On se lève tous pour Brainathon !

Le 26 avril dernier, l’équipe de TEDx Saclay organisait son 5e Brainathon au tout nouveau Centre International de Recherche et innovation Daniel Carasso, de Danone. Nous y étions. En voici un premier écho avec le témoignage de Christian Van Gysel, qu’on ne présente plus.

- On connaît bien le concept du Brainathon, qui en est à sa 5e édition. Si vous deviez néanmoins le pitcher à des personnes qui n’en connaissent pas encore le principe ?

Christian Van Gysel : Brainathon est la contraction de brainstorming et d’Hackathon. Deux termes que nous avons rapprochés pour proposer quelque chose de spécifique au TEDxSaclay et à ses iConnecteurs. Le principe : réunir des personnes qui ne se connaissent pas forcément pour brainstormer et hacker pendant une journée, par équipe, autour d’une idée – cette année : l’IA générative. L’équipe lauréate enverra son représentant au TEDx Saclay, en juin 2024, non sans développer son idée d’ici là.

- Ainsi que vous l’avez indiqué, les participants ne se connaissent pas a priori. Et pourtant, une fois la dynamique lancée, ils brainstorment intensément, en parvenant à dégager des idées originales. Comment expliquez-vous que la magie de l’intelligence collective puisse opérer aussi instantanément ?

C.V.G. : Cette magie doit à la disposition d’esprit des participants, mais aussi aussi au travail de fond réalisé en amont, dès le mois d’octobre, le temps de repérer, d’identifier les candidats potentiels en veillant à mélanger des « sachants », des experts dans le domaine – cette année, l’IA générative, donc -, et des personnes, qui ne sont pas forcément expertes, mais qui sont intéressées par le sujet et se posent des questions, ces personnes pouvant être issues de l’écosystème de Paris-Saclay ou venir d’ailleurs. Pour cette édition-ci, certaines sont venues de Brest, de Lille, de Lyon,… L’une d’elle est même revenue directement d’un séjour à Dubaï !

- L’occasion de rendre justice à l’équipe de bénévoles : si les participants sont disposés à brainstormer, sans même se connaître, c’est parce qu’un dispositif est mis en place qui rend possible l’intelligence collective. Celle-ci n’est pas spontanée, encore faut-il l’organiser…

C.V.G. : Tout à fait ! Deux bénévoles sont affectés à chaque équipe : l’un/l’une pour « faciliter » le déroulement des échanges – il/elle maîtrise les méthodes du brainstorming -, un/une autre pour participer aux échanges, car bien sûr, au sein de l’équipe TEDxSaclay et parmi ses iConnecteurs, on est intéressés à prendre part aux discussions, à écouter les participants, mais aussi à formuler des idées.

- « Écouter », dites-vous. C’est une vertu essentielle : on ne vient pas ici seulement pour défendre sa propre idée, mais en produire une avec les autres, ce qui suppose d’être à l’écoute. D’ailleurs, ce qui me frappe en passant d’une équipe à l’autre pour observer ce qui s’y passe, c’est la manière dont les personnes s’écoutent. Il faut voir l’expression de leur visage, les regards attentifs posés sur celui/celle qui prend la parole. Personne n’a les yeux rivés sur son smartphone… Ne faut-il pas y voir une bonne nouvelle : certes, il faudra composer à l’avenir avec l’IA générative, mais les gens manifesteront encore du plaisir à se retrouver pour se parler, dans une intelligence humaine et collective….

C.V.G. : On ne saurait mieux dire. L’IA générative est une réelle avancée. Elle n’en reste pas moins un outil au service de cette IA humaine et collective. Tout dépendra en réalité de notre capacité à nous l’approprier. Gardons-nous donc d’opposer les deux. L’IA générative peut nous aider à faire des choses extraordinaires, qu’on ne s’autorisait pas à imaginer, dans la manière de générer un texte, une image ou une vidéo. Tout à l’heure, quelqu’un me demandait si, moi, personnellement, j’avais envie de refaire ma lessive à la main comme le faisaient nos aïeux. Naturellement, la réponse est non. Il en ira de même avec l’IA générative. Je doute qu’on voudra revenir en arrière une fois qu’on y aura goûté. En nous soulageant de tâches répétitives, elle va nous permettre de nous consacrer à l’essentiel, à des choses plus créatives. Certes, cela suppose, comme je l’ai dit, de se l’approprier. Mais voyez comment internet et le smartphone se sont imposés à nous. Qui songerait à y renoncer ? Certainement pas les jeunes générations. Quand j’ai dit à mes enfants que mon premier mobile, je l’ai eu à trente ans, ils n’ont pas voulu le croire. Eux l’ont eu dès qu’ils sont entrés au collège ! C’est un moyen de communication naturel pour eux.

- L’avenir appartiendra donc à toutes les intelligences, aussi bien artificielle et générative, qu’humaine et collective. Mais aussi à des lieux inspirants comme celui-ci, le nouveau centre international de recherche et d’innovation de Danone, qui permet à des personnes de travailler dans des conditions propices au travail collaboratif, aux rencontres fortuites, avec des personnes de différents métiers et disciplines…

C.V.G. : Oui, quel lieu ! Il me fait penser à un autre, différent mais aussi inspirant : le Point F, situé à quelques pas de là, de l’autre côté de l’ENS Paris-Saclay avec ses salles de travail, de réunion, et une sorte de forum destiné à permettre aux personnes en formation – le point F a été conçu pour de la formation continue – de se croiser et d’échanger de manière informelle. Ici aussi tout converge vers un vaste atrium où les salariés, chercheurs, personnes administratifs, techniciens, peuvent se croiser, déjeuner ensemble. Or, on sait combien l’innovation procède à partir de rencontres fortuites, d’idées qu’on partage de manière informelle. Bref, de la sérendipité…

- Merci d’avoir évoqué ce mot dont vous savez combien il m’est cher…

Christian Van Gysel sourit en guise de mot de la fin.

Sylvain Allemand

Journaliste