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Photovoltaïque : la solution Faradae

Le 2 août 2024

Olivier Brawers, de la société Faradae

Suite de nos échos à la 9e édition de TEDxSaclay organisée le samedi 30 juin dernier, avec, cette fois, le témoignage d’Olivier Brawers, de la société Faradae, partenaire de l’événement.

- Si vous deviez, pour commencer, pitcher Faradae ?

Olivier Brawers : Créée en 2019, Faradae est une société ayant vocation à exploiter des centrales photovoltaïques en autoconsommation. Nous réalisons l’étude de faisabilité et de pertinence. S’il y a au moins 20% d’autoconsommation possible, nous proposons l’installation d’une centrale et son exploitation. Nous assurons aussi le financement sur la base d’un contrat qui court sur une durée de 20 à 30 ans, ce qui nous permet d’amortir les investissements en récupérant les gains réalisés par rapport à ce que le client déboursait pour sa facture d’électricité.

- C’est ainsi que vous vous rémunérez ?

O.B. : C’est l’une des trois sources de rémunération. Les deux autres proviennent de la facturation des études que j’évoquais et des activités de maintenance. Pour le client, l’intérêt est triple : d’abord, il n’a pas à investir ni besoin de solliciter des subventions pour financer sa centrale. Ensuite, il satisfait directement, totalement ou partiellement, au nouveau décret tertiaire ou à la loi d’accélération des EnR dans le cas de l’installation sur des parking. Enfin, il témoigne de sa responsabilité sociétale vis-à-vis de son personnel, de ses clients et des autres utilisateurs de ses bâtiments.

- Soulignons donc le fait que vous ne produisez pas vos équipements. Quelle est néanmoins votre position par rapport à l’enjeu de la souveraineté du pays ou même de l’Europe ? Une question qui se pose au vu de la domination du marché des panneaux photovoltaïques par des équipements importés massivement de Chine…

O.B. : Notre position est claire. Nous déplorons la concurrence déloyale subie par les fabricants français et européens de panneaux solaires, au bénéfice de producteurs soumis à moins de contraintes en termes de charges sociales et/ou bénéficiant de subventions publiques. La situation actuelle est d’autant plus regrettable que les chercheurs et ingénieurs français et européens ont largement contribué à leur conception et à leur développement. Le CEA, pour ne citer que cet exemple, détient plusieurs brevets dans le domaine. Nous avons su passer au stade de l’industrialisation jusqu’à ce que les importations chinoises submergent le marché européen grâce à des tarifs artificiellement compétitifs.

- Votre témoignage est donc un encouragement à suivre de près l’initiative récente de l’IPVF (Institut Photovoltaïque d’Île-de-France) qui s’est associée à Voltec Solar pour lancer en France la production industrielle de cellules de nouvelle génération…

O.B. : Cette perspective va dans le sens de nos propres intérêts car, restant propriétaires de nos centrales, nous avons tout à gagner à pouvoir les maintenir dans un bon état de fonctionnement et, par conséquent, de disposer d’équipements de qualité, résilients, sinon, de pouvoir faire réparer des composants – un onduleur par exemple – sans avoir à les réexpédier en Chine. Notre intérêt est donc bien que soient maintenus des savoir-faire en France ou dans le reste de l’Europe.

- Finalement, vous tenez le même raisonnement que les bailleurs sociaux qui ont tout autant intérêt à produire des logements de qualité car, à la différence des promoteurs, ils en sont les propriétaires…

O.B. : Le fait est, nous avons pris le parti de rester propriétaires des centrales. Aujourd’hui, en France, sur l’ensemble de celles qui sont posées dans les entreprises, entre 10 à 15% ne fonctionnent pas, ne produisent pas le moindre Watt. Parmi celles qui sont en activité, soit entre 85 et 90%, entre 30 et 40% pâtissent de graves dysfonctionnements, ont un fonctionnement erratique. L’explication tient au fait que les usagers en sont les propriétaires ; ils ont consenti d’importants investissements pour acquérir l’équipement, mais pas ou peu dans la maintenance. Ceux qui en assurent l’entretien se bornent au strict minimum, interviennent pour réparer les pannes, mais sans se préoccuper de maintenir un état de marche dans la durée. Il en va tout autrement pour nous qui, restant propriétaires des centrales, avons intérêt à les entretenir. D’autant que le contrat qui nous lie à nos clients stipule que le versement du loyer est conditionné à leur bon état de production.

- Où en est Faradae dans son développement ? Combien de clients avez-vous convaincus à ce jour ?

O.B. : Nous avons effectué une levée de fonds importante il y a maintenant deux ans, en 2022. Aujourd’hui, nous comptons une cinquantaine de centrales en exploitation et de l’ordre de cent-cinquante projets dans les dix-huit mois qui viennent, sachant que l’incubation de ce type de projet est longue : entre le premier rendez-vous et le moment du raccordement, il s’écoule en moyenne deux ans, la première année étant essentiellement consacrée à convaincre les parties prenantes : le propriétaire et le gestionnaire du foncier et le locataire.
Cela dit, nos perspectives sont bonnes. Jusqu’à récemment, le photovoltaïque en autoconsommation individuelle n’avait pas le vent en poupe. La crise énergétique survenue avec la guerre en Ukraine, ajoutée à la mise à l’arrêt de réacteurs de centrales nucléaires, a changé la donne en surenchérissant le prix de l’électricité (pour mémoire, il a été multiplié par dix au plus fort de la crise), en plus de rendre son approvisionnement plus incertain. Une situation intenable pour une entreprise qui a besoin de se projeter dans l’avenir et de maîtriser ses coûts de production. L’énergie est redevenue un enjeu crucial.

- À combien de personnes s’élèvent vos effectifs ?

O.B. : Aujourd’hui, Faradae, c’est une vingtaine de personnes réparties entre trois types d’expertises et de compétences : les unes juridiques, particulièrement importantes compte tenu du marché de l’immobilier français et des contraintes règlementaires ; les autres, techniques entre celles requises pour définir la centrale, valider son implantation et la construire, et celles nécessaires à la maintenance. Notre objectif est de développer le volet commercial. Maintenant que nous avons atteint une taille critique, nous avons besoin de renforcer la prospection de nouveaux clients.

- Nous réalisons l’entretien dans le cadre du Village Innovation du TEDxSaclay, dont vous êtes un des partenaires. Comment vous êtes-vous retrouvé à participer à l’aventure ?

O.B. : TEDxSaclay jouit d’une notoriété indéniable ; nous y avons vu un moyen de renforcer notre propre visibilité y compris à l’international. Ensuite, si notre siège est installé à Lyon, une partie du personnel de Faradae réside dans l’écosystème de Paris-Saclay ou ses environs immédiats. Un écosystème dont nous tirons aussi profit de l’attractivité à l’international. Même si aujourd’hui, les bâtiments et équipements qui y sont construits relèvent de marchés publics, peu adaptés à notre modèle économique, il nous offre une perspective plus qu’intéressante aussi bien en termes commerciaux qu’en termes d’image et d’innovation. Y être présents nous permet d’être en contact avec des experts, des innovateurs, des chercheurs et des laboratoires qui peuvent être intéressants car en amont du produit. Pour le dire autrement, être dans un environnement comme celui de Paris-Saclay nous maintient en éveil, nous incite à être innovants dans la manière de concevoir notre offre le modèle économique qui va avec.

- Vous l’avez dit, le siège est à Lyon. Une ville pas si éloignée que cela : elle est connectée à l’écosystème par le TGV qui dessert la gare TGV de Massy…

O.B. : En effet. D’ailleurs, je fais un aller-retour par semaine. Cela me prend deux heures, ce qui me laisse le temps de préparer des dossiers.

- Une dernière question plus personnelle si vous le voulez bien : qu’est-ce qui vous a prédisposé à prendre part à l’aventure de Faradae avec autant d’enthousiasme ?

O.B. : Il y a d’abord l’amitié qui me lie de longue date à l’un des cofondateurs, Michel Lerendu. Ensuite, depuis le début de ma carrière professionnelle, dans les années 1980, j’ai toujours été intéressé par l’électricité et ses applications. Avant de travailler dans le photovoltaïque, j’ai commencé dans la mobilité électrique. À l’époque, Renault s’était lancé, bien avant la Zoé, dans la conception d’une voiture électrique. Quand, donc, Michel m’a proposé de travailler avec lui, je n’ai pas hésité très longtemps. D’autant moins que le photovoltaïque connaissait un regain d’intérêt. J’avais d’ailleurs commencé à m’y intéresser.

- Votre intérêt pour l’électricité nous ramène à l’écosystème Paris-Saclay dans la mesure où il compte une grande école d’ingénieurs de référence dans le domaine du génie électrique - je veux parler de CentraleSupélec…

O.B. : Exactement. Ce qui m’offre l’occasion de dire qu’un de mes meilleurs amis d’enfance en est issu ! L’école n’était pas encore installée sur le plateau. Qu’elle le soit désormais ne fait que conforter mon intérêt pour l’écosystème Paris-Saclay.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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