant d’abord destinés à des investisseurs potentiels à qui il s’agissait de rappeler que Paris-Saclay est déjà une réalité), nous sommes restés sur le campus de CentraleSupélec, où se déroulait l’essentiel du programme.
De l’entrepreneuriat deeptech au féminin
Parmi les keynotes, deux ont retenu notre attention.
La première, organisée par IncubAlliance, portait sur « l’entrepreneuriat deeptech au féminin ». Y participaient notamment Pascale Ribon, Déléguée Générale de l’Université Paris-Saclay, Claire Godron, Directrice d’Investissement chez Partech Ventures ou encore Claude Terosier. Ancienne ingénieur de Télécom ParisTech, cette dernière a créé Magic Makers, en 2014, en vue de promouvoir l’apprentissage de la programmation créative chez les enfants de 6-15 ans à travers des ateliers hebdomadaires et des stages vacances répartis dans pas moins de cinq centres situés en région parisienne et à Bordeaux (déjà plus de 10 000 enfants ont été initiés). Il n’y a plus qu’à espérer qu’un 6e voie le jour à Paris-Saclay…
Du chemin à parcourir
Si ces différentes intervenantes étaient la preuve vivante que l’entrepreneuriat deeptech se conjugue effectivement au féminin, du chemin reste à parcourir pour faire admettre plus largement cette idée. A commencer aux premières intéressées, les femmes, qui se laisseraient encore convaincre que l’entrepreneuriat innovant est l’affaire des hommes. Pourtant, les témoignages l’attestent : les start-up qui mixent du personnel des deux sexes dans leur équipe s’en sortent mieux que les autres. Parmi les qualités qu’on peut reconnaître aux femmes qui entreprennent : une inclination plus grande à l’écoute… Ce dont la table ronde a fourni une parfaite illustration : il fallait voir en effet comme nos intervenantes s’écoutaient avec attention pour mieux rebondir sur le propos de l’une ou de l’autre. Parmi les recommandations qui ressortent de leurs échanges : la nécessité d’œuvrer le plus en amont possible, en commençant par convaincre les jeunes filles qu’elles peuvent, elles aussi, réussir dans la filière scientifique et intégrer des facultés de sciences ou de grandes écoles d’ingénieurs – le vivier s’il en est des porteurs de projets d’innovation technologique (même si celle-ci s’incarne aussi dans de tout autres profils).
Formation et pédagogie à l’heure du numérique
L’autre table ronde à laquelle nous avons assisté portait sur les enjeux de numérique et de l’innovation au regard de la formation et des transformations pédagogiques. L’occasion de faire le point sur les initiatives des universités de Paris-Saclay et Paris-Sud représentées respectivement par Elisabeth Dufour-Gergam (directrice de la formation) et Isabelle Demachy (vice-présidente en charge des transformations pédagogiques), qui intervenaient aux côtés d’Hélène Gestin, directrice de Cub School, un centre installé au sein du Cube d’Issy-Les-Moulineaux et dédié à la création numérique. D’où il ressort un réel potentiel de transformation des modalités de la formation, moyennant un effort d’appropriation des outils par les deux publics les plus directement concernés : les enseignants et les étudiants. Aussi bien français qu’étrangers, ajouterons-nous en rappelant que les deux universités représentées dans cette table ronde se caractérisent par une forte population venant des quatre coins du monde avec ses propres expériences et cultures du numérique en général et dans le domaine pédagogique en particulier.
Sessions de pitch contest : et les lauréats sont…
En dehors de ces deux conférences, nous avons assisté à plusieurs des sessions de pitch contest. Ceux qui appréciaient le Paris-Saclay Invest (nous en étions !) n’avaient guère de regret à avoir : Spring Paris-Saclay, c’est la même chose, mais en plus grand. Soit plus de 50 start-up parmi les exposants, donc, réparties en 5 villages thématiques (Climat/Energie/Environnement ; Mobilité ; Santé ; Sécurité et Smart City) dont la moitié invitées à pitcher. A ce propos, en voici, pour chaque thématique, le lauréat :
– Climat/Energie/Environnent : Biophénol, qui s’engage à substituer des produits pétrosourcés par des produits renouvelables ;
– Mobilité : BoxHome, une plateforme de mise en relation entre chauffeurs-livreurs et clients ;
– Santé : Prinsoles, qui propose de l’impression 3D adaptée à la conception de semelles orthopédiques ;
– Sécurité : Lokly, qui a conçu une solution de protection de contrôle et de partage des données en mobilité ;
– enfin, Smart manufacturing : EikoSim, une solution d’intégration des essais dans la chaîne de conception numérique.
A en croire les membres de jury venus remettre le prix, il s’en est fallu de peu que les lauréats n’aient été d’autres start-up tant le niveau était élevé et les délibérations serrées. Qui s’en plaindra ? C’est bien la preuve que le niveau d’expériences et de compétences des startuppers ne cesse de progresser au fil des années.
Si le succès d’une manifestation se mesure au nombre de personnes qui s’attardent à la séance de clôture, alors Spring Paris-Saclay peut se targuer d’avoir convaincu pour sa première édition. Malgré la déambulation de jeunes bénévoles qui signalaient avec un panneau le départ de telle ou telle navette pour telle ou telle destination (à la différence de grands événements parisiens, Paris-Saclay en est encore à devoir se doter de ce genre de moyens, s’il veut drainer des visiteurs extérieurs), les visiteurs venus de loin semblaient vouloir attendre la suivante (à moins qu’ils ne soient venus en voiture…). Faut dire qu’un épatant groupe de musiciens made in CentraleSupélec y incitait.
Une hirondelle plein de ressort
Au final, cette édition aura donné tous ses sens au mot Spring (qui, comme Cédric Villani, intervenu à la plénière d’ouverture, signifie en anglais aussi bien printemps que ressort…) : elle nous a fait l’effet d’une hirondelle annonçant la belle saison en plus de donner envie de repartir de l’avant. Une prochaine édition est d’ores et déjà annoncée. Faisons un vœu : qu’il y ait encore plus de monde, venant d’encore plus loin, pour découvrir l’innovation là où elle se fait et s’enseigne, sans oublier bien sûr… les avancées du chantier de Paris-Saclay.
En attendant, nous vous en proposerons plusieurs échos à travers les témoignages plusieurs personnes rencontrées au fil de la journée :
– Corinne Borel, présidente d’IncubAlliance qui a été à l’initiative de la passionnante table ronde sur l’entrepreneuriat deeptech au féminin (pour y accéder, cliquer ici).
– Vincent Créance, directeur de The Design Spot, qui nous donnera des nouvelles de ce lieu de développement, de recherche et de formation dans le domaine du design (cliquer ici) ;
– Marie Gervais et Titaua Izern, qui nous en donneront de leur projet d’école alternative insérée dans l’écosystème Paris-Saclay : l’Ecole (cliquer ici) ;
– Florian de Oliveria, cofondateur de la start-up Swiris, issue de la Filière Innovation-Entrepreneurs (FIE) de l’Institut d’Optique et qui a mis au point un système de vision infrarouge « révélant l’invisible aux industriels et aux scientifiques » (cliquer ici).
A bientôt, donc.
Journaliste
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