Originaire de Biarritz, Grégoire Bussière est élève-ingénieur de deuxième année en mathématiques appliquées à l’ENSTA Paris, passionné de rugby. Une passion qu’il exprime sur le terrain, mais qui, en plus de l’organisation du tournoi international « 7 à Paris », l’a aussi conduit à faire du soutien scolaire auprès de jeunes du Centre de formation du Rugby Club Massy Essonne. Témoignage.
– Depuis quand pratiquez-vous le rugby ?
Je baigne dedans depuis que je suis en collège. Mon père est un amateur de ce sport et il m’en a transmis sa passion. Cela dit, c’est un choix personnel qui m’a conduit à continuer à le pratiquer. Je précise que je suis originaire de Biarritz, une ville qui s’est fait plus connaître par le rugby que par le foot (même si l’équipe est mal en point actuellement !). Malheureusement, j’ai dû arrêter durant mes années de prépa, faute de temps. Il me tenait cependant à cœur de renouer avec. Ce que je pouvais faire en intégrant l’ENSTA ParisTech. C’est d’ailleurs ce qui a pesé dans mon choix de cette école. Nous y disposons de pas moins de trois terrains que nous partageons avec Polytechnique, pour deux séances d’entraînement par semaine. En dehors de cela, je me suis investi dans l’organisation de l’édition 2018 (la 21e) du « 7 à Paris », un tournoi international de rugby à 7.
– Que représente-t-il exactement ?
Ce tournoi est organisé chaque année, un week-end du mois d’avril. Y participent des équipes venant de toute la France et de l’étranger : de l’Angleterre, d’Allemagne et d’Espagne en l’occurrence. Soit au total 250 joueurs. Nous les accueillons le vendredi soir, en les hébergeant en mode camping, sur un terrain que la mairie de Palaiseau met à notre disposition. Le lendemain est consacré au déroulement de l’ensemble des matchs. A l’issue de quoi une soirée est organisée – jusqu’alors, elle l’était à l’ENSTA ParisTech. Enfin, le dimanche est consacré à la remise des prix puis le tournoi se termine par des échanges autour d’un méchoui.
– On imagine toute l’organisation que cela requiert… Combien êtes-vous pour l’assurer ?
Cette année, dix-huit élèves-ingénieurs y ont pris part. Mais ce ne fut pas suffisant. Autant le reconnaître, l’organisation de cette édition 2018 a été particulièrement compliquée ! Deux jours avant l’ouverture du tournoi, nous avons dû trouver une autre salle pour l’organisation de la soirée. Une source de beaucoup de stress et de pression ! Mais, finalement, tout s’est bien passé et nos amis n’y ont vu que du feu. Nous avons même eu de très bons retours.
– Et sur le terrain, comment cela s’est-il passé pour vous ?
En fait, je n’ai pas pu jouer ! Etant en charge de l’organisation, je me devais d’être disponible à tout instant. En tout et pour tout, je n’ai même pu assister qu’à un match. Mais je ne me plains pas. Je retire d’abord de tout cela une superbe expérience.
– Et le public ? A-t-il été au rendez-vous ?
Non, pas vraiment. Et c’est ainsi chaque année. Reconnaissons que le niveau du tournoi n’est pas suffisamment élevé pour drainer du monde. C’est d’abord un tournoi universitaire qui a vocation à réunir des étudiants qui partagent la même passion pour le rugby à 7.
– Comment ce tournoi est-il financé ?
Il bénéficie d’un soutien du Bureau Des Sports (BdS), des recettes du Forum Trium (le forum entreprises co-organisé par les écoles du réseau ParisTech – outre l’ENSTA, les Mines, les Ponts et l’ENSAE) ainsi que des subventions d’entreprises partenaires de l’événement.
– Au final, considérez-vous avoir vécu une expérience entrepreneuriale à travers l’organisation de ce tournoi ?
Oui, tout à fait. J’ai beaucoup appris quant à la manière de gérer ne serait-ce que la pression !
– Avez-vous d’autres engagements liés au rugby ?
Oui. Avec mes camarades qui pratiquent le rugby, je fais du soutien scolaire en maths et physique, auprès de lycéens inscrits au Centre de formation du Rugby Club Massy Essonne (le meilleur centre de formation d’Île-de-France). Cela nous prend une heure et demie, à raison de deux fois par semaine, le mardi et le jeudi. Un engagement qui s’inscrit dans le cadre du partenariat signé en septembre 2017 avec le Rugby Club Massy Essonne et dont j’ai accepté de m’occuper depuis septembre. Ce que je vis tout sauf comme une charge. J’aime bien l’idée de donner un coup de main. Et puis les lycéens, une vingtaine au total, sont sympathiques. Ils savent que nous sommes là pour les aider et ils nous le rendent bien. Nous n’avons pas de difficulté à les recadrer quand ils se montrent un peu chahuteurs ! Au fil de l’année, nous tissons des liens d’amitié. Parmi ces lycéens, certains sont manifestement issus de milieux moins favorisés. A travers ce soutien scolaire, nous contribuons ainsi à leur donner une chance de réussir leurs études, la pratique du rugby contribuant aussi à leur intégration sociale.
– Et quel retour avez-vous du Rugby Club Massy Essonne en contrepartie ?
Il met à disposition un terrain d’entraînement lorsque ceux du campus ne sont pas praticables, mais aussi pour les besoins du tournoi que j’évoquais. Il fournit également le matériel sportif remis aux enfants à l’occasion des voyages organisés par une association de l’école, Rugby4aBok, qui a vocation à conjuguer rugby avec la solidarité dans les pays du sud.
– Association à laquelle vous participez ?
Oui. L’an dernier, j’ai participé au voyage organisé au Kenya [illustration ci-contre]. L’année précédente, il l’avait été en Afrique du Sud.
– Impressionnant ! Cependant, qu’est-ce qui vous motive à persévérer ainsi dans ce sport au vu de la situation actuelle du XV de France…
Ce que j’aime dans le rugby, c’est son côté sport de combat – personnellement, j’aime bien plaquer ! Mais le combat en question est collectif : au rugby, on joue d’abord pour ses coéquipiers. Et se donner à fond pour son équipe, j’aime ça. C’est la seule chose qui compte. Tant et si bien qu’une fois sur le terrain, on en oublie toutes les différences physiques et même sociales. Ensemble, on ne fait plus qu’un.
– En quoi ce sport peut-il néanmoins intéresser le jeune élève-ingénieur que vous êtes, car s’il est bien un ballon dont la trajectoire est difficile à anticiper et donc à modéliser, c’est bien celui utilisé au rugby (c’est, faut-il le rappeler, un ballon ovale)…
C’est vrai que la trajectoire de ce genre de ballon est difficilement prévisible ! Il n’en fait pas moins l’objet de tentatives de modélisation de la part de chercheurs. Je pense bien sûr à Jérôme Perez, astrophysicien et enseignant-chercheur à l’Unité de Mathématiques Appliquées de notre école et par ailleurs notre référent dans cette matière – il a consacré une conférence au rugby. Cela étant dit, une fois sur le terrain, il n’y a plus de théorie qui vaille. Seuls les automatismes acquis au fil des entraînements et des matchs permettent de s’en sortir. Le ballon vient comme il vient et il faut faire avec !
– Un mot pour terminer sur l’écosystème de Paris-Saclay : un environnement bien différent de celui de Biarritz… Vous y sentez-vous bien ?
Oui. Et ce que j’y apprécie tout particulièrement, c’est la verdure environnante. Je n’ai pas le sentiment d’être dans une ville dense, mais à proximité de la nature. En cela, l’environnement m’évoque Biarritz et ses environs, où on se retrouve rapidement à la campagne, après avoir quitté le centre-ville. Bref, je ne me sens pas trop dépaysé ici. D’autant moins que j’ai fait mes classes prépa à Paris. Naturellement, j’ai toujours plaisir à revenir à Biarritz, pour y revoir ma famille et mes amis, mais je me sens bien ici aussi.
– Malgré les problématiques de transport ?
Comme la plupart de mes camarades, j’ai la chance d’être logé sur place, ce qui limite les contraintes de transport. Ensuite, quand il y a besoin d’aller à Paris, c’est vrai que ce n’est pas simple, mais ce n’est pas impossible non plus. Nous nous y rendons d’ailleurs régulièrement, ne serait-ce que pour assister à des matchs de rugby au Stade de France (le BDS propose des places à tarif réduit). A défaut de disposer d’une voiture, il y a les transports en commun (la ligne B du RER qu’on peut récupérer par la station Lozère ou en prenant le bus jusqu’à la station Massy-Palaiseau). Naturellement, la construction d’un métro desservant le campus, ce sera un plus pour les prochaines promotions.
Journaliste
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