Entretien avec Kiran Rudrappa, fondateur de l'écosystème de hautes technologies Posspole, à Bangalore
Les 16 et 17 mai dernier, se déroulait l’édition 2024 de Paris-Saclay Spring sur le campus HEC (Jouy-en-Josas). En voici un premier écho avec le témoignage de Kiran Rudrappa, le fondateur et directeur de Posspole, un écosystème de hautes technologies de Bangalore.
- Si vous deviez, pour commencer, pitcher Posspole ?
Kiran Rudrappa : Posspole est un écosystème créé à Bangalore, en vue de permettre tout à la fois la conception, le prototypage et le développement de produits de hautes technologies, leur mise sur le marché et leur fabrication à une échelle industrielle. Tout est fait pour faciliter la vie des entrepreneurs. Posspole facilite jusqu’aux interactions avec les pouvoirs publics. L’objectif global est de réduire le temps et les coûts de conception et de fabrication, sans rogner sur la qualité. Tout le monde est gagnant : les entrepreneurs, les chercheurs, les pouvoirs publics, sans oublier, bien sûr, les investisseurs, qui trouvent là l’opportunité d’investir en limitant les risques.
Posspole fait ainsi office tout à la fois d’incubateur, d’accélérateur, de système productif. Nous nous positionnons comme le partenaire de multiples acteurs engagés dans l’innovation technologique. Notre propre engagement est d’autant plus fort que nous prenons part à la création des entreprises, comme cofondateurs.
- Privilégiez-vous un secteur en particulier ?
K.R.: Non, pas exactement. Les produits conçus et produits au sein de Posspole couvrent des domaines aussi divers que la mobilité du futur, la santé, l’agritech, l’énergie, la défense et l’aérospatial.
- Qu’est-ce qui vous a amené à créer Posspole ? Aviez-vous déjà une expérience d’entrepreneur ?
K.R. : Oui, j’ai travaillé à la création de produits de hautes technologies, qui devaient anticiper l’évolution du marché d’au moins une quinzaine d’années. J’ai aussi une expérience dans l’industrie nucléaire, une industrie qui a pour particularité de devoir concevoir des matériaux, des équipements et des composants critiques. Les défis associés sont énormes. J’ai fait ensuite le choix de devenir entrepreneur, ce qui m’a amené à concevoir de nouveau des produits de hautes technologies. Je rêvais d’un écosystème où la moindre de mes idées pourraient se réaliser, en prenant des risques calculés ; qui me permettrait de gagner de l’argent tout en en faisant profiter le reste de l’écosystème. Et bien cet écosystème existe désormais et il a un nom : Posspole !
- Je sais où se trouve Bangalore sur la carte du monde. Mais depuis Bengalore, voit-on l’écosystème Paris-Saclay ?
K.R.: J’ai travaillé avec une entreprise européenne, et même une entreprise française. Je connais très bien l’Europe, en particulier la France. Je connais le capital intellectuel de ce pays et suis toujours heureux de pouvoir m’associer à des partenaires Français, innovateurs ou chercheurs. Paris-Saclay, je l’ai découvert récemment, grâce à un bon ami qui vit en France. J’ai aussitôt rêvé de m’y rendre. Et comme vous le voyez, cet autre rêve s’est réalisé.
Ma première impression, c’est qu’on y trouve tous les ingrédients nécessaires pour passer de la recherche à sa valorisation sous la forme de produits qui peuvent ensuite rencontrer leur marché. Je pense en premier lieu au Paris-Saclay Hardware Accelerator (PSHA), que Christian Van Gysel, son cofondateur, vient de me faire visiter. J’ai été impressionné par son énergie, son engagement en faveur de l’écosystème Paris-Saclay.
- Nous faisons l’entretien sur le Campus HEC à l’occasion du Paris-Saclay Spring. Quelles sont vos premières impresssions ?
K.R.: C’est extraordinaire ! On sent que c’est un événement idéal pour parler affaires. On peut discuter avec des personnes qu’on ne connaissait pas il y a encore quelques minutes, mais avec l’impression d’échanger avec eux depuis des années. C’est comme avec vous. Je ne vous connaissais pas et, pourtant, j’ai l’impression que nous nous parlons depuis toujours. Cette ambiance de confiance réciproque est indispensable à la réussite d’un écosystème.
- Ma dernière question concerne la personne qui assiste à notre entretien… Je crois qu’il a eu un rôle clé dans votre venue ici.
K.R.: Oui, c’est Abhinav [Agarwal], l’ami que j’évoquais tout à l’heure. C’est grâce à lui que je suis ici. Il m’a mis en contact avec Christian [Van Gysel], qui m’a proposé de me faire visiter le PSHA et d’assister à cet événement. Abhinav a beau être Indien comme moi, il me semble être à l’image de cet écosystème Paris-Saclay : il en parle avec autant de passion que Christian ou les autres acteurs que j’ai rencontrés. Lui et moi avons noué contact il y a six-sept ans. Le plus drôle, c’est que c’est la première fois que nous nous rencontrons en vrai. Jusqu’alors, nous communiquions par téléphone ou par email !
Abhinav a le don de mettre les bonnes personnes en contact, avec un dévouement incroyable. Quant il m’a dit combien ce serait bien de venir à Paris-Saclay, de rencontrer Christian, je n’ai pas hésiter. Ces seuls mots ont suffi à me convaincre. J’ai pris des billets d’avion pour un séjour d’une dizaine de jours.
- Vous pouvez donc constater que ce n’était pas un avatar…
K.R.: (Rire). Non, pas de doute. Abhinav est un être humain, qui plus est engagé dans ce qu’il fait. Pas plus tard qu’hier, j’ai pu aborder avec lui des questions plus personnelles, sur ses motivations profondes, sa vision de la vie. J’ai été tout simplement touché par son souci de contribuer à rendre le monde meilleur.
- Preuve s’il en était besoin qu’on gagne toujours à se rencontrer en présentiel, même à l’heure de l’IA et du « distanciel »…
K.R.: Parfaitement ! L’énergie, la passion qu’une personne met dans ce qu’elle entreprend, vous ne pouvez pas vraiment en prendre la mesure par de simples messages WhatsApp. Il faut se rencontrer. On gagne d’autant plus à le faire que c’est à ce moment-là que vous pouvez mesurer à quel point l’énergie, la passion de votre interlocuteur peuvent être contagieuses. Forcément, ça vous booste.
Journaliste
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