Suite de nos échos à la journée de préfiguration du Living Lab, organisée le 10 juillet dernier, au Centre INRA de Versailles, coordonnée par Terre et Cité*, à travers, cette fois, le témoignage de Pierre Plevin, ancien de l’Estaca, président et cofondateur de Selfeden, une start-up qui développe des solutions IoT pour mesurer et piloter tout type d’environnement de culture.
– Si vous deviez pitcher, pour commencer, le concept de votre start-up ?
Avec mon associé, nous mettons au point, à l’attention des maraîchers et horticulteurs, des objets connectés (IoT), qui permettent de mesurer en continu les paramètres impactant leurs cultures comme, par exemple, le degré d’humidité. Les données sont centralisées sur une plateforme de façon à être traitées et leur fournir une aide à la décision. Nos différents modules communiquent entre eux, ce qui permet de mesurer et de contrôler à distance l’ensemble de leurs surfaces. Nos solutions débouchent sur une réduction de consommation d’eau, de l’ordre de 50%, et d’engrais.
– Quand vous êtes-vous lancés dans cette aventure et avec quelles compétences ?
Mon associé et moi sommes des ingénieurs de formation, diplômés de l’ESTACA. Lui, spécialisé dans l’aérospatial, moi, dans le ferroviaire…
– On est loin du domaine agricole…
(Sourire). La nature est aussi une source d’inspiration pour l’ingénieur, dans quelque domaine où il intervient, à travers notamment le biomimétisme. A défaut de l’imiter, nous nous employons à en monitorer le développement, de façon à réduire la consommation d’eau et le recours aux intrants chimiques.
– Qu’est-ce qui vous a prédisposés à investir le monde du maraîchage et de l’horticulture ?
La découverte de l’aquaponie, une approche qui nous a particulièrement intéressés, au point de nous amener à en creuser le potentiel, en l’associant aux solutions de monitoring offertes par l’IoT. Nous y avons aussi été encouragés par notre école, qui promeut depuis quelques années l’entrepreneuriat innovant, en bénéficiant du statut d’étudiant entrepreneur dans le cadre de PEIPS, le programme de soutien de l’Université Paris-Saclay en direction des étudiants ayant un projet entrepreneurial innovant. Notre start-up a vu le jour en 2016. Nous sommes actuellement au SQY Cub, l’incubateur de Saint-Quentin-en-Yvelines, géré par IncubAlliance, qui nous accompagne depuis le début, en 2016.
– ESTACA, PEIPS, SQY Cub, IncubAlliance… On peut donc dire que vous êtes une jeune pousse made in Paris-Saclay…
Oui, un pur produit ! L’écosystème a été très favorable à notre projet. Et ce n’est pas tout : nous nous sommes rapprochés d’un autre acteur majeur de Paris-Saclay, le CEA, pour examiner la possibilité d’en valoriser une technologie (en l’occurrence, une nouvelle typologie d’électrode pour une analyse en continu de l’eau). Ce serait pour nous une opportunité d’élargir notre spectre d’activités. En effet, si Selfeden s’est positionnée au départ dans le domaine de l’aquaponie au service d’une agriculture urbaine, nous avons l’intention d’apporter d’autres solutions aux problématiques de la gestion de l’eau telles qu’elles se posent à l’agriculture en général. En l’occurrence, nous avons l’occasion, dans le cadre de ce qu’on appelle l’irrigation précise, de valoriser les éléments contenus dans l’eau, pour améliorer la fertilisation des plantes.
– Comment vivez-vous néanmoins l’écosystème de Paris-Saclay ? N’est-il pas compliqué au regard des conditions d’accessibilité et de déplacements ?
Nous le vivons plutôt bien. Mais il est vrai que j’ai pris le parti de ne me déplacer qu’en voiture plutôt que par les transports en commun. Ce qui, j’en conviens, est un comble pour l’ingénieur ferroviaire que je suis… Cela étant dit, le territoire reste d’une taille suffisamment raisonnable pour qu’on puisse s’y déplacer sans trop de difficultés, plusieurs fois dans la journée.
– Qu’est-ce qui vous a motivé à venir à cette journée ? Je pose la question même si on peut le deviner au regard de l’objet de votre start-up…
C’est une belle opportunité pour rencontrer des acteurs du territoire de Paris-Saclay, de faire connaître notre start-up, d’identifier des partenaires potentiels : des agriculteurs, des décisionnaires, des chercheurs… Nous avons recensé les besoins des agriculteurs et avons donc une expertise à faire valoir. Nous sommes déjà en mesure de proposer des technologies adaptées à leurs besoins.
– Est-ce la première que vous participé à des événements de Terre et Cité ?
Non, j’ai découvert Terre et Cité il y a plus d’un an. J’ai déjà participé à quelques-uns des repas que l’association organise à la librairie-restaurant Mille Feuille à Bièvres. J’avais aussi participé à la première journée consacrée au Living Lab, organisée en octobre dernier sur le site de Massy d’AgroParisTech [pour en savoir plus, cliquer ici].
– J’y étais aussi…
Il me semblait bien vous avoir déjà vu quelque part !
– (Rire) Votre engagement laisse-t-il présager un ancrage dans l’écosystème Paris-Saclay ?
Oui, nous n’avons pas l’intention de quitter Paris-Saclay, car c’est un écosystème exceptionnel pour y poursuivre nos efforts en R&D. Mais pour les besoins du développement de notre chiffre d’affaires, nous prospectons dans d’autres régions. Etant originaire de Bretagne, je regarde de ce côté-ci où les perspectives sont intéressantes : on y pratique davantage de cultures horticoles et maraîchères, qu’ici. Nous prospectons aussi du côté d’Angers, une des premières régions horticoles françaises.
* Avec le concours de plusieurs partenaires : APPVPA, Versailles Grand Parc, Saint-Quentin-en-Yvelines, Communauté Paris-Saclay, l’Inra, AgroPAris-Tech et le Labex BASC.
A lire aussi le compte rendu de la journée (pour y accéder, cliquer ici) et les entretiens avec Claire Martinet, chargée de mission « agriculture locale et circuits courts » au sein de Saint-Quentin-en-Yvelines (cliquer ici) et Marianne Cerf, directrice de recherche à l’Inra (cliquer ici).
En illustration de cet article : Pierre Plevin (à gauche) aux côtés de son associé.
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