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Santé

Plongée dans un paysage intérieur

Le 13 juin 2025

Entretien avec Jules

Suite de notre série sur La Table de Cana avec, cette fois, le témoignage de Jules, le plongeur très consciencieux de l’équipe, et aux liens insoupçonnés avec les aménagements paysagers des environs…

- Pour commencer, pouvez-vous rappeler comment vous en êtes venus à rejoindre l’équipe de La Table de Cana ?

Jules : J’ai découvert La Table de Cana grâce à ma conseillère de la Maison de Emploi Insertion Formation de Massy. Je ne pensais pas travailler un jour dans la restauration, encore moins comme plongeur. Auparavant, je travaillais comme jardinier-paysagiste !

- Incroyable ! Où avez-vous été formé à ce métier ?

Jules : L’idée de travailler dans les espaces verts, jardiner, de débroussailler, de planter des arbres, me plaisait. Pôle emploi m’avait donc adressé une offre de formation en paysage. J’ai tenté ma chance et c’est comme cela que je me suis retrouvé dans une entreprise de chantier d’insertion, à Palaiseau. C’était en 2020. J’ai passé l’entretien, et l’ai réussi. On m’a confié le débroussaillage pour commencer. J’ai cru que c’était facile. Pas du tout ! Il faut savoir bien tenir la machine sans quoi vous risquez de remuer la terre. Au bout d’une semaine, j’ai fini par apprendre à la stabiliser. Je suis resté huit mois dans le chantier. En principe, j’aurais pu y rester deux ans, mais l’ambiance n’était pas agréable : dès le matin, des collègues se disputaient pour un rien. Et puis la composition des équipes changeait en permanence. J’ai donc décidé de partir en me disant que j’arriverais bien à faire valoir ma petite expérience de jardinier-paysagiste. J’ai refait mon CV que j’ai adressé à une agence d’intérim, à Paris. Une semaine plus tard, elle me contactait pour me proposer une première mission. Jusqu’en 2023, j’en ai enchaîné d’autres, toujours comme jardinier-paysagiste. La dernière mission, je l’ai effectuée dans une petite entreprise, dont je garde un bon souvenir – elle payait très bien ! Malheureusement, une fois encore, les relations entre les collègues n’étaient pas bonnes. Surtout, j’ai commencé à avoir des problèmes de santé. Un jour, j’ai eu un malaise et dû être transporté aux urgences. Asthmatique, je faisais des allergies au pollen ! À l’époque, j’étais complètement perdu : mon travail me plaisait bien, mais suite à mes problèmes de santé, il n’était plus possible de l’exercer. Et puis, cette année 2023, je suis devenu papa. J’ai réfléchi à ce que je pouvais faire qui ménage ma santé et me permette de voir grandir mon enfant.

- Comment vous êtes-vous retrouvé à La Table de Cana ?

Jules : C’est en regardant, un jour, une vidéo sur YouTube. Elle était consacrée au métier de plongeur. Non pas dans la mer, mais en cuisine ! [Rire]. Je ne connaissais pas ce métier. Je me suis donc renseigné en surfant sur le net. Il n’y avait plus de doute possible : je voulais devenir plongeur ! J’ai donc sollicité un rendez-vous auprès de ma conseillère de la Maison Emploi qui m’a fait refaire mon CV ; c’est en consultant les offres d’emplois sur son ordinateur qu’elle est tombée sur celle de La Table de Cana. J’ai postulé, d’autant plus que c’était à Antony, pas très loin de chez moi. Cinq jours plus tard, l’association m’a contacté pour un entretien. C’était le 6 janvier 2025…

- Une date manifestement importante pour vous…

Jules : Oui ! Ce jour-là, on m’a fait faire des exercices pour évaluer mon niveau en math, en français, etc. On m’a fait visiter le laboratoire et ses différents pôles – pâtisseries, cuisine chaude et petits plats traiteur -, les réserves, le lieu de dispatching des commandes… Suite à quoi on m’a donné mes habits de travail. J’étais recruté ! J’ai été ensuite formé par Alice. Merci à elle ! Le point de restauration du quartier de Moulon n’ouvrant qu’en mars, on m’a proposé de rester chez moi après les quelques jours de formation. J’ai préféré continuer à travailler à Antony, histoire d’acquérir le plus d’expérience possible, car, contrairement aux apparences, le travail de plongeur ne consiste pas seulement à plonger la vaisselle dans de l’eau ! Il faut s’assurer que la moindre assiette, le moindre verre, le moindre couvert, le moindre ustensile soit propre, bien lavé et bien essuyé, sans la moindre trace, sans la moindre miette de quoi que ce soit. Puis il faut remettre chaque chose à sa place précise. Enfin, une fois le travail terminé, il faut nettoyer le moindre recoin de l’espace de plonge.

- Vous voilà donc désormais au point de restauration du quartier de Moulon…

Jules : je l’ai rejoint en mars, le 18 précisément, quelques jours avant l’ouverture.

- Et alors, quelles furent vos premières impressions ?

Jules : Je ne connaissais personne, mais, à peine arrivé, on m’a offert un café en me disant que j’étais le bienvenu ! Ça n’a l’air de rien, mais c’est très important ! Je me suis aussitôt senti à l’aise. Avec les collègues, on forme une belle équipe !

- Les personnes qui travaillent ici peuvent occuper tour à tour différents postes. Comptez-vous participer à la préparation des plats ?

Jules : Non, non ! Moi, je ne demande pas à faire autre chose que la plonge ! J’aime pouvoir faire mon travail en restant dans ma petite bulle. Ici, on veille particulièrement à l’hygiène, je suis très heureux d’y contribuer par le soin que je porte à la propreté de la vaisselle et finalement au client : que pensera-t-il si on lui proposait un café dans une tasse mal lavée ? Pas sûr qu’il ait envie de revenir…

- Au-delà des deux ans de votre activité d’insertion à La Table de Cana, comptez-vous continuer à travailler comme plongeur ?

Jules : Oui, et pourquoi pas, dans un restaurant 5 étoiles ! C’est mon rêve !

- Qu’en pense votre compagne ? Est-elle heureuse de laisser la vaisselle au bon soin d’un homme ?

Jules : [Rire]. Quand je lui ai annoncé que je voulais devenir plongeur, elle n’a pas voulu le croire ! Maintenant, elle voit bien que ça me plait et elle en est heureuse. Parfois, elle trouve juste que je passe trop de temps à faire notre vaisselle [rire]. Prochainement, je vais changer d’horaire : je travaillerai désormais l’après-midi, ce qui me libérera la matinée pour vaquer à d’autres occupations, à commencer par les cours de conduite que j’ai commencés.

- Je ne résiste pas à l’envie de terminer cet entretien en vous interrogeant sur l’environnement du Plato et ses aménagements paysagers…

Jules : Forcément, quand je vois tous ces arbres, cette végétation, cela me rappelle mon expérience de jardinier-paysagiste. Avec Lala [une collègue], nous sommes allés voir les alentours. Comme c’est beau ! Comme c’est propre ! Nous n’avions qu’une envie : vivre ici !

- Connaissiez-vous le plateau de Saclay avant de rejoindre La Table de Cana ?

Jules : Oui, car il se trouve que du temps où j’étais jardinier-paysagiste, j’ai participé à la plantation d’arbres de la place Marguerite Perey [dans le Quartier de l’École Polytechnique] et ceux qu’on peut voir d’ici, sur le boulevard du quartier de Moulon ! C’était en 2020. Un gros chantier qui nous a pris deux mois. Je suis aussi intervenu sur le CEA pour du débroussaillage. C’est dire si je me sens bien ici. C’est un lieu où j’aurais exercé mes deux métiers préférés. Avec toute cette verdure, je me sens aussi un peu dans mon pays natal, la Guyane, où j’aimais me balader dans la nature, pour y écouter chanter les oiseaux.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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