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Paris-Saclay, épicentre du Plan Quantique.

Le 5 février 2021

Son annonce était attendue, mais crise sanitaire oblige, elle avait dû être reportée. Enfin, le Plan quantique a été dévoilé, le 21 janvier 2021, par le président Emmanuel Macron, lors de sa visite du Centre de nanosciences et de nanotechnologies (C2N), sur le plateau de Saclay. Valérian Giesz, le fondateur de Quandela (au centre, sur la photo), une des pépites françaises dans ce domaine, nous en dit plus sur les enjeux des annonces qui ont été faites, pour elle comme pour l’écosystème d’innovation français en général et de Paris-Saclay en particulier.

– Pourriez-vous, pour commencer, rappeler l’enjeu du Plan Quantique, qui a été récemment dévoilé le 21 janvier dernier, par le président de la République, ici-même, sur le plateau de Saclay ?

Il est communément admis dans la communauté scientifique internationale que les technologies quantiques sont appelées à jouer un rôle décisif dans les toutes prochaines années et ce, dans de nombreux domaines : les communications, les capacités de calcul augmentées… Déjà, les grandes puissances économiques que sont les États-Unis, la Chine, l’Allemagne ou encore l’Angleterre, se sont dotées d’une feuille de route pour garantir leur souveraineté en la matière. Sans compter les GAFA, à commencer par Google, particulièrement engagé dans l’informatique quantique.
La France se devait d’investir dans ce domaine, mais encore de faire valoir les atouts dont elle dispose déjà. Telle était la double conclusion du rapport remis il y a un an, au début du mois de janvier 2020, par la députée Paula Forteza, le chercheur Iordanis Kerenidis et l’ex-PDG de Safran Jean-Paul Herteman. La France possède des sommités ayant permis des avancées dans les technologies quantiques : les prix Nobel de physique Serge Cohen-Tahnoudji, Albert Fert et Serge Haroche [qui ont développé le refroidissement d’atomes, la spintronique et l’électrodynamique quantique en cavité], le lauréat de la médaille d’or du CNRS Alain Aspect [pour ses travaux pionniers sur l’intrication quantique…], etc. Les technologies quantiques reposent encore sur de la recherche fondamentale et, pour cela, la France peut s’appuyer sur des organismes comme le CNRS, le CEA et Inria et les laboratoires de plusieurs universités.
Le plan qui vient d’être annoncé reprend plusieurs des mesures préconisées par le rapport, pour renforcer cet existant et faire en sorte que la révolution en cours au plan scientifique se traduise par une révolution technologique, en soutenant l’émergence de nouveaux produits comme, par exemple, des réseaux de télécommunication quantique ou un ordinateur quantique, l’objectif étant de parvenir à la création d’un marché d’ici cinq ans. À l’image du Plan IA présenté en 2018, le Plan Quantique prévoit des actions en faveur de la recherche (en particulier pour les ordinateurs, les capteurs et les communications quantiques), l’industrie et la formation. Elles seront financées par le PIA4 et le plan « France relance», à hauteur de 1,8 milliard d’euros.

– Que dites-vous à ceux qui considèrent que l’État n’a pas toujours démontré sa capacité à créer de nouvelles filières d’innovation (cf le Plan informatique pour tous, lancé au milieu des années 1980, qui n’a pas empêché la domination de la micro-informatique américaine puis asiatique) ? Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il peut jouer un rôle majeur dans le développement d’une filière quantique ?

L’État est particulièrement mobilisé – le Plan Quantique est porté par les ministères des Armées ; de l’Économie, des Finances et de la Relance, enfin de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Pour autant, l’État n’est pas le seul à la manœuvre ni le seul financeur. La mise en œuvre du plan est en partie confiée aux hubs technologiques à la pointe dans le domaine. Ici même, l’Université Paris-Saclay aura un rôle crucial à jouer à travers le centre Quantum qu’elle a constitué pour coordonner et synchroniser les actions entre les différents acteurs de Paris-Saclay ; articuler les efforts en termes de recherche, de formation et d’innovation, en s’associant aux organismes de recherche, aux industriels et aux start-up. Naturellement, Quandela prendra toute sa part dans cette mobilisation de l’écosystème.

– Le chef de l’État vous a cité à plusieurs reprises. Est-ce à dire que Quandela a été partie prenante dans l’élaboration du Plan Quantique ?

Nous avons été consultés dans le cadre du rapport Forteza. Nous avons été aussi en contact avec les cabinets ministériels pour faire remonter les difficultés que nous rencontrions, faire en sorte que les mesures soient en cohérence avec les ambitions affichées.

– Est-ce à dire que l’avenir de Quandela était lui-même suspendu au lancement de ce plan ?

Sans attendre, Quandela a ces derniers mois continué sur sa lancée en nouant plusieurs partenariats économiques et commerciaux en Europe. Nous avons récemment signé des contrats aux Pays-Bas, en Italie et en Autriche, avec des acteurs majeurs des technologies quantiques. Notre intention était d’investir les marchés de l’Amérique du Nord et de l’Asie. Malheureusement, le Covid-19 nous a contraints à y renoncer le temps que la situation s’améliore sur le plan sanitaire. Cela étant dit, si notre intention est bien de nous projeter à l’international, d’exporter nos produits, nous aimerions bien aussi que ceux-ci soient plus utilisés dans notre propre pays, par nos industriels !

– Merci de m’avoir accordé cet entretien malgré un agenda que j’imagine contraint…

(Sourire). C’est vrai qu’en ce moment mon agenda est bien rempli entre Quandela qui me prend bien sûr beaucoup de temps et la communauté French Tech Paris-Saclay dans laquelle je continue à m’investir. Le contexte de Paris-Saclay est cependant très motivant. Le fait que le président ait choisi de venir sur le plateau de Saclay pour annoncer la stratégie nationale sur les technologies quantiques dit bien combien l’excellence de notre écosystème est reconnue. Rappelons qu’il compte parmi les pionniers de la recherche dans le domaine quantique, ceux que j’ai évoqués plus haut : Albert Fert, Alain Aspect,…

– Je ne résiste pas à l’envie de rappeler qu’il compte aussi parmi ses meilleurs vulgarisateurs scientifiques, je pense à Étienne Klein ou à Julien Bobroff, qui a publié récemment La Quantique autrement*

C’est amusant que vous évoquiez ce dernier. Il se trouve que lorsque j’étais encore tout jeune étudiant à Paris, j’avais été impressionné par la présentation qui avait été faite par un professeur du rôle de la recherche. Cela m’avait décidé à rejoindre l’Institut d’Optique pour faire des sciences. Et ce professeur n’était autre que Julien Bobroff ! Si j’en suis là, avec Quandela, c’est donc un peu grâce à lui. Ce dont j’ai eu l’occasion de le remercier récemment en lui adressant un petit mot !

Pour en savoir plus sur…

… Quandela, cliquer ici.

… French Tech Paris-Saclay, cliquer ici.

… la Stratégie nationale sur les technologies quantiques, cliquer ici.

* La Quantique autrement. Garanti sans équation !, Flammarion, 2020.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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