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Entrepreneuriat innovant

Rencontre avec « La plume de la tech »

Le 26 juillet 2024

Entretien Niamké-Anne Kodjo, « La plume de la tech »

Suite de nos échos à la 9e édition de TEDxSaclay, organisée le samedi 30 juin dernier avec, cette fois, le témoignage de Niamké-Anne Kodjo qui, forte d’une connaissance du monde de la Tech, met sa plume au service des innovateurs qui ont besoin de faire connaître leur solution.

- Vous vous présentez comme « la plume de la tech »…

Niamké-Anne Kodjo : En effet, je mets ma plume au service des acteurs de la Tech. Pour écrire, bien sûr, mais aussi pour dessiner ; j’aime beaucoup associer l’image à l’écrit. Ce qui me semble particulièrement important dans le cas de la Tech où on a besoin de la force des mots, mais aussi du visuel. Parfois un dessin vaut mieux qu’un long discours, que des pages de textes difficiles à lire…

- Un mot sur votre autre facette : votre rapport à la Tech…

N.-A K. : C’est un univers que je connais bien pour y avoir en réalité toujours travaillé, dans la foulée de mes études, à partir de la fin des années 1990. Nous étions en pleine bulle internet. Je mesure ma chance d’avoir grandi professionnellement dans un environnement en pleine mutation. J’ai tout connu : le CTI, le GSM, le M2M, la VoIP, la fibre, le cloud, la cybersécurité, la virtualisation, la 5G, le big data et, maintenant, l’IA générative… Tout cela en à peine vingt ans !

- Nous faisons l’entretien à l’occasion du Village Innovation. J’imagine ce qui vous a motivée à y assister, malgré le temps qu’il vous a fallu pour venir jusqu’ici…

N.-A K. : En effet, je viens de Vitry, dans le 94. Mes clients sont pour la plupart parisiens. Mais je suis également avec intérêt l’actualité de l’écosystème Paris-Saclay, où j’ai un client. J’ai par ailleurs rejoint une association qui promeut la mixité dans les domaines scientifiques et technologiques : plusieurs de ses membres sont installés sur le plateau de Saclay. C’est le cas notamment du CEA. Et puis je lis avec intérêt les articles que vous mettez en ligne sur le site de l’EPA Paris-Saclay !

- (Rire). Nous venons d’assister à une conférence sur l’impact de l’IA générative… Quels enseignements en tirez-vous ? Des motifs de pessimisme ou d’optimisme ?

N.-A. K. : J’ai d’abord trouvé cette table ronde très intéressante et je suis reconnaissante aux panélistes d’avoir consenti un tel effort de vulgarisation, en croisant une approche globale avec l’expérience qu’ils ont personnellement de cette IA générative. Même pour quelqu’un comme moi, familière de la Tech, les discours sur le sujet peuvent très vite devenir abscons. Là, je pense avoir compris 80% de ce qui s’est dit ! Ce qui n’est pas si mal (rire). Je suis a priori encline à voir l’IA avec optimisme et cette table ronde m’y a confortée même si, malgré tout, je reste prudente au regard des aspects éthiques, mais aussi environnementaux – on n’en ignore plus le coût énergétique et en termes d’émissions de GES. Je milite donc pour un usage raisonné de l’IA. De ce point de vue, elle ne devrait pas faire exception par rapport à toutes les innovations qui ont bouleversé nos existences, nos modes de vie et de travail. Les principes de sobriété devraient s’appliquer à elle aussi. Ce que les panélistes ont confirmé à leur façon en soulignant bien que l’IA générative n’est qu’un outil. Je n’étais pas inquiète quant au risque qu’elle soit synonyme de destruction d’emplois, de voir ma propre activité de rédactrice condamnée. Moi-même ai recours à cette IA car cela peut m’inspirer des idées ; elle me permet ne serait-ce que de retranscrire de longues conférences auxquelles je participe. Pour autant je reste convaincue que mon expérience, mon intelligence proprement humaine, ma sensibilité sont autant de valeur ajoutée à ce que je peux écrire.

- Un mot sur la composition du panel, diversifié mais sans la moindre femme…

N.-A. K. : Le panel avait l’intérêt de couvrir plusieurs profils entre celui du chercheur, du représentant du monde industriel, du startupper… Mais il était en effet on ne peut plus genré ! Ce qui n’a échappé à personne, à vous non plus manifestement qui me posez la question. Évidemment, ce n’était pas intentionnel de la part des organisateurs, mais c’est symptomatique de ces situations de crise, d’instabilité, où l’on oublie des principes de diversité au prétexte qu’il y aurait plus urgent. C’est dommage car les femmes ont elles aussi des choses à dire sur l’IA, y compris générative ! Je peux en témoigner : dans mon portefeuille de clients, il y a beaucoup d’entreprises qui comptent des femmes chercheures, développeuses ou cheffes de projet sur des sujets d’IA. Certes, elles sont minoritaires, mais elles sont bien là. Sans doute ne sont-elles pas encore assez visibles. Dans l’urgence d’une table ronde à monter, on peut alors céder à la facilité en sollicitant ceux qui se font le plus entendre. Heureusement, les choses bougent, des femmes de la Tech s’engagent.

- À quoi pensez-vous en particulier ?

N.-A. K. : Au Cercle InterL, par exemple, une association d’une quinzaine de réseaux d’entreprises et organisations dans les domaines des sciences et technologies. Elle milite depuis plus de vingt ans en faveur de la mixité, notamment en organisant chaque année un colloque qui est l’occasion de partager les conclusions des groupes de travail mis en place au cours de l’année. Au sein de cette association, un collectif d’une cinquantaine de personnes, des femmes aussi bien que des hommes, travaille depuis plus de cinq ans à la sensibilisation aux biais inhérents aux algorithmes – des biais qui, comme on le sait, résultent de leur apprentissage sur la base de données qui tendent à reproduire des stéréotypes. En a résulté le Pacte Femmes & IA piloté par Marine Rabeyrin, de chez Lenovo. Il vise à ce qu’à tous les stades de développement d’un projet – que ce soit un produit, un service ou un processus client -, on s’assure d’un usage éthique et transparent de l’IA. La bonne nouvelle est que le succès de la charte va au-delà des membres du Cercle InterL Récemment, le collectif a lancé une formation, gratuite, à l’attention des étudiants ou des salariés, pour les sensibiliser à ces biais et leur permettre de les déjouer.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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