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Retour sur le workshop « Ergonomie physique et analyse du mouvement humain ».

Le 24 janvier 2019

Les 16 et 17 janvier 2019, la School Sciences du sport et du mouvement humain de l’Université Paris-Saclay organisait à l’UFR STAPS de l’Université Paris-Sud, son deuxième workshop international avec pour thème cette année « Ergonomie physique et analyse du mouvement humain ». Agnès Olivier (sur la photo], que nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer, y intervenait. Elle a bien voulu témoigner de l’enjeu de cet événement pour l’écosystème Paris-Saclay.

– Si vous deviez, pour commencer, par rappeler l’enjeu de cette double journée ?

Il s’agissait du 2e workshop international que la School sciences du sport et du mouvement humain de l’Université Paris-Saclay, organisait à l’UFR STAPS de l’Université Paris-Sud, avec pour thème, cette année, « Ergonomie physique et analyse du mouvement » (Physical ergonomics and human motion analysis). La première journée était dédiée aux formations existantes dans ce domaine, l’occasion pour la School de mettre en valeur celles qu’elle propose, mais aussi de s’informer sur ce qui se fait à l’étranger. La seconde journée était plus orientée vers la recherche avec, pour commencer, une présentation des travaux des chercheurs étrangers, puis l’après-midi, celle des chercheurs de différents établissements de Paris-Saclay – l’Université Paris-Sud, l’Université Evry Val d’Essonne, le LIMSI, le CEA-List, etc. Le thème était suffisamment général pour couvrir un large spectre de travaux. Nous avons ainsi eu des communications sur la biomécanique, relative au déplacement des personnes handicapées ou en recherche équine, les nouvelles technologie de l’analyse du mouvement (les centrales inertieles, par exemple), etc.

– Un workshop réellement international, donc…

Oui, pas moins de trois collègues étrangers avaient fait le déplacement : le Canadien Peter Keir, de la McMaster University [à gauche sur la photo], l’Allemand Markus Miezal, de l’Université de Kaiserslautern[à droite], enfin, le Suédois Lars Roepstorff, de l’Uppsala University [2e en partant de la gauche] – un vétérinaire, spécialiste de la locomotion équine et de l’interaction cavalier-cheval…

– … Dont vous nous avions parlé lors du premier entretien que vous nous aviez accordé [pour y accéder, cliquer ici]…

Oui, et je suis heureuse d’avoir pu convaincre Nicolas Vignais (Maître de conférences et responsable du Master 1 – Ingénierie et ergonomie de l’activité physique), cheville ouvrière de ce workshop, de le faire venir. Notre collaboration remonte à plusieurs années. En 2014, au moment des Jeux équestres Mondiaux en France, je l’avais fait venir au laboratoire afin de discuter d’une collaboration dans le cadre de mes travaux de recherche « RiderFeel » sur l’optimisation de l’interaction cavalier-cheval – travatx menés dans le cadre d’un appel à projet recherche pour l’Institut Français du Cheval et de l’équitation (IFCE). En 2016, il participait avec moi à des enregistrements, au Pôle Européen du Cheval, au Mans, en partenariat avec la Fédération Française d’Equitation. L’année suivante, le traitement de données nous a permis de déboucher sur de premiers résultats. Avec une collègue, Caroline Teulier, nous lui avions proposé de venir ici, à l’UFR STAPS pour une présentation de ses travaux. Il aura fallu attendre deux ans et l’occasion de ce workshop Paris-Saclay. Si je vous rappelle tout cela, c’est pour vous faire sentir combien il faut être patient quand on fait de la recherche à l’université ! Les choses peuvent prendre des années avant de se réaliser. Mais une dynamique est désormais bel et bien enclenchée et nul doute que nous pourrons aller plus loin, que ce soit en recherche fondamentale ou en recherche appliquée.

– Lui comme les autres collègues étrangers ont-ils eu le temps de découvrir l’écosystème de Paris-Saclay ?

Oui, la veille du workshop, une visite avait été organisée. Ils ont pu ainsi découvrir les équipements sportifs déjà construits – ceux de CentraleSupélec notamment – ou encore en projet.

– Y a-t-il eu un effet « waouh » ?

D’après les échos que j’ai eu de cette visite, la réponse est oui. Il y en eut un aussi au moment de la visite de nos propres locaux, même s’ils peuvent paraître bien vieillots au regard des leurs, le plus souvent situés dans des bâtiments flambant neufs. Mais le fond vaut toujours mieux que la forme ! Nos collègues ont pu voir à quel point les travaux de recherche qui y sont menés sont de haut niveau. Durant toute une après-midi, les thésards ont assuré des animations dans différentes salles de l’UFR STAPS, que ce soit sur les exosquelettes, le développement de l’enfant, la danse professionnelle avec les outils de « motion capture » ou encore sur la perception de l’espace, l’étude des mouvements oculaires etc. Ils ont pu ainsi prendre aussi la mesure de la richesse des bases de données dont nous disposons. Pour les étudiants, ces animations ont été l’occasion d’exposer leur propre sujet de recherche et de recueillir le point de vue et suggestions de chercheurs étrangers, non sans identifier avec eux des opportunités de collaboration en vue d’éventuels post-docs.

IconoAgnèsOlivier2019Arçon selle Voltaire blue infinite– Vous-même êtes intervenue au cours du workshop…

Oui, au double titre de chercheure-associée au Laboratoire CIAMS et de Responsable Recherche et Innovation au sein du Groupe Voltaire – Forestier sellier, un groupe spécialisé dans la conception, la production et la vente de selles d’équitation haut de gamme, que j’ai intégré il y a un an. Ma communication a été l’occasion de montrer comment mes travaux menés dans le cadre d’un post-doc, ici-même à l’UFR STAPS sur l’optimisation de l’interaction entre le cavalier et le cheval pouvait aujourd’hui impacter l’ergonomie de la selle, et trouver des applications dans une entreprise. Elle était complémentaire avec celle de Lars, qui aborde lui aussi les interactions cavalier-cheval, mais du point de vue de l’animal (mon propre travail partant du point de vue du cavalier).

– Où est installée cette entreprise…

A Bidart, à quelques km de Biarritz…

– ?! Comment faites-vous pour concilier cette double vie de chercheuse et d’entrepreneur dans deux territoires aussi éloignés ?

Grâce aux moyens de transport existants ! Qu’il s’agisse de l’avion (cela prend 1 h 30) ou du train (4 heures depuis la gare Montparnasse sinon de Massy-Palaiseau). Du temps tout sauf perdu, puisqu’on peut le mettre à profit pour avancer dans mon travail. Et puis, après-tout, je ne suis pas la seule seule à vivre « à cheval » – si je puis dire ! – sur deux territoires aussi éloignés !

– C’est bien la preuve que l’on peut être impliqué dans l’écosystème de Paris-Saclay, tout en travaillant à distance..

Oui. Et cela vaut pour la recherche comme pour les entreprises. Sur les plus de 110 salariés que compte le Groupe Voltaire – Forestier sellier, seule une soixantaine travaille en permanence sur le site de Bidart (lequel est dédié à la production et à la gestion). Les autres vivent ailleurs, le plus souvent à l’étranger – aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne et, depuis peu, en France. Bref, développer des projets à l’international fait partie de notre quotidien.

– Comment avez-vous cependant convaincu votre entreprise à pouvoir poursuivre vos travaux de recherche ?

Lors de mon entretien d’embauche, j’avais insisté sur le fait que mon recrutement n’aurait de sens que si je pouvais poursuivre mes travaux de recherche, de surcroît à Paris-Saclay, un environnement exceptionnel s’il en est : entre les chercheurs de l’UFR STAPS, le potentiel des ingénieurs de CentraleSupélec ou de Polytechnique, etc., il concentre toutes les compétences dont on a besoin pour développer des projets innovants en matière d’ergonomie et d’ingénierie. La présence du C2N (Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies) est tout aussi précieuse. Et puis Paris-Saclay sera directement concerné par les JO : c’est à Versailles que se dérouleront les épreuves équestres.
Aujourd’hui, mon entreprise est plus que convaincue de l’intérêt de me laisser continuer à mener ici une partie de mon travail de recherche. Je lui en sais d’autant plus gré, que ce n’est pas dans la culture des PME françaises que de chercher à cultiver des liens avec le monde académique. Mais le Groupe Voltaire – Forestier Sellier a un fonctionnement qui le rapproche du modèle anglo-saxon : il a compris l’intérêt de s’adosser à un campus, en l’occurrence celui de Paris-Saclay, pour développer des solutions innovantes.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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