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Santé

Paris-Saclay, laboratoire du bien-être au travail.

Le 7 juillet 2015

Le 7 juillet 2015, se tient le séminaire « Paris-Saclay, laboratoire du bien être au travail ». Fatima Bakhti (à gauche, sur la photo), que nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer sur le projet de transformation de la Cité de l’Innovation d’Alcatel-Lucent, en est à l’initiative avec d’autres personnes rencontrées sur ce territoire et l’association Aristote. Elle nous en dit plus sur sa genèse et ses objectifs.

– Pouvez-vous pour commencer par rappeler la genèse de cette journée ?

Il y a un an, l’association Aristote organisait à l’Ecole polytechnique un séminaire sur l’innovation. Je m’y étais rendue à l’invitation de son secrétaire, Thierry Roussel [2e sur la photo, en partant de la gauche], par ailleurs Chef de projet, à la Direction de l’Investissement, de l’Immobilier et du Développement Durable, du CEA. C’est à cette occasion que j’ai fait connaissance avec Nicolas Dortindeguey [3e en partant de la gauche], designer chez Renault (auquel on doit d’ailleurs le visuel de l’événement). Nous avons eu envie de poursuivre nos échanges autour de l’innovation dans nos méthodes et environnements de travail. Nous nous sommes rendus visite les uns les autres en échangeant autour de nos problématiques et de nos expériences dans le cadre d’un groupe informel en forme de WAWLab. Nous avons été ensuite très vite rejoints par ma collègue Florence Dossogne, qui a une longue expérience professionnelle au sein du groupe Alcatel-Lucent, dans des fonctions très variées de recherche et innovation, transformation et processus de l’entreprise, et par ailleurs co-fondatrice du réseau de salarié-e-s StrongHer.
Le séminaire, qui, je le précise au passage, s’inscrit dans la programmation de l’association Aristote, est ainsi le fruit d’une rencontre entre quatre personnes, toutes concernées par la question du travail sur un territoire comme Paris-Saclay. En marge de nos activités professionnelles, nous nous retrouvions régulièrement dans des cafés, à Orsay ou Châteaufort. C’est devenu les « RDV tartines » [illustration de cet article ] !
Force a été ensuite de constater que nous n’étions pas les seuls à nous interroger. De plus en plus d’entreprises et d’institutions se penchent aujourd’hui sur la question du bien-être au travail. C’est ainsi que l’idée est venue d’élargir la réflexion à l’ensemble des acteurs du territoire, qui le souhaitaient. Nous avions la conviction que chacun, dans son institution ou entreprise, petite ou grande, pouvait témoigner de ses démarches et échanger autour d’elles, pour faire évoluer les manières de travailler, ici, à Paris-Saclay. Le séminaire est l’occasion de faire un premier point et de mieux se connaître.

– Le principe de ce séminaire ne répondait donc pas spécialement aux problématiques de pénibilité voire de souffrance, dont on parle de plus en plus, mais plus à la question de savoir comment saisir les opportunités offertes par les innovations technologiques et les nouveaux espaces de travail ?

Plus que le contexte d’innovation technologique de Paris-Saclay, c’est les conditions de travail au quotidien qui ont inspiré notre réflexion. Comme j’aime à dire, on ne va pas travailler à Paris-Saclay comme on le ferait au centre de Paris. On y rencontre des contraintes spécifiques, liées notamment aux conditions de transport, qui impactent forcément le quotidien des salariés et appellent donc des solutions spécifiques. Au-delà de cela et davantage que les enjeux technologiques, c’est la dimension humaine qui nous intéresse.
De ce point de vue, le séminaire s’inscrit bien dans démarches engagées dans le cadre du projet la Cité de l’Innovation, qui, comme j’ai eu l’occasion de vous le dire lors d’un précédent entretien, a été conçue avec les salariés pour faciliter leur quotidien, tout en leur permettant de mieux échanger, qu’ils soient ingénieurs, chercheurs, commerciaux, et de prendre le risque de la créativité. Nous avons lancé beaucoup d’initiatives et il est clair que la recette miracle n’existe pas. C’est une mobilisation de tous les jours, qui nous incite donc à expérimenter, à explorer les pistes qui se présentent. Dès lors, nous sommes naturellement intéressés par ce que font les autres, sur le territoire, face aux mêmes enjeux, notamment en matière de transport, de télétravail, de services, etc.
C’est pourquoi, le séminaire est ouvert à tous : aux grandes entreprises comme aux petites, aux salariés comme aux employeurs, aux associatifs comme aux représentants d’institutions. Nous demandons juste, permettez-moi de le préciser au passage, une participation aux frais. Au total, nous attendons une centaine de personnes (c’est la capacité maximale pour l’amphithéâtre dont nous disposerons). Je ne serai pas étonnée cependant qu’il y en ait plus qui souhaitent se joindre aux discussions, au vu des échos que nous avons déjà. Des sociétés aussi diverses que de Sodexo, de Carrefour ou encore d’Auchan, EDF, Thalès, etc., se sont inscrites pour y participer.

– Le programme mêle aussi bien des interventions de chercheurs que de professionnels…

Oui, côté chercheur, nous aurons notamment une intervention de Renaud Gaucher, économiste, qui témoignera de la mesure du bien-être au travail et de sa relation à la performance de l’ « économie du bonheur ». Nous avons surtout tenu à avoir des retours d’expériences concrètes. Il ne s’agit pas tant de théoriser que d’expérimenter en mettant à profit la richesse du tissu économique de Paris-Saclay, composé de grands groupes, mais aussi de PME et de plus en plus de start-up. Chaque entreprise est différente et, par conséquent, il ne saurait y avoir un seul modèle, valable en toutes circonstances. Il est nécessaire de tester, d’expérimenter. De là l’idée de faire participer des « innov’acteurs » et de mettre en avant la notion de laboratoire dans l’intitulé du séminaire. Ce faisant, celui-ci offrira aux participants l’occasion de mieux appréhender l’éco-système, de mieux se connaître.

– On en revient à cette autre originalité de votre séminaire : il ne s’agit pas d’une énième manifestation sur le bien-être du travail en général, mais, ici-même, à Paris-Saclay…

En effet. Cette approche territoriale est pour nous fondamentale. C’est en partant des initiatives concrètes qui ont vu le jour à Paris-Saclay, en matière de bien-être au travail, que nous pourrons échanger et tester de nouvelles pistes. Les chercheurs, qui sont nombreux sur le plateau, ont bien sûr toute leur place, dans la réflexion sur les nouvelles manières de travailler, ici, à Paris-Saclay.
Nous sommes sur un territoire, qui, avec ses nombreuses entreprises, petites ou grandes, ses start-up, ses grandes écoles, ses centres de recherche, etc., va constituer l’un des tout premiers clusters technologiques au monde, visible depuis la lune, comme j’aime à le dire. Mais il ne saurait l’être si tous ces acteurs n’innovent pas jusque et y compris dans la manière d’envisager le rapport au travail. Par delà nos particularités, nous nous employons donc à innover aussi dans ce domaine. Et quoi de mieux que d’échanger autour nos expériences et initiatives pour avancer ensemble ?

– Avec, donc, l’idée de faire de Paris-Saclay un « laboratoire » pour réinventer le travail,…

Je ne sais pas si nous le réinventerons. Une chose est sûre, en revanche : nous le ferons évoluer en nous dotant d’un laboratoire qui manquait à ce jour sur notre territoire de Paris-Saclay, un laboratoire dédié au bien-être au travail. Certes, il ne s’agit pas d’un laboratoire au sens classique du terme, mais au moins d’un dispositif qui favorisera, comme nous l’espérons, l’échange autour de partages d’expériences, de tests et d’expérimentations. Un laboratoire dont le séminaire serait en quelque sorte une première pierre.

– Car il y aura une suite ?

Oui, c’est du moins ce que nous espérons. Nous voulons aller au-delà de l’échange de bonnes pratiques et passer ici, à Paris-Saclay, au stade de l’application. Toutes les entreprises n’ont pas les moyens ni le temps d’engager une réflexion en interne sur cette thématique du bien-être. A la suite du séminaire, nous organiserons donc des ateliers qui seront l’occasion pour elles de faire un point avec des retombées que l’on souhaite aussi pratiques que possible. Je suis d’ores et déjà en mesure de vous annoncer qu’un premier atelier est programmé dès le mois d’octobre prochain. Il se déroulera au PROTO204, un lieu qui incarne bien l’esprit de Paris-Saclay.

A suivre : un entretien avec Nicolas Dortindeguey.

Pour en savoir plus :

– lire le précédent article consacré à l’événement, sur Média Paris-Saclay (pour y accéder, cliquer ici) ;

– consulter le site de l’association Aristote.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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