« Paris-Saclay, une communauté fertile ». Rencontre avec Eve Chegaray
Suite et fin de nos échos à la 6e édition de Paris-Saclay Invest, avec Eve Chegarai, la grande prêtresse de l’événement, qui a bien voulu se prêter de nouveau à l’exercice de l’entretien à chaud, à l’issue de la séance de pitches des candidats et avant la remise des prix.
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– Vous venez d’orchestrer les pitches des dix lauréats de cette 6e édition de Paris-Saclay Invest, la 2e de l’année 2015. Avant même l’achèvement de cette édition, avez-vous été convaincue de l’intérêt d’en organiser deux la même année ?
Oui ! Paris-Saclay Invest se doit d’être un événement récurrent s’il veut s’installer dans la durée. Mais, une fois par an, cela n’est tout simplement pas assez. Dans un écosystème d’innovation, les choses évoluent vite par définition ; celui de Paris-Saclay est particulièrement fertile. Ca bouge tout le temps ! Les investisseurs, en particulier, ont besoin de découvrir dès que possible les nouveaux projets, de savoir quelles sont les start-up qui font parler d’elles, les tendances qui se dégagent. L’affluence enregistrée au cours de cette édition le prouve : même en début d’hiver et malgré les retards pour cause d’embouteillages, les investisseurs, mais aussi les professionnels de l’accompagnement de l’innovation technologique, sont venus nombreux.
– Et avez-vous le sentiment que cette communauté de Paris-Saclay est toujours aussi mobilisée malgré le turn-over enregistré au niveau des responsables d’institutions [ l’EPPS et l’Université Paris-Saclay, par exemple, dont les présidences ont été renouvelées depuis la précédente édition ] ?
Oui, et vous faites bien d’utiliser ce mot de « communauté ». On parle souvent d’écosystème. Mais Paris-Saclay, c’est d’abord des hommes et des femmes, mobilisés, investis. Ce matin, j’ai entendu un grand assureur qui annonçait triomphalement le lancement d’un programme en faveur des jeunes entrepreneurs. D’un côté, je me dis que c’est très bien ! Nos jeunes entrepreneurs ont besoin d’être soutenus, accompagnés, encouragés. D’un autre côté, cela me fait un peu sourire. J’ai quand même l’impression que beaucoup en sont encore à découvrir l’entrepreneuriat innovant. Quoi qu’il en soit, cela prouve aussi que ce dernier est entré dans les mœurs. Aucun acteur économique du territoire ne peut plus s’en tenir à l’écart. Tant mieux ! C’est la preuve que les dispositifs d’aide et d’accompagnement et de financement ont fait des petits.
– Que vous ont inspiré les pitches entendus ce matin ?
Ce qui m’a frappé, peut-être plus encore que les fois précédentes, c’est que ces pitches avaient beau porter sur des besoins différents – spécifiques, pour les uns, plus grand public, pour les autres – on y retrouvait cette même finalité, à savoir, servir la vie des gens, que ce soit au plan de la santé, de l’alimentation, du lien social… Sans doute est-ce pour cela qu’ils nous ont touchés directement. Moi, en tout cas, je l’ai été.
– Un mot aussi sur la prestation des candidats, qui parviennent à présenter leur concept avec conviction et décontraction.
Ils sont épatants ! Pourtant, entreprendre, ce n’est pas simple. Il faut remettre sans cesse son métier à l’ouvrage. Nos candidats « en bavent » quotidiennement, mais ils n’ont pas le droit de le montrer. Quand ils sont en levée de fonds, ils doivent en permanence se montrer positifs et souriants. C’est dur, mais formateur, semble-t-il. Cela donne des gens résilients, capables de s’adapter, de se remettre en question, d’apprendre vite, aussi.
Pour les besoins de leur pitch, ils bénéficient d’un coaching de notre part. Nous travaillons sur leur présentation – qui, au départ, sont d’inégale qualité -, sur la manière aussi de se placer sur scène, de s’adresser au public. Au début, certains rechignent, considérant que c’est inutile. En réalité, ils écoutent, se remettent en question, en discutent avec leurs associés. Et, au moment où il le faut, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes pour gagner en impact et bien mettre en valeur le potentiel de leur projet. Cela donne ce à quoi vous avez assisté ce matin. Moi, je leur tire mon chapeau. Ils m’inspirent beaucoup de respect.
– Mais à force de côtoyer ainsi des entrepreneurs, n’avez-vous été tentée de vous lancer à votre tour dans l’entrepreneuriat ?
Mais, entrepreneure, je le suis déjà ! En plus de mes chroniques à BFM Académie, j’ai ma propre activité de consultante, que je poursuis à travers une entreprise unipersonnelle qui propose de la production de contenu, de l’animation, du média training pour startuppers ou chefs d’entreprise. A mon échelle, je vis donc les affres et les joies de l’entrepreneur. Il m’arrive par ailleurs d’investir dans des projets de start-up. Mais j’accorde aussi beaucoup d’attention aux TPE-PME dont beaucoup cherchent aussi à se moderniser, à se mettre à l’heure du numérique et à s’internationaliser. Car j’estime que tout cet effort pour accompagner les entrepreneurs, les rendre audibles, doit non seulement être soutenu, mais encore gagner toutes les strates de la société.
Journaliste
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