Qui dit Silicon Valley pense d’abord à un cluster hautement technologique, peuplé de GAFA. Or, le sait-on, ce territoire est aussi novateur dans sa manière d’appréhender les enjeux environnementaux et climatiques. Ce que Caroline Doucerain, maire de Loges-en-Josas et vice-présidente de l’agglomération Versailles Grand Parc, en charge de l’aménagement (3e en partant de la gauche, sur la photo) et Dorian Spaak, coordinateur général de Terre et Cité (à droite, sur la photo) ont pu constater par eux-mêmes : ils ont fait partie de la délégation invitée en septembre dernier par la Santa Clara Open Space Authority, une structure de l’Etat californien très impliquée dans la préservation des espaces naturels et agricoles.
– Qui dit Silicon Valley pense d’abord à un cluster hautement technologique avec sa concentration de laboratoires, d’entreprises innovantes, de GAFA… Or, vous vous y êtes rendus en septembre dernier, pour découvrir ce qui s’y faisait en matière de préservation des espaces naturels et agricoles…
Carole Doucerain : Oui, et c’est en cela que cette visite a été plus qu’utile. Elle a permis de découvrir une tout autre image de cette Silicon Valley qu’on cite si souvent en référence, mais en n’en retenant que la dimension high tech.
Dorian Spaak : Rappelons que l’Etat de Californie a été le premier dans le monde à mettre en place des mesures de protection environnementale. Le 30 juin 1864, le président des Etats-Unis Abraham Lincoln signa un projet de loi accordant à l’État de Californie 39 000 hectares de Yosemite Valley et de Mariposa Big Tree Grove. Jamais auparavant une terre n’avait été préservée pour conserver son état naturel et le rendre accessible au public. Cette législation historique a été à l’origine non seulement du système de parcs d’État de Californie, mais également du principe des parcs nationaux que nous connaissons aujourd’hui. L’Etat s’est depuis engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une géographe, Cécile Faliès, avec laquelle nous travaillons, avait déjà attiré notre attention sur cette autre facette de la Silicon Valley, avec ses espaces naturels et agricoles, la volonté de nombreux de ses acteurs de les valoriser. Comme tout cela paraissait bien loin de l’imaginaire associé à la Silicon Valley, nous nous sommes dit qu’il serait effectivement intéressant d’y aller voir de plus près.
Caroline Doucerain : Ajoutons encore que notre visite se déroulait en marge du Global Climate Action Summit, un événement à forte audience internationale que la Californie organisait. Une illustration supplémentaire de ce que cet Etat est toujours à la pointe sur les enjeux environnementaux, malgré les velléités du président Trump de les nier…
– Vous rendez-vous compte du risque que vous prenez en disant cela : recevoir un tweet cinglant dudit président…
Carole Doucerain : (rire)… J’assume cette prise de risque !
– Revenons-en à cette Santa Clara Open Space Authority : on devine l’intérêt de s’inspirer de ce qu’elle fait en matière de valorisation des espaces naturels et agricoles, d’autant plus que Paris-Saclay est considéré comme la future « Silicon Valley à la française ». Mais les deux contextes sont-ils comparables ?
Carole Doucerain : Si on s’en tient à la superficie des territoires concernés, la réponse est non. Pour mémoire, le périmètre d’intervention de la Santa Clara Open Space Authority est beaucoup plus vaste que celui de Terre et Cité – un rapport de 1 à 30 avec l’OIN de Paris-Saclay. La Santa Clara Open Space Authority et Terre et Cité ne sont pas non plus comparables. Les moyens humains et financiers mobilisés de la première sont aussi autrement plus importants. Et puis, dans son cas, nous avons affaire à une structure gouvernementale, tandis que Terre et Cité, faut-il le rappeler, est une association loi 1901. Mais les préoccupations sont les mêmes. Il était donc intéressant de partager nos expériences. Nous étions autant intéressés de découvrir ce que nos interlocuteurs californiens font qu’à faire découvrir ce qui se fait à Paris-Saclay. Si nous avions été invités, c’était d’ailleurs pour témoigner aussi de ce que nous faisions.
– Avant d’en venir aux enseignements que vous tirez de cette visite, pouvez-vous préciser qui d’autres y ont pris part du côté de Paris-Saclay ?
Dorian Spaak : A dessein, nous avions voulu un panel qui reflète la diversité de l’écosystème, tout en veillant cependant à le restreindre quantitativement. Il ne s’agissait pas d’aggraver notre bilan carbone ! Parmi les participants, il y eut donc, outre Caroline Doucerain et moi-même, Antoine du Souich, directeur général adjoint en charge de la stratégie et de l’innovation, au sein de l’EPA Paris-Saclay, et Marion Bruère, Cheffe de projet LEADER, qui accompagne les porteurs de projet locaux sur le Plateau de Saclay.
Carole Doucerain : Soulignons encore que le voyage, entièrement organisé par Terre et Cité, l’a été en réponse à l’invitation de la Santa Clara Open Space Authority. Il n’a donc rien coûté à la collectivité.
– Venons-en à la démarche de cette structure californienne. En quoi consiste-t-elle ?
Dorian Spaak : Pour la Santa Clara Open Space Authority, il faut sortir de l’opposition entre espaces naturels et agricoles (à préserver) et les espaces urbanisés (à développer). Naturellement, le réchauffement climatique dont l’Etat de Californie subit déjà les effets explique cette évolution : il a fait prendre conscience que les atteintes portées aux espaces naturels et agricoles risquent de confronter le territoire à des problématiques de plus grande ampleur, notamment en matière de ressources hydriques ou de feux de forêts. Ces conséquences ne sont pas juste environnementales : elles génèrent de nombreux dommages et impactent significativement la dynamique globale des territoires. Nous avons beau être loin du contexte de Paris-Saclay, nos territoires convergent aussi sur la nécessité de ne plus traiter les espaces naturels, agricoles ou encore forestiers comme des espaces à part, mais bien comme des composantes essentielles à un développement équilibré de l’ensemble du territoire.
– Quels enseignements tirez-vous de votre séjour ?
Caroline Doucerain : La première chose que j’en retiens, c’est qu’à rebours de l’image qu’on peut se faire des Etats-Unis, la puissance publique y est en réalité très interventionniste sur les questions d’environnement – rappelons que la Santa Clara Open Space Authority est un organisme gouvernemental, financé par des taxes prélevées sur le revenu des citoyens – taxes dont le montant, je le précise au passage, a significativement augmenté ces dernières années sans que cela ne suscite de protestations. Ces taxes ne furent pas imposées aux habitants, mais le résultat d’un vote par eux-mêmes. Manifestement, il y a une prise de conscience du fait que les espaces naturels et agricoles font partie intégrante de l’écosystème. Pour convaincre de la nécessité de leur préservation, la Santa Clara Open Space Authority n’hésite pas à mettre l’accent sur les retombées économiques et financières ni à considérer la nature comme un support d’investissements. Nous sommes bien aux Etats-Unis ! Mais après tout, pourquoi pas. Dès lors que les citoyens consentent des efforts au travers de taxes, il est normal qu’ils sachent à quoi sert leur argent et pour quel impact. Rien de tel qu’une traduction en dollars, pour convaincre les plus dubitatifs ! A l’évidence, nous ne sommes pas dans une simple logique de décroissance. Nous restons dans celle d’un développement économique, avec les investissements que cela implique, mais avec le souci de maîtriser ce développement, de veiller à ce qu’il ne porte pas atteinte de manière irréversible aux équilibres naturels. Les thématiques traitées par la Santa Clara Open Space Authority n’en sont pas moins larges puisqu’elles concernent aussi bien l’agriculture et la biodiversité que la santé, la protection de l’eau, le bilan carbone ou encore la protection contre les orages.
Dorian Spaak : L’approche économique se traduit aussi par un souci constant d’évaluation quantitative à la fois des services rendus par la nature que des impacts des phénomènes naturels au plan économique comme, par exemple, ce que peut coûter un feu de forêt ou une inondation.
Caroline Doucerain : L’intérêt d’une telle démarche est de sortir de considérations morales par essence subjectives. Il ne s’agit pas de juger encore moins de contraindre, mais d’inciter en donnant à voir des retombées concrètes. Pour la Santa Clara Open Space Authority, les politiques respectueuses de l’environnement doivent être « profitables » à la population.
Dorian Spaak : Précisons que les questions environnementales ne sont pas la préoccupation de la seule Santa Clara Open Space Authority. Bien d’autres acteurs de la Silicon Valley se sentent concernés à commencer par le maire de San José – la « capitale » de la Silicon Valley – que Caroline a eu l’occasion de rencontrer [photo ci-contre]. Je pense aussi aux urbanistes de la SPUR – une association de recherche urbaine et de planification de la baie de San Francisco. Ces différents acteurs dialoguent entre eux. Certes, ils peuvent avoir des divergences, mais ils partagent la même volonté de sortir d’une opposition entre la préservation des ressources naturelles et les questions urbaines ou le développement économique, de s’inscrire dans une vision globale.
– En sens inverse, quel intérêt représentait le témoignage de Terre et Cité pour une structure comme la Santa Clara Open Space Authority ?
Caroline Doucerain : En Californie, la logique de marché domine : la Santa Clara Open Space Authority ne dispose pas de droits particuliers pour l’acquisition de terres – elle doit y mettre le prix. Or là-bas comme ici, le développement économique accentue la pression foncière. Résultat : les agriculteurs qui n’arrivent plus à vivre de leur activité sont tentés de vendre leurs parcelles. Pour éviter une déprise agricole, la Santa Clara Open Space Authority se porte acquéreuse grâce aux taxes que nous évoquions. Elle se porte aussi acquéreuse d’espaces naturels pour la préservation de la biodiversité.
Dorian Spaak : Par contraste, l’écosystème de Paris-Saclay présente donc une particularité avec la Zone de Protection Naturelle, Agricole et Forestière (ZPNAF), quelque chose de difficilement concevable en Californie, où prime le droit de propriété et d’exploiter ses terres comme bon vous semble. La Santa Clara Open Space Authority n’a donc pas d’autres choix que d’acheter, soit les terres, sinon le droit à construire. C’est en effet une particularité de la législation californienne : concrètement, la Santa Clara Open Space Authority ne dispose pas des terres en propre, mais peut empêcher qu’on y construise des bâtiments en achetant les droits à construire. Lors du Global Climate Action Summit, le maire de San José a d’ailleurs proposé à ses administrés de rebasculer une partie de son budget aménagement dans le rachat de droits à construire sur des espaces naturels et agricoles, situés dans la Coyote Valley, un territoire de la taille de celui couvert par Terre et Cité, et qui offre l’intérêt d’être dans la continuité de la Silicon Valley.
– La Santa Clara Open Space Authority a-t-elle cependant les moyens de résister aux GAFA présents sur son territoire ?
Dorian Spaak : Oui, et ce n’est pas la moindre des surprises que nous a réservées notre séjour. D’ores et déjà, le maire de San José a refusé le droit à Apple et Google, d’y construire des extensions de leur site sur une zone naturelle préservée. Je connais peu de territoires dans le monde qui prendraient le risque de ne pas satisfaire les demandes de GAFA. Mais ce maire a considéré que c’était des surfaces stratégiques non seulement pour le maintien d’activités agricoles et la préservation de ressources naturelles, mais aussi les équilibres du système hydraulique et la prévention contre les feux de forêt, essentiels à la viabilité globale de son territoire à moyen et long terme.
– [A Caroline Doucerain] Rappelons que Loges-en-Josas compte sur son territoire un acteur industriel important, Air Liquide, qui y a installé un de ses principaux centres de R&D. Ce dernier vient tout juste d’être intégralement reconstruit, confirmant ainsi son ancrage dans l’écosystème de Paris-Saclay. Comment l’élue que vous êtes compose-t-elle avec la présence d’une telle entreprise sur son territoire ?
Caroline Doucerain : En la considérant justement comme un acteur du territoire. Certes, nous avons bien conscience qu’il s’agit d’une entreprise mondiale et qu’à ce titre, elle ait besoin de se projeter dans un horizon plus large, celui de Paris-Saclay et même bien au-delà. Air Liquide n’en a pas moins confirmé son ancrage dans la commune de Loges-en-Josas en reconstruisant intégralement son centre de R&D [l’inauguration des nouveaux locaux a eu lieu en septembre 2018]. Un projet dans la conception duquel nous avons été impliqués. Il nous intéressait d’autant plus qu’il manifestait une volonté de se tourner résolument vers le développement durable. Le nouveau centre de R&D permet à notre territoire d’accueillir la première station à hydrogène et de promouvoir ainsi des modes de transport recourant à cette source d’énergie. Deux bus à hydrogène entreront en service, dès cette année, dans notre commune. Une illustration parmi d’autres de ce que l’innovation technologique peut être au service d’un développement territorial.
Dorian Spaak : Rappelons que depuis 2017 des entreprises ont spontanément manifesté la volonté d’adhérer à Terre et Cité. Jusqu’alors, l’association travaillait principalement avec les acteurs des mondes agricole et associatif, et des collectivités. Même constat du côté des chercheurs, qui manifestent eux aussi le souhait de participer à nos projets. Preuve s’il en était besoin qu’on assiste à un changement de perception de ce que pourrait être le cluster de Paris-Saclay, par une meilleure intégration des problématiques de valorisation des espaces naturels, agricoles et forestiers.
– Un mot sur une autre particularité du territoire de Paris-Saclay : la présence d’un établissement public d’aménagement (qui a d’ailleurs aussi participé à votre visite)…
Caroline Doucerain : L’EPA Paris-Saclay a l’ambition de faire de Paris-Saclay une « Silicon Valley à la française ». Il était donc important qu’il puisse découvrir d’autres aspects du cluster américain qu’on a tôt fait de réduire à sa dimension technologique. La Silicon Valley, ce sont aussi des espaces naturels et agricoles qu’on considère comme étant un levier de développement économique et d’innovation. Si, donc, les pouvoirs publics soutiennent activement la recherche et la création de start-up, ils restent attachés à la préservation de l’environnement et, à travers lui, d’un cadre de vie équilibré. Tout n’incombe pas pour autant aux seuls pouvoirs publics. Les associations ont une part active dans la valorisation du patrimoine naturel. C’est aussi le cas à Paris-Saclay où leur engagement devrait être encore davantage pris en compte.
– Quelle suite comptez-vous donner à vos échanges avec la Santa Clara Open Space Authority ?
Caroline Doucerain : Nous pourrions imaginer une « saison 2 », si je puis m’exprimer ainsi, qui pourrait consister en un voyage en sens inverse de nos interlocuteurs américains. La représentante de la Commission européenne, rencontrée en Californie, a manifesté un intérêt pour un tel projet. Il est encore en cours de discussion. Ce serait l’occasion de bénéficier d’un regard extérieur sur notre propre démarche.
Dorian Spaak : Nos interlocuteurs californiens se sont montrés très intéressés par l’étude de faisabilité technique et économique du potentiel de stockage de carbone supplémentaire dans les sols agricoles, que nous menons actuellement, afin de compenser les émissions de CO2 des équipes de l’Unité Technique du Groupe de Travail n°1 du GIEC, basé à Saint-Aubin dans le cadre de leurs déplacements internationaux. Cette étude est menée en partenariat avec l’INRA et la Chambre de l’Agriculture et avec le soutien de l’ADEME et de l’Essonne. Précisons que ce travail s’inscrit dans la démarche engagée par la Direction Générale de l’Energie et du Climat du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire en vue d’élaborer un référentiel de certification de projets de compensation carbone moins coûteux à mettre en place que ceux définis dans le cadre des Nations Unies, en ménageant la possibilité aux acteurs locaux de contribuer à sa définition. Avec nos partenaires, nous souhaitons donc contribuer au processus de co-construction et à la rédaction d’une méthodologie de calcul adaptée aux démarches territoriales.
– Où êtes-vous d’ailleurs à ce sujet ?
Dorian Spaak : Le cadre méthodologique vient de voir enfin le jour – il aura fallu attendre trois ans, depuis son annonce lors de la COP21. Mais nous ne l’avions pas attendu pour développer nos propres réflexions, incités en cela par les pouvoirs publics qui avaient bien indiqué que c’était justement aux acteurs locaux de définir une méthodologie adaptée, moyennant une conformité avec le référentiel que l’Etat définirait. Pour l’heure, nous nous en tenons à une étude de faisabilité. Afin de limiter les coûts et d’assurer plus facilement la duplicabilité du travail mené, nous travaillons avec d’autres territoires franciliens. Quand bien même nous n’en soyons encore qu’au commencement, notre démarche et, au-delà, le principe même d’un système de compensation à usage local intéressent fortement nos interlocuteurs de la Santa Clara Open Space Authority.
– [ A Caroline Doucerain ] Qu’est-ce qui vous a prédisposée à vous investir autant dans cette approche durable de la préservation des espaces naturels et agricoles ?
Caroline Doucerain : Mon engagement politique m’avait jusqu’ici amenée à travailler avec des élus investis sur le plan national. Les travaux et campagnes auxquels j’ai participé m’ont permis de voir émerger les enjeux écologiques, même si cela ne s’est pas toujours fait assez vite à mon sens, ni de manière compréhensible pour tous les citoyens. On a eu trop tendance à appréhender ces enjeux en un sens moralisateur et punitif. C’est à mon sens ce qui fait le plus de mal à la cause. Un mode plus participatif permettrait de faire davantage et avec de meilleurs résultats. Mon expérience d’élue locale m’a de ce point de vue beaucoup apporté. Elle a été le pendant utile à mon engagement national. J’ai pu me rendre compte à quel point le travail sur le terrain est bénéfique : il permet de travailler en toute transparence, sans éléments de langage. Les gens sont plus conscients des enjeux, y compris planétaires, et sont plus prompts à s’engager qu’on ne le pense. En disant cela, je ne perds pas de vue que nous sommes sur des territoires relativement privilégiés. Plus les difficultés rencontrées au quotidien sont grandes, plus il est difficile de faire passer les enjeux écologiques au premier plan. Pour autant, le fait d’être dans une grande précarité n’implique pas nécessairement un désintérêt pour ces enjeux. Parfois, c’est même le contraire.
Ce qui a achevé de m’impliquer autant, c’est que nous participons à des territoires, que ce soit celui de Versailles Grand Parc, de Paris-Saclay ou de l’Ile-de-France, riches d’une grande diversité naturelle et patrimoniale, mais qu’il faut davantage préserver. Une manière de le faire est de résister à la pression foncière. Seulement, depuis le début de mon mandat de maire – le premier – j’ai pu mesurer la difficulté à le faire, malgré l’existence de la ZPNAF. Cela n’a fait que renforcer ma détermination à m’investir, avec mon équipe municipale, sur cet enjeu, car il en va de l’avenir de l’identité même de nos territoires.
– Qu’avez-vous entrepris justement pour veiller à la préservation des espaces de votre propre commune, inscrits dans la ZPNAF ?
Caroline Doucerain : Ma commune compte deux friches, anciennement propriétés du conseil départemental, relevant de cette zone. Le moins qu’on puisse dire est que leur usage ne correspondait pas véritablement à des espaces au sens prévu par la ZPNAF. Mais ces terres ont vocation à rester des espaces naturels et agricoles, c’est donc dans cette perspective que nous envisageons leur transformation.
J’ajoute que le Projet de territoire dont j’ai animé la concertation avec mon collègue maire de Fontenay-le-Fleury, avait été l’occasion de mettre en exergue le patrimoine non seulement culturel (lequel est évident du fait notamment de la présence du château de Versailles et de son parc), mais aussi naturel et agricole de l’agglomération et ce, bien sûr, en lien étroit avec les démarches de Terre et Cité, au sein de l’OIN Paris-Saclay, à laquelle, faut-il le rappeler, nous sommes intégrés.
– J’aime envisager l’élu comme un jardinier en son territoire au sens où il prend des décisions comme le fait un jardinier qui décide de planter ceci ou cela, tout en sachant accueillir ce qui y pousse à son insu, sous l’effet de la pollinisation… Vous retrouvez-vous dans cette métaphore ?
Caroline Doucerain : C’est une métaphore dans laquelle je peux effectivement me retrouver compte tenu de mon travail sur le terrain, au contact d’une population, qui prend des initiatives, sans toujours savoir mettre des mots dessus, mais qui ne les placent pas moins en situation d’agir, d’adopter d’autres comportements. De sorte que le rôle de l’élu peut consister non plus seulement à convaincre, mais à identifier ces initiatives et à les accompagner dès lors qu’elles vont dans le bon sens.
Dorian Spaak : Parmi ces initiatives, il y a d’ailleurs une Amap en cours de constitution sur la commune des Loges-en-Josas…
Caroline Doucerain : En effet. L’intention initiale était de l’installer dans les friches que j’évoquais. Mais cela s’est révélé plus compliqué que prévu. En attendant, nous avons proposé aux Logeois de rejoindre l’Amap voisine, Les Jardins de Cérès. L’enthousiasme que ce projet suscite nous conforte dans le souhait de faire progresser cette démarche. Tout cela paraît bien loin de ce que nous évoquions à propos de la Silicon Valley, mais c’est aussi à travers ces initiatives « locales », que l’on fait évoluer les mentalités et qu’on permet à chacun d’œuvrer à la transition écologique, à la mesure de ses moyens.
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