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Agriculture & Alimentation

Parcours doctoral « R&D en entreprise ». Témoignage d’un doctorant

Le 17 avril 2024

Entretien avec Jérémy Guillaume, doctorant CIFRE en biologie

Suite de nos échos à la journée de lancement du parcours doctoral « R&D en Entreprise », organisée le 18 mars avec, cette fois, le témoignage d’un doctorant en thèse CIFRE, venu se renseigner.

- Si vous deviez, pour commencer, vous présenter ?

Jérémy Guillaume : Je suis doctorant en fin de 3e année dans le cadre d’une thèse CIFRE, qui associe AgroParisTech, l’Institut Diversité, Écologie et Évolution du Vivant (IDEEV) et l’entreprise Agronutris. Ma thèse, en biologie, porte sur la production de protéines d’insectes pour l’alimentation animale, dans une perspective de développement durable.

- Qu’est-ce qui vous a motivé à vous inscrire à cette journée sur le parcours de doctorants en entreprise ?

J.G. : Je prévois de continuer ma carrière dans la recherche privée, autrement dit en R&D, en lien avec des organismes de recherche public – la recherche appliquée m’intéresse davantage que la recherche fondamentale. A priori, je resterais dans l’entreprise qui a financé ma thèse, mais sans exclure de me renseigner sur d’autres entreprises. Celle où je suis actuellement est une petite structure – elle ne compte qu’une centaine de personnes – et je suis curieux de savoir à quoi ressemble la R&D dans un grand groupe.

- Votre thèse étant en CIFRE, de surcroît en lien avec AgroParisTech, on présume que vous êtes déjà familiarisé avec le monde de l’entreprise. Qu’est-ce que ce parcours peut-il donc vous apporter de plus ?

J.G. : En vérité, étant en 3e année, je doute pouvoir en bénéficier. Étant dans la période intermédiaire entre le rendu de ma thèse et la soutenance, j’ai voulu mettre à profit le temps dont je dispose pour anticiper sur l’après-thèse. J’avais déjà entendu parler du parcours. Cette fois, j’ai pu en connaître en détail le contenu, les modules. Cela me semble intéressant pour des étudiants qui n’auraient fait que des stages et une thèse classique, purement académiques. Ce parcours leur permet de mieux appréhender le monde de l’entreprise. Parmi les doctorants de mon entourage, qui ont fait une thèse classique, j’observe que, pour eux, ce monde-là a encore une mauvaise image : on y fait, disent-ils, de la recherche que pour faire du profit. Pour ma part, tout en trouvant sain de poser un regard critique, je crois utile de se renseigner, tout en restant dans une logique de dialogue constructif.

- Vous connaissez l’écosystème Paris-Saclay pour y avoir fait vos études doctorales. En concentrant des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et des centres de R&D, ne favorise-il pas une meilleure perception réciproque ?

J.G. : Sans prétendre avoir encore assez de recul sur cette réalité – l’écosystème de Paris-Saclay est encore récent -, je pense que cela peut favoriser certaines interactions, mais, je crains que ces interactions ne se fassent qu’avec certains types d’entreprises – ce sont de grands groupes qui s’installent sur le plateau de Saclay -, et donc un certain type de recherche, dans un certain type de filières. Je crains que tous les étudiants n’y trouvent donc pas toujours leur compte…

- Pourtant, l’écosystème est aussi un vivier de PME/TPE (zones d’activités de Courtabœuf), de start-up et d’entreprises innovantes dans de nombreuses filières. Paris-Saclay, c’est aussi des exploitations agricoles, qui innovent dans les modes de production et de commercialisation…

J.G. : Il se trouve que l’entreprise avec laquelle j’ai fait ma thèse est une start-up, mais implantée à Toulouse. Je n’ai donc pas eu autant l’occasion de côtoyer des start-up du plateau de Saclay hormis à AgroParisTech où il y a un parcours entrepreneuriat étudiant, qui s’adresse aussi aux doctorants. Cela étant dit, j’avoue avoir encore à découvrir le potentiel de cet écosystème. Le parcours est une occasion de le faire. Je ne saurais donc trop encourager des étudiants à s’y inscrire, même s’il implique un fort engagement de leur part dans la durée. D’ailleurs, je me demande si, du temps où j’étais en première année, j’aurais trouvé le temps de le suivre. En même temps, j’ai compris que les candidats seront bien accompagnés et non abandonnés à leur sort. Si j’ai une critique à faire, c’est que le parcours semble orienté vers la R&D de grands groupes industriels avec une forte composante technologique, et que peu de place est accordée aux sciences du vivant. C’est du moins l’impression laissée par la première table ronde à laquelle ne participaient que des représentants de grands comptes. Une impression renforcée par le fait que l’initiateur de ce parcours [Bernard Monnier] a lui même un parcours techno dans de grandes entreprises industrielles. Moi, qui suis dans les sciences du vivant, j’aurais eu plus de mal à y trouver une entreprise dans ce secteur, hormis éventuellement Danone [partenaire du parcours doctoral].

- En réalité, le parcours associe aussi des PME et des start-up qui témoigneront plus tard au cours de la journée… Sans compter la représentante de la SNCF qui a témoigné d’un début de carrière au sein d’une start-up…

J.G. : Au temps pour moi ! Malheureusement, je ne pourrais les entendre faute de pouvoir rester. Pour tout dire, je me suis inscris sans savoir que c’était la première étape nécessaire pour être admis au parcours. Retenons donc le plus important : le mérite que ce parcours a d’exister. Nul doute qu’il se bonifiera au fil des années en s’adaptant à la diversité des champs couverts par les doctorants. C’est ce que je lui souhaite.
Je précise qu’au cours de mes trois années de doctorat, j’ai suivi un des modules intégrés à un parcours de ce type. ll portait sur une thématique qui m’intéressait – le droit des contrats de collaboration public/privé. Manière de dire que j’ai eu un avant goût du parcours proposé aujourd’hui, qui me conforte dans l’intérêt de ce genre de dispositif, ne serait-ce encore une fois pour confronter le doctorant au monde de l’entreprise.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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