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Entrepreneuriat innovant

Regards croisés sur l’IA générative

Le 25 juillet 2024

Rencontre avec Saâd Faouzi, bénévole de TEDxSaclay aU pôle intervenants et Village innovation

Suite de nos échos à la 9e édition de TEDxSaclay, organisée le samedi 30 juin dernier avec, cette fois, le témoignage de Saâd Faouzi, bénévole de TEDxSaclay dans le pôle intervenants et Village Innovation, qui a animé la première table ronde, sur « la digitalisation de la santé ».

- Si vous deviez, pour commencer, pitcher le Village Innovation ?

Saâd Faouzi : Le Village Innovation a été créé en 2018, à l’occasion de la 4e édition du TEDxSaclay. Au début, ce n’était qu’un village dégustations. Désormais, et comme son nom l’indique, c’est un rendez-vous dédié à l’innovation qui, par rapport aux autres événements se déroulant sur le plateau ou ailleurs, se distingue par son souci de favoriser des liens entre les entreprises du CAC40 et des start-up, et de donner à voir l’innovation telle qu’elle se fait, dans les labos et les centres de R&D à travers des démonstrations concrètes.

- D’où le nom de village, qui suggère une certaine proximité dans les interactions ?

S.F. : Exactement !

- Sauf que l'idée de village renvoie à une communauté relativement restreinte. Or, d’année en année, force est de constater que le Village Innovation ne cesse de grossir…

S.F. : En effet, entre la première édition du Village Innovation et celle de cette année, le nombre d’exposants n’a cessé de croître, passant de dix start-up en 2021, à 20 en 2022, 25 en 2023 et 35 cette année, sur fond d’une plus grande ouverture à l’international. L’an passé, déjà, nous avions élargi le panel au-delà de l’écosystème Paris-Saclay, mais en restant dans un cadre national – nous avions des start-up de Bordeaux, de Lyon, … Cette année, nous avons accueilli un chercheur italien investi dans une start-up, et un startuppeur canadien bréslien. C’est l’écosystème même de Paris-Saclay avec son rayonnement international, qui nous y incite.

- En cela, le choix d’implanter le Village Innovation au Châteauform’, le Palais des Congrès Paris-Saclay, à Massy, est pertinente : on est à deux pas de la Gare Massy TGV et de la ligne B du RER qui desservent les aéroports d’Orly et Charles-de-Gaulle…

S.F. : Je vous remercie de le relever car ce choix n’est pas anodin. C’est en connaissance de cause de son accessibilité que Christian et Assya ont fait le choix du Châteauform’. Les Parisiens aussi peuvent y accéder facilement. Y organiser le Village Innovation permettait aussi de le faire découvrir aux Massicois eux-mêmes, y compris moi qui jusqu’alors passais devant, mais sans savoir vraiment ce qui pouvait bien se faire dedans. Ajoutons que le Palais des Congrès se trouve dans un quartier animé. Les familles peuvent donc y passer toute la journée en déjeunant dans les restaurants alentours, entre les deux tables rondes programmées cette année.

- Avant d’en venir à ces tables rondes, un mot sur le public visé ?

S.F. : L’ambition du Village Innovation, et c’est une autre de ses particularités, est de s’adresser aussi bien aux spécialistes qu’au grand public en donnant à voir, je l’ai dit, l’innovation qui se fait au sein de laboratoires ou de centres de R&D d’entreprises, petites ou grandes. Pour habiter Massy, je peux témoigner du fait que beaucoup de gens ignorent encore ce qui se passe sur le plateau de Saclay. Ils hésitent à s’y rendre par crainte manifestement de côtoyer ce milieu de la high tech, qu’ils perçoivent comme étant a priori inaccessible. Le Village Innovation se propose donc de faire venir l’innovation jusqu’à eux.

- Qu’est-ce qui vous a prédisposé à participer à cette aventure ?

S.F. : De par mon métier – je suis manager chez Capgemini dans le domaine de l’IA et du Cloud –, j’évolue dans le monde de la Tech. Participer au Village Innovation me permet de faire de la veille technologique. J’ai par ailleurs eu une vie d’entrepreneur innovant : j’ai créé deux start-up. Participer au Village Innovation, c’est donc aussi pour moi l’occasion de faire profiter de mon expérience à des startuppers, de les aider à ne pas refaire les mêmes erreurs que moi, de les accompagner dans leur partenariat avec de grandes entreprises. Enfin, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont poussé à faire des études supérieures. Mais, autour de moi, je vois des familles qui n’ont pas ou plus les moyens de pousser leurs enfants à en faire autant. Pour moi, le Village Innovation est donc un moyen de les encourager à continuer à « rêver grand », à se familiariser avec cet univers des start-up en leur montrant que chacun peut y trouver sa place, que ce peut-être un avenir pour ses enfants.

- Revenons-en aux tables rondes, une nouveauté du Village Innovation. Comment y êtes-vous venus ?

S.F. : Le Vilage Innovation se veut lui-même innovant, en proposant chaque année quelque chose de nouveau. Le principe des tables rondes est né de l’envie de prolonger des discussions sur des sujets d’actualité comme ceux abordés dans le cadre du Brainathon – des sujets susceptibles d’intéresser la communauté de Paris-Saclay, ses ingénieurs en R&D, ses chercheurs et startuppers. La thématique de l’IA s’est naturellement imposée pour cette année. Le sujet étant vaste, nous avons fait le choix de l’aborder sous deux angles différents : la digitilisation de la santé et l’IA générative.

- Pourquoi ces deux thématiques ?

S.F. : Parce que pour ce qui concerne la première, elle impacte déjà notre quotidien : à travers son smartphone, on peut déjà consulter des données sur sa santé, prendre RDV chez un médecin,… La crise sanitaire liée au Covid-19 a donné un coup d’accélérateur : souvenez-vous, c’est par voie numérique qu’on pouvait trouver le centre de vaccination, prendre rendez-vous.
Quant au choix de l’IA générative, il allait de soi. Depuis 2023, c’est-à-dire l’irruption de ChatGPT, c’est devenu « Le » sujet de discussion à la machine de café d’entreprises ou de centres de R&D. Quant à savoir ce que cette IA recouvre exactement, difficile à dire, chacun y allant de sa définition. Un premier enjeu de la table ronde était donc d’aider à y voir plus clair, en s’adressant aussi bien aux professionnels qu’à Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Un autre enjeu, que je perçois moi-même dans mon travail, c’est d’en apprécier l’impact en matière de santé, pour les différents métiers : médecins, aides-soignants, etc. Vous-même êtes journaliste, j’imagine que vous vous posez la question de savoir comment votre métier va être impacté. Cela va vraisemblement changer votre manière de travailler.

- C’est vrai, et je reste d’ailleurs confiant à cet égard. Mais je vous laisse poursuivre…

S.F. : Il devrait en aller de même pour les professionnels de la santé. De là le choix des intervenants qui permettaient d’éclairer l’impact à l’échelle de la société (Aurélien Plyer, chercheur à l’Onera), de l’industrie (Guillaume Calfati, evangelist IA chez Stellantis et bénévole de TEDxSaclay), de la recherche appliquée (Faycel Chamroukhi, responsable scientifique chez IRT SystemX, qui s’emploie à promouvoir l’IA générative à travers des cas concrets) ; enfin, de l’entrepreneuriat innovant (Emmanuel Menier, cofondateur d’Augur, incubée à Inria).

- Un panel représentatif, donc, qui offrait aussi le mérite de montrer que si l’IA générative soulève encore des interrogations, des experts ont déjà, malgré ses développements récents, assez de recul pour en pointer les avantages et les limites. Sauf qu’il n’y avait aucune femme parmi les intervenants. Que faut-il en conclure ? L’IA générative ne concernerait-elle que les hommes ?

S.F. : Non, il ne faut pas tirer ce genre de conclusion hâtive. Des femmes auraient pu nous éclairer tout autant sur le sujet. Cela étant dit, ce que j’observe en tant qu’acteur et conseiller sur ces thématiques de l’IA, du Cloud, c’est la sur-représentation des hommes dans le monde de la Tech, en France comme ailleurs. C’est pour cela qu’il faut encourager les initiatives visant à reconnaître le rôle des femmes et à renforcer leur présence. Heureusement, beaucoup ont investi de longue date le champ de l’IA et ce dont je peux témoigner, c’est qu’elles sont particulièrement brillantes. Ce qui s’explique par le fait que, quand elles s’investissent dans ce domaine, c’est par un choix de conviction et non le fruit d’une mode qu’elles se seraient bornées à suivre. Cela dit, du temps de mes propres études à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) puis à l’École Centrale de Lyon, les filles avaient tendance à s’orienter plus vers les biotechs que vers l’IA.

- Cependant, j’ai observé que les femmes ont été nombreuses à suivre cette table ronde…

S.F. : Votre remarque est l’occasion de souligner que des personnes y ont assisté en famille, avec leur conjoint-e et leurs enfants… C’est l’apport positif de ces tables rondes qui permettent de drainer un autre public que celui des précédentes éditions du Village Innovation.
Près d’une centaine de personnes ont participé à celle que j’ai animée – autant que pour la précédente, sur la digitalisation de la santé. Ce qui est plus qu’encourageant pour une première édition et nous incite à proposer d’autres tables rondes au cours de l’année.

- Nous ne pouvons pas conclure cet entretien sans évoquer Éric Grelet, le dessinateur, qui jalonnait les échanges de dessins faits sur le vif, non sans au passage témoigner d’une « intelligence humaine générative » sans nulle autre pareille…

S.F. : Merci d’y revenir. C’est la première fois que j’assistais à ce genre de performance, de dessins réalisés en temps réel. Cela conforte le technophile que je suis dans l’idée que les technologies n’ont pas vocation à remplacer l’humain, encore moins son intelligence. Elles ne sont qu’un moyen de l’accompagner dans ses activités, de lui libérer du temps pour qu’il puisse se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux. Cela reste vrai avec l’IA générative, qu’il faut voir comme un outil pour gagner du temps et imaginer encore plus grand. Pour ceux qui n’auraient pas pu assister à nos tables rondes et, donc, voir les dessins d’Éric, j’invite à se rendre sur nos réseaux sociaux où nous ne manquerons pas de les partager. L’IA peut aussi servir à cela !

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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