Paris-Saclay, futur épicentre de la recherche sur les risques sismiques.
Juste avant les fêtes de fin d’année 2012, était inauguré l’Institut Seism. Sa vocation : regrouper les compétences aussi bien académiques qu’en ingénierie dans l’étude et la gestion des risques sismiques, dans le cadre de l’Idex Paris-Saclay.
La recherche dédiée aux risques sismiques aura désormais son épicentre : le Seism (pour « Seismology and Earthquake engineering for rISk assessMent ») Paris-Saclay Research Institute. Créé conjointement par le CEA, le CNRS, EDF et deux établissements d’enseignement supérieur appelés à rejoindre le Plateau de Saclay : l’Ecole Centrale Paris (en 2016), l’ENS Cachan (en 2018). Son objectif : regrouper les compétences aussi bien académiques qu’en ingénierie dans l’étude et la gestion des risques sismiques, dans le cadre de l’Idex Paris-Saclay.
Naturellement, la catastrophe de Fukushima (intervenue en mars 2011) et le renforcement consécutif de la réglementation ne sont pas étrangers à cette décision. Le nouvel institut ne limitera pas pour autant ses recherches aux seules centrales nucléaires et aux risques qu’elles encourent, mais appréhendera l’ensemble des constructions de génie civile (barrages, ponts, etc.).
Industriels et chercheurs n’ont pas attendu non plus la catastrophe pour développer un domaine de recherche en sismologie. Comme l’a souligné Hervé Biausser, l’institut a d’ailleurs émergé selon une logique bottom up, en s’appuyant sur un tissu de coopérations et de partenariats, et d’attentes émanant des chercheurs comme des industriels. Sa valeur ajoutée réside dans son ambition de couvrir l’ensemble du continuum allant de la faille à la structure (étude des ondes sismiques, comportement des bâtiments et structures impactés), afin d’améliorer « la prédiction et la prévention par des dispositions constructives des risques associées à des aléas majeurs ».
Seism pourra s’appuyer sur les nombreux équipements et moyens expérimentaux et numériques de ses partenaires : l’installation Tamaris du CEA Saclay (un moyen expérimental unique en Europe), les tables vibrantes du laboratoire d’Etudes de Mécanique Sismique, des logiciels, des outils de calculs et de simulations… Il pourra ainsi « dégager les consensus scientifiques nécessaires au développement de méthodes d’ingénierie et à leur déclinaison dans les réglementations nationales ».
Dans un premier temps, il concernera une trentaine de chercheurs, tous issus des organismes fondateurs, et une douzaine de Post-doc. Car l’objectif est aussi de contribuer à la formation par la recherche et à la diffusion de la connaissance via l’enseignement auprès des bureaux d’études et des « end users », soit les industriels et le BTP. Ainsi, il pourra renforcer les ponts entre le monde académique et celui des ingénieurs, les sociétés savantes, ainsi que d’autres partenaires potentiels.
Afin d’être aussi opérationnel que possible, et aller au-delà des collaborations et partenariats noués ponctuellement dans ce domaine, Seism a été structuré autour d’une « feuille de route », fixée à horizon 4-5 ans. Sans attendre la signature officielle du texte de la convention, l’institut a déjà pris corps à travers deux séminaires : un premier, organisé en octobre 2012, afin de permettre aux équipes de recherche concernées de mieux se connaître ; un second, organisé juste avant la cérémonie de lancement officiel, afin de permettre à des doctorants de présenter leurs travaux. Il a également été en mesure de répondre à plusieurs appels d’offre (Smaps, Desyr et Rubis).
Pour l’heure, il s’agit encore d’un institut « hors les murs », mais selon Jean-Paul Chabard (en charge du projet du futur Centre R&D d’EDF sur le Campus de Saclay), il est probable qu’il s’incarne dans un lieu pour gagner en visibilité. Au vu de la situation géologique du Plateau de Saclay, il n’y aura nul besoin de partir en quête d’un bâtiment respectant des normes anti-sismiques trop drastiques. En revanche, il conviendra d’améliorer les conditions de mobilité des chercheurs appelés à travailler ensemble dans le cadre du nouvel institut. Ce que n’a pas manqué de souligner David Bodet, le président de la Communauté d’Agglomération du Plateau de Saclay (CAPS), en évoquant les problèmes de congestion. Une réalité dont un des éminents partenaires a pu faire l’amère expérience en arrivant de Paris, avec plus d’une demi-heure de retard.
Crédit Photo : Jérôme Langlais (EDF)
Journaliste
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