Retour sur le défi des nouvelles interfaces Homme/Machine.
Jeune docteur en physique des matériaux pour le photovoltaïque au CEA Leti (Genoble), Xavier Blot a fait partie de l’équipe qui a développé une cellule avec un “rendement de conversion”*de… 46%. Pour les non spécialistes, précisons qu’il s’agit d’une vraie performance et même d’un record mondial**. Entrepreneur dans l’âme, le même Xavier Blot a cofondé Beyond Lab avec, pour vocation, de promouvoir le développement d’applications innovantes à partir de la science à travers des événements qui font se rencontrer chercheurs et ingénieurs porteurs de technologies innovantes, d’une part, entrepreneurs et entreprises capables de les concrétiser en applications commerciales, d’autre part. Nous étions présent à celui organisé conjointement avec Start In Saclay, au WAI Massy-Saclay, le mercredi 10 février dernier. Voici le micro-entretien auquel il a bien voulu se livrer à chaud.
– Si vous deviez pitcher le concept de Beyond Lab…
Comme son nom le suggère, Beyond Lab a vocation à rendre accessibles les savoirs et savoir-faire scientifiques et technologiques pour les confronter à des entrepreneurs et entreprises capables de les concrétiser en applications commerciales. Et ce, en faisant fi des frontières disciplinaires, justement dans l’idée de provoquer des opportunités et développer de nouvelles applications innovantes. Pour cela, nous organisons des événements comme cette soirée conçue conjointement avec Start In Saclay, et qui se déroulent à peu près toujours selon le même principe, en quatre temps : à l’image de startuppers, des chercheurs commencent par pitcher à tour de rôle sur leurs recherches (en lien avec la thématique de la soirée) ; le public (composé d’entrepreneurs, d’étudiants, d’investisseurs ou même, comme ce soir, d’un journaliste !) se répartit en autant de groupes qu’il y a de chercheurs, pour identifier pendant une petite heure, le potentiel d’une des technologies présentées ; puis une personne de chaque groupe restitue le fruit des échanges à l’ensemble du public. Enfin, la soirée se poursuit à travers un cocktail networking. Bref, une sorte de TEDx collaboratif…
– Reste que le public est aléatoire, à la différence des études menées auprès de bêta-testeurs identifiés en amont. Comment composez-vous avec cette réalité ?
Je ferai deux réponses à cette question. D’abord, le public n’est pas aussi aléatoire. Nous communiquons sur les événements via des canaux spécialisés, et en fonction de la thématique. Il est clair que ceux qui sont venus ce soir avaient un intérêt pour les nouvelles interfaces Homme/Machine. J’ajoute que le public qu’on cible a un niveau de qualification nettement supérieur à celui d’un événement ordinaire de networking. Ensuite, Beyond Lab s’inscrit en amont du processus d’innovation, au stade de l’invention. Un processus profondément chaotique s’il en est, qui exige de ne surtout pas chercher à maîtriser tous les aspects, justement pour mieux trouver, identifier des opportunités auxquelles on n’avait pas pensé. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? S’il existait une théorie de l’innovation qui indique comment passer du stade de l’invention à la solution innovante prête à l’usage, nous n’en serions pas à organiser ce genre d’événement. Nous assumons donc une certaine sérendipité, en revendiquant d’ailleurs cette part d’aléatoire que vous évoquiez à propos de la composition du public.
– Comment s’est faite la rencontre avec Start In Saclay, coorganisateur de l’événement et WAI Massy Saclay, qui l’accueillait ?
Beyond Lab est organisé en équipes locales, implantées dans plusieurs grandes villes : Paris, Lille, Lyon, Bordeaux… L’équipe parisienne a été contactée par Julien Capra, de Start In Saclay, pour proposer le format de ce soir, comme un outil d’animation supplémentaire de l’écosystème Paris-Saclay. La complémentarité a été parfaite entre Start In Saclay, qui connaît cet écosystème, et nous, qui sommes dotés des moyens de sourcer les projets de recherche à fort potentiel d’innovation technologique, et d’assurer la rencontre entre chercheurs et entrepreneurs.
– Quelle connaissance aviez-vous de Paris-Saclay avant de venir ce soir ?
Je perçois beaucoup d’affinités avec l’écosystème grenoblois : dans un cas comme dans l’autre, nous sommes en présence d’un vivier d’innovations technologiques, mais pas que. J’y retrouve aussi un état d’esprit original, qui peut paraître un peu insulaire au regard de grandes métropoles face auxquelles on doit trouver notre place. Loin de le vivre comme un handicap, je le conçois comme un atout avec lequel il s’agit de jouer.
– Sauf qu’ici nous sommes sur un plateau alors que Grenoble est situé en montagne…
(Rire) Peut-être, mais Grenoble a beau être au milieu de montagne, elle n’en reste pas moins une des villes les plus plates de France. Un autre point commun avec le Plateau de Saclay !
* Soit la part d’électricité produite sur l’énergie réellement captée par le soleil.
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