« Paris-Saclay commence à exister et nous en sommes un acteur ». A la découverte de Data 4 Services
Rachida Barkouk est property manager chez Data 4 Group : elle est en charge de la gestion juridique et administrative de ses biens immobiliers. « Vous verrez, vous ne le regretterez pas », nous avait-elle dit en nous invitant à découvrir le site de Data 4 Services, à Marcoussis. Plusieurs semaines après, nous nous y sommes enfin rendu. Et, effectivement, nous n’avons pas regretté. Effet waouh garanti. A bien des égards, Data 4 Services s’apparente à Paris-Saclay en miniature avec sa concentration de compétences de haut niveau, dans un environnement offrant un cadre de travail de qualité. Sans compter des conditions d’accessibilité qui iront en s’améliorant avec, notamment, l’aménagement du bus en site propre. En attendant le métro automatique. Rachida Barkouk nous en dit plus avec Jacques Durand, le directeur technique de Data 4 Services, et Pierre Bernard, son directeur d’exploitation.
– Pour commencer, pourriez-vous nous rappeler l’histoire de ce site ?
Pierre Bernard : Vous êtes ici sur l’ancien site du centre de recherche de la Compagnie Générale d’Electricité, qui l’a créé dans les années 1960. Puis il fut la propriété d’Alcatel-Alstom, enfin, d’Alcatel, après la scission de ces deux entreprises. Suite à la restructuration de la R&D du groupe de télécommunication, les activités du site ont progressivement décliné (la R&D d’Alcatel a été concentrée, en Région parisienne, à Vélizy et Villarceaux et, dans le reste de la France, à Lannion, principalement).
La société Data 4 Services l’occupe depuis sa création, en 2006, par Colony Capital et Alcatel, qui a mis à disposition le terrain en plus de ses compétences en télécommunication et en informatique, avant de sortir du capital (Alcatel n’est plus aujourd’hui que client de Data 4 Services, désormais propriétaire exclusif du site). Personnellement, j’étais à Alcatel au moment de sa création, plus précisément au sein de sa filiale Alcanet, qui gère toutes les infrastructures télécoms et informatiques du groupe. J’ai hérité du dossier de la stratégie des data centers. C’est ainsi que je me suis retrouvé impliqué dans la création de Data 4 Services. Le premier salarié du site n’est autre que Pierre Bernard, le directeur d’exploitation, qui peut témoigner du chemin parcouru pour l’adapter aux nouvelles activités.
Pierre Bernard : J’ai en effet accompagné le développement de Data 4 Services depuis ses débuts. Au moment où nous avons repris le site, les bâtiments qui s’y trouvaient étaient vétustes – il y a avait plusieurs préfabriqués – et donc peu adaptés aux nouveaux usages. Nous en avons démoli plusieurs pour libérer de la place et y installer les data centers. En mars 2007, date de démarrage effectif de l’exploitation, nous ne disposions que d’un data center. Nous en disposons de sept aujourd’hui, en ayant encore de la place pour en construire d’autres.
Jacques Durand : Les bâtiments restants ont été rénovés et constituent la partie « campus » du site : nous les louons à Thales, au CNRS ainsi qu’à Alcatel. Outre des bureaux, ils hébergent des laboratoires et des salles blanches ultramodernes. En plus d’un effort de rénovation, nous avons consenti bien d’autres investissements, dans les infrastructures de base. Nous avons notamment refait l’intégralité du réseau électrique – le précédent, conçu dans les années 60, était devenu obsolète. Je rappelle par ailleurs que nous sommes sur un plateau où il fait plutôt froid l’hiver. Or nos activités ont besoin d’eau chaude, spécialement l’hiver. Ce qui nous a conduits à rénover aussi complètement la chaufferie.
– De l’extérieur, on perçoit un superbe environnement. On est loin d’imaginer l’activité stratégique qui y est exercée…
Pierre Bernard : En effet. Le site héberge ni plus ni moins que les bases de données de très gros clients, relevant d’à peu près tous les secteurs d’activité : la banque, l’industrie, les services, le commerce. Nous avons aussi compté des ministères parmi nos clients.
– En quoi le site était-il favorable pour y mener vos activités ?
Jacques Durand : Le site était particulièrement adapté, disposant de tous les atouts pour accueillir un data center. D’abord, au plan énergétique, il était, en vertu de sa vocation première (R&D), alimenté par une ligne de 90 000 volts provenant du poste de Villejust. Deuxième atout : des capacités de télécommunications substantielles, le site étant dès le départ desservi par deux arrivées indépendantes. Certes, très vite, les capacités ont du être renforcées aussi bien pour les besoins d’électricité que de télécommunication, mais, au moins, pouvions-nous commencer nos activités. J’ajoute que, quand nous sommes arrivés, il n’y avait qu’une ligne d’approvisionnement, aérienne de surcroît. Depuis, nous avons fait aménager deux adductions souterraines, que nous sommes en train de modifier pour en accroître encore la disponibilité de puissance. Nous disposerons ainsi de pas moins de 100 MVA (MégaVolt Ampère) à échéance d’un an, soit l’équivalent de pratiquement 100 MégaWatt.
– Et au plan de la sécurité, en quoi est-il satisfaisant ?
Pierre Bernard : Le site est aussi particulièrement favorable à cet égard. D’abord, il n’y a pas, dans les alentours immédiats, d’établissements classés Seveso. Il n’y a pas non plus de voies de communication ferroviaires ou routières, susceptibles de permettre le passage de matières dangereuses (fuel, gaz,…). Enfin, nous sommes sur le Plateau de Saclay, au-dessus du cours de la Seine et, donc, à l’écart des risques d’inondation.
– Autant de choses que vous aviez prises dès le départ en considération ?
Jacques Durand : Oui, bien sûr. Nous avions pris soin de nous assurer que les fondamentaux pour construire des data centers étaient réunis. Il s’est agi ensuite de les renforcer et de nous adapter à l’évolution des besoins.
– Quel est le principal défi de votre activité ?
Jacques Durand : La continuité de services ! La moindre panne serait préjudiciable à nos clients. Il faut donc garantir une alimentation continue en électricité et en matière de refroidissement. Nos data centers doivent être surveillés 24 h sur 24, 7 jours sur 7.
Pierre Bernard : Depuis 2007, nous avons réussi à n’avoir aucune interruption. Nos bâtiments sont particulièrement sûrs et performants. Bref, je suis rarement réveillé la nuit ! Toutes les enquêtes de satisfaction le disent : nos clients sont particulièrement satisfaits de la qualité des installations. Ils ont aussi l’occasion de nous le dire tous les mois à l’occasion des comités de pilotage ou d’autres réunions.
– Combien de salariés votre activité mobilise-t-elle ?
Pierre Bernard : Une vingtaine de personnes travaillent pour Data 4 Services, dont huit, en permanence, à Marcoussis, les autres travaillant dans nos locaux parisiens. Des effectifs qui peuvent paraître réduits, mais qui s’expliquent par le choix d’un modèle économique fondé sur un haut niveau d’externalisation. Nous nous appuyons sur des partenaires qui nous accompagnent depuis le début : les fournisseurs de nos principaux équipements (groupes électrogènes, système de climatisation, onduleurs, système d’extinction incendie…) ; ils assurent l’entretien des bâtiments, tandis que nous assurons la coordination de l’ensemble de leurs interventions.
Rachida Barkouk : Le site accueille bien plus de salariés en comptant ceux des organismes auxquels nous louons des locaux, soit un demi-millier de personnes.
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