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Quartier de Satory Ouest

RATP : le VA via VEDECOM.

Le 23 mai 2019

Suite de nos échos à la journée du VEDECOM, qui s’est déroulée le 11 avril dernier, avec le témoignage de deux représentants du groupe RATP (direction de la stratégie, de l’innovation et du développement) : Véronique Berthault et Frédéric Chaurang, en charge respectivement du programme Véhicule Autonome (VA) et de sa coordination technique.

– L’entretien est réalisé au MobilLAB, à l’occasion de la journée mobilité@VEDECOM. Pourquoi était-ce important pour vous d’y participer ?

Véronique Berthault : Au-delà du fait que cet événement est l’occasion de rencontrer des interlocuteurs engagés dans les recherches sur les problématiques relatives au Véhicule Autonome (VA), la RATP est devenue officiellement adhérente de VEDECOM en décembre 2018. Nous ne pouvions donc pas ne pas être présents à cette journée, d’autant que nous travaillons déjà en proximité avec les équipes de cet ITE, sur les sujets du véhicule autonome et connecté. Lequel est pour le groupe RATP un enjeu majeur de recherche et d’innovation.

VERONIQUE BERTHAULT, DIRECTRICE DU PROGRAMME VEHICULES AUTONOMES– Quelles sont les problématiques que posent le VA à un opérateur de transport comme la RATP, comparées à celles des constructeurs automobiles ?

Véronique Berthault : De fait, il y a une différence d’approche entre, d’un côté, les constructeurs automobiles qui appréhendent le VA avec un regard technique, de l’autre, les opérateurs de transport pour lesquels c’est avant tout un enjeu de service. C’est en tout cas ainsi qu’à la RATP nous abordons le VA : sous l’angle des usages, pour réfléchir à la manière dont il va permettre de mieux répondre aux besoins encore non satisfaits par l’offre de mobilité existante. Nous pensons naturellement aux problématiques des territoires peu denses (et, donc, plus ou moins desservis par des moyens du transport collectif), aux besoins liés aux premiers et aux derniers kms parcourus (le VA pouvant assurer l’acheminement sur ces kms, en complémentarité avec les modes de déplacement sur plus grande distance) ou encore la question de la circulation au sein de campus, de zones d’activité ou encore de sites industriels privés. C’est dire si c’est bel et bien pour nous un enjeu d’usage, qui explique aussi les axes de réflexion sur lesquels le groupe RATP a jugé utile de se positionner.

– Quels sont ces axes ?

Véronique Berthault : Ils sont au nombre de trois. Le premier concerne la manière de construire avec les VA de nouveaux services de mobilité totalement intégrés au réseau de transport – à nos yeux, une telle intégration est essentielle pour apporter une réponse de porte à porte aux besoins de mobilité des voyageurs. Le deuxième axe vise à répondre aux fortes demandes de concessionnaires et propriétaires de sites privés, et d’une manière qui soit viable économiquement pour eux. Enfin, le 3e axe : il s’agit de savoir comment parvenir à une autonomisation d’autres modes de transport, à commencer par le bus, en capitalisant sur notre expérience (cf nos lignes de métro automatique 1 et 14), étant entendu qu’on touche-là à des problématiques différentes de celles de la voiture autonome.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA– Qu’est-ce que ces trois axes impliquent-ils en termes de compétences à mobiliser ?

Frédéric Chaurang : Nous pensons que pour réussir un transport automatique avec des véhicules dans la circulation urbaine, il faut avoir une approche système où l’opérateur de transport intervient aussi comme intégrateur, avec la maîtrise du fonctionnement des véhicules autonomes, mais aussi des infrastructures, de la supervision et des télécommunications. A cet égard, l’ITE VEDECOM est un lieu parfait : on y retrouve non seulement l’ensemble des compétences dont nous avons besoin, mais également l’ensemble des partenaires parmi les plus importants pour nous et avec lesquels nous allons pouvoir travailler encore davantage. Nous avons la conviction que la réussite de l’innovation dans le VA passe par un travail en mode collaboratif sur l’ensemble de ces aspects.

– Encore une question sur le site de VEDECOM et ce qui m’a frappé au cours de ma visite des différentes équipes qui y travaillent, à savoir : non seulement le large spectre des domaines de réflexion qu’elles abordent (de la conception des VA à celle des infrastructures, en passant par leur acceptabilité sociale), mais encore leur grande proximité et les interactions qui en résultent. Est-ce quelque chose à laquelle vous avez été sensibles ?

Véronique Berthault : Oui, complètement, car pour réussir l’intégration des véhicules autonomes dans les systèmes de mobilité que nous évoquions, il faut aborder en même temps plusieurs aspects : technique, sécurité et sûreté, environnemental, sans oublier l’enjeu de l’acceptabilité sociale (se déplacer dans des VAs ne va pas de soi). On ne peut traiter de l’un sans tenir compte des autres. C’est dire si, effectivement, la proximité des équipes est essentielle.

Frédéric Chaurang : Le VA est au final un moyen de rapprocher des acteurs, publics et privés, qui, traditionnellement, n’avaient pas forcément vocation à travailler ensemble voire sont en concurrence. C’est désormais indispensable.

– Un mot sur l’actualité récente du VA, à savoir : la décision du groupe PSA Peugeot Citroën de limiter ses efforts de R&D au niveau 3 du VA. Comment l’avez-vous reçue ? Impacte-t-elle votre propre motivation ?

Frédéric Chaurang : La décision de ce constructeur concerne le VA destiné à des particuliers. Or, on voit bien que le cas d’usage qui permettra au VA de se déployer en premier lieu concerne en réalité le transport collectif.

Véronique Berthault : Si vous relisez le communiqué de presse de PSA Peugeot Citroën, il est bien précisé que, si effectivement, ce groupe automobile se limite au niveau 3 pour le véhicule autonome individuel – considérant que les niveaux 4 et 5 requerraient de trop lourds investissements – en revanche, il ne renonce pas à ces niveaux pour les usages collectifs et partagés du VA. Ce qui nous conforte, à la RATP, dans l’idée que les VAs ne sauraient se réduire à des navettes. Ce sont aussi des voitures à usages collectifs et partagés et, demain, des bus et d’autres modes de transport, qu’il nous reste à imaginer.

A lire aussi les entretiens avec :

– Philippe Watteau, directeur de l’ITE VEDECOM (pour y accéder, cliquer ici) ;

– Sid Ali Randi, ingénieur de Renault, détaché à l’ITE VEDECOM, où ii conçoit avec son équipe des machines électriques innovantes pour les besoins de ses partenaires (cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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