Les 28 février et 1er mars 2018, se déroulait à Curitiba (Brésil) un forum autour de la smart city. Nous y étions et avons rencontré à cette occasion Alexandre Barral, Business Development Manager de Business France, venu présenter les pôles de compétitivité français impliqués dans ce domaine d’innovation. Il a bien voulu répondre sur le vif à nos questions.
– Vous intervenez dans le cadre du forum Smart City Curitiba. En quoi est-ce un rendez-vous important ?
C’est un rendez-vous important, effectivement, à commencer pour la ville de Curitiba. Celle-ci est reconnue pour être une ville innovante (dans les transports notamment). Elle s’est très tôt intéressée aux enjeux du numérique avec, aujourd’hui, l’ambition d’être la ville la plus innovante d’Amérique latine (d’ici 2020). Avec l’Etat de Parana, elle prend une part active à la création de la Vale do Pinhão, l’équivalent de la Silicon Valley. Mais elle avait besoin de gagner en visibilité dans le domaine de la smart city. Cet événement lui aura permis de se remettre au devant de la scène au Brésil comme au plan international, en bénéficiant de l’expérience de Barcelone (ville à l’origine de l’événement et d’ores et déjà reconnue dans ce domaine de la smart city). Les visiteurs, venus nombreux, ont pu découvrir à cette occasion des initiatives et des acteurs locaux [comme par exemple l’Institut des Villes Intelligentes, dont le siège se trouve à Curitiba], mais également des technologies et des expériences étrangères dont la ville pourrait s’inspirer.
– Vous êtes intervenu pour présenter les pôles de compétitivité français tournés vers la smart city. Percevez-vous un intérêt des entrepreneurs et investisseurs brésiliens pour l’écosystème français en général ?
Si vous m’aviez posé la question trois ou quatre ans plus tôt, ma réponse aurait été malheureusement négative. Peu d’entreprises brésiliennes s’internationalisaient et quand elles le faisaient, elles se tournaient d’abord vers l’Amérique Latine et les Etats-Unis. Et celles qui se tournaient vers l’Europe privilégiaient alors le Portugal sinon l’Angleterre, ensuite venait la France. Depuis, le contexte a profondément changé. Trois facteurs à cela. D’abord, la crise que traverse le pays : elle n’a pas mis fin à l’internationalisation des entreprises, mais incité les entrepreneurs à répartir les risques en diversifiant les zones d’investissement. Le Brexit, ensuite, qui a réduit l’attractivité de l’Angleterre. Enfin, le renforcement de l´attractivité et de l´image de la France, notamment grâce à la French Tech, à l’incubateur emblématique de Station F, aux réformes du gouvernement, au projet du Grand Paris, etc. On le mesure au nombre croissant de projets d’entreprises brésiliennes que nous accompagnons.
– Dont des start-up ?
Oui. L’an passé, nous en avons accompagné jusqu’à une dizaine. Nous leur avons fait notamment profiter du FrenchTech Ticket ou d’opportunités de partenariat avec des entreprises françaises. Concrètement, nous les aidons à nouer des contacts pour de premiers contrats, à trouver des investisseurs, mais aussi à croître en France à travers la création de filiales.
– Quel retour vous font ces entreprises et start-up brésiliennes que vous accompagnez ?
La plupart nous disent qu’être présent en France constitue pour elles un réel avantage, qui se traduit par une augmentation de leur chiffre d’affaires… au Brésil ! Car, et c’est l’explication qu’elles donnent, cela accroît leur notoriété dans leur marché domestique comme à l’international. Une illustration du fait que la French Tech n’est pas un vain mot, mais constitue une valeur ajoutée pour toute entreprise qui y participe directement ou au travers de filiales.
– Je peux témoigner du fait que vous avez su « vendre » l’écosystème français et ses pôles de compétitivité, en présentant notamment celui de Systematic Paris-Région, lié à l’écosystème de Paris-Saclay. Mais pourquoi ne pas avoir évoqué davantage ce dernier ?
L’objection est tout à fait recevable ! Disons que je ne disposais pas de beaucoup de temps, à peine 15 mn…
– Vous ne pouvez pas vous en sortir avec cet argument !
(Rire) Disons alors que j’ai jugé utile de me concentrer sur les clusters les plus directement identifiables – les pôles de compétitivité, donc – et de surcroît tournés vers la smart city. Cela étant dit, je ne demanderais qu’à parler davantage des perspectives de cette dernière dans le contexte du Grand Paris et donc de l’écosystème Paris-Saclay, appelé à devenir l’un des premiers clusters d’excellence mondiale (le 8e d’après la MIT Technology Review). Les propos de l’ex-PDG de Cisco, John Chambers, qui voyait dans Paris-Saclay la prochaine Silicon Valley, en dehors des Etats-Unis, ne sont pas passés inaperçus. Certes, des améliorations sont à apporter au plan des transports – une condition indispensable si on veut faire de Paris-Saclay un vrai laboratoire de la smart city – mais aussi en termes de communication : malgré son fort potentiel, on en entend encore peu parler à l’international, au Brésil en tout cas.
– Vous employez-vous justement à le faire mieux connaître ?
Oui, ne serait-ce qu’au travers des prospections collectives que nous faisons à l’occasion d’événements comme celui-ci, qu’ils traitent de la smart city ou de tout autre sujet en lien avec l’intelligence artificielle, l’internet des objets,… Autant de thématiques sur lesquelles Paris-Saclay est bien positionné. A quoi s’ajoutent les prospections individuelles – personnellement. Nous rencontrons chaque année entre 200 et 250 entreprises brésiliennes. En fonction de leurs projets, nous les connectons à l’un ou l’autre de nos clusters dont, bien sûr, Paris-Saclay.
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