Permettre à des porteurs de projets innovants de pitcher dans des conditions réelles devant des investisseurs. Tel est le principe de Startup Idol dont la prochaine séance se déroulera le 3 mai prochain, à HEC, sur le thème des services et du numérique. Nous avons voulu en savoir plus auprès de Clément Gay, cofondateur de Start In Saclay, dont l’équipe est à l’initiative de l’événement. Non sans profiter de l’occasion pour prendre des nouvelles de sa propre start-up, Stilla Technologies.
– Si vous deviez pitcher Startup Idol…
Il s’agit de permettre à des porteurs de projets innovants de pitcher devant un parterre d’investisseurs et ce, dans les conditions proches d’une vraie levée de fonds. Chacune des six start-up retenues dispose de cinq minutes en tout et pour tout avant dix minutes de questions-réponses avec les investisseurs. Puis, ces derniers sont invités à prodiguer leurs conseils tant sur le fond que sur la forme, à chaque porteur de projet, à dire si celui-ci leur paraît mûr pour procéder à une vraie levée de fonds. A chaque Startup Idol sa thématique. La précédente séance portait sur la santé. La prochaine, programmée le 3 mai, à HEC [pour en savoir plus, voir la rubrique agenda], portera sur les services numériques.
– Peut-on envisager que des projets convainquent d’emblée un ou des investisseurs d’y investir ?
J’ignore si les échanges engagés lors du précédent Startup Idol se sont poursuivis au-delà. Ce que je sais, en revanche, c’est que ce genre d’événement est pour ces porteurs de projets un bon moyen de nouer leurs premiers contacts avec des investisseurs potentiels et ce, en prenant le minimum de risques : les investisseurs que nous convions savent que ce n’est qu’un premier essai ; leur jugement n’est pas rédhibitoire. Les porteurs de projet auront donc une seconde chance. Ce qui n’est pas forcément le cas à l’issue d’une vraie levée de fonds…
– Qu’est-ce qui vous a amenés à créer cet événement ? Cela comble-t-il un manque dont vous auriez vous-même pâti ?
Startup Idol est un des événements proposés par Start in Saclay, l’association que j’ai cofondée avec Julien Capra en vue de promouvoir plus largement l’entrepreneuriat étudiant sur le campus de Paris-Saclay. L’idée nous est venue à l’issue du mastère spécialisé HEC Entrepreneurs, que nous avons fait au même moment. Nous avions consacré notre mémoire au campus Paris-Saclay et à la manière d’y favoriser l’entrepreneuriat étudiant. Nous avions à cette fin interviewé plusieurs représentants de l’écosystème. Force a été de constater qu’étudiants et élèves ne se fréquentaient guère en dehors de leurs établissements respectifs, qu’il y manquait une association qui couvrît l’ensemble du campus sans relever d’un établissement en particulier.
– Quel est aujourd’hui votre regard sur la dynamique de l’entrepreneuriat étudiant à Paris-Saclay ? Avez-vous le sentiment qu’elle est bien enclenchée ?
Oui, à l’évidence. Au cours de ces deux dernières années, plusieurs initiatives ont conforté cette dynamique. Je pense à la création de nouveaux lieux innovants dont le PROTO204, qui va souffler sa 2e bougie, ou encore à La Fibre entrepreneur, qui vient d’être inaugurée à Polytechnique. De nouvelles formations à l’entrepreneuriat ont été mises en place. De plus en plus d’étudiants se montrent intéressés par l’entrepreneuriat ou le tout nouveau statut d’étudiant entrepreneur. Les fonds d’investissements et les Business Angels sont également plus présents sur le campus.
– L’écosystème Paris-Saclay serait-il donc favorable ?
Oui, si on excepte la problématique des transports ! C’est pour moi le seul véritablement frein à l’essor de l’entrepreneuriat innovant. Certes, le Plateau bénéficie désormais d’un bus en site propre. Mais c’est encore insuffisant. Le moindre déplacement sur le campus est coûteux en temps pour un étudiant. Et le problème n’est pas prêt d’être résolu : le premier tronçon de la ligne 18 est annoncé pour 2023… Pour l’événement que nous organisons mardi prochain, nous en sommes réduits à mettre en place une navette, entre la gare RER de Massy-Palaiseau et HEC en passant par les campus de Polytechnique et Supélec.
– Malgré tout, c’est cet écosystème qui a vu naître votre start-up, Stilla Technologies [ pour en savoir plus, voir l’article que nous lui avons consacré ; pour y accéder, cliquer ici ]…
Oui. L’écosystème Paris-Saclay nous a été particulièrement favorable. Avec mon associé, Rémi Dangla, nous avons pu bénéficier des équipements et des compétences des laboratoires de Polytechnique pour le démarrage de notre projet et faire notre preuve de concept. Nous avons pu aussi bénéficier de l’incubation au sein d’IncubAlliance et des réseaux de nos écoles respectifs. Bref, Paris-Saclay s’est révélé un terreau favorable pour créer notre société.
Nous avons cependant dû quitter le Plateau de Saclay, en juillet dernier, pour rejoindre le Bioparc de Villejuif. Pour bénéficier de la proximité d’hôpitaux, mais aussi pouvoir recruter. De 5, nous sommes passés à 15 personnes. Il est clair que nous n’y serions pas parvenus si elles avaient été contraintes de venir sur le Plateau de Saclay (la plupart étaient domiciliées à Paris ou en banlieue proche au moment de leur recrutement).
– Pour autant, vous n’avez pas rompu vos attaches avec Paris-Saclay. Vous continuez même à y promouvoir l’entrepreneuriat innovant à travers Start In Saclay. Pourquoi, d’ailleurs ?
Parce ce que je reste convaincu que Paris-Saclay est un terreau favorable pour créer sa start-up et même l’y développer. En réalité, tout dépend des secteurs. Nous, nous en sommes partis. Mais de nombreuses start-up font le choix d’y rester pour bénéficier du cadre de vie et de la proximité avec les laboratoires. Et, moi-même, pour en être parti, je n’en continue pas moins de suivre l’actualité de l’écosystème et même de le soutenir. Une manière pour moi de lui témoigner ma reconnaissance. C’est quand même à Paris-Saclay que j’ai rencontré mon associé, Rémi, polytechnicien, et que nous avons eu envie de créer notre start-up.
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