Suite de nos échos à la première édition de Paris-Saclay SPRING, à travers le témoignage de Florian de Oliveira, un jeune entrepreneur (à gauche), issu de la Filière Innovation-Entrepeneurs (FIE) de l’Institut d’Optique, et dont la start-up SWIRIS conçoit et fabrique des systèmes de vision infrarouge innovants.
– Si vous deviez pitcher le concept de votre start-up ?
SWIRIS conçoit et fabrique des systèmes de vision infrarouge innovants, qui permettent de révéler l’invisible à des industriels…
– « L’invisible » ?
Oui, au sens où notre solution permet de voir à travers certains types de plastiques, de verres opaques ou encore du silicium, et faciliter ainsi le contrôle qualité aussi bien de substances enfermées dans un contenant que de l’électronique intégrée dans une carte (un Pass Navigo, par exemple). Les applications industrielles sont multiples, que ce soit dans le domaine aéronautique, de l’automobile, de la défense, mais aussi dans l’industrie cosmétique ou agro-alimentaire. Par exemple, on peut vérifier le niveau de remplissage de bouteilles totalement opaques ou encore détecter la présence de certains éléments – eau, lipides ou collagènes – grâce à leurs signatures chimiques reconnaissables en infrarouge. Ce que l’on ne pourrait pas faire avec des caméras classiques, encore moins à l’œil nu. Notre technologie présente bien d’autres avantages : elle permet d’intervenir de jour comme de nuit, en plein brouillard ou au milieu de la poussière.
– Au regard de la diversité des enjeux et des domaines d’application, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi une telle technologie n’a pas été mise au jour avant. Mais, d’ailleurs, est-ce bien le cas ? Avez-vous des concurrents sur ce marché ?
D’autres entreprises investissent ce marché de la détection, mais nous avons une spécificité qui tient au recours à l’optique et à des éclairages LED. Celles qui sont actuellement disponibles ne sont pas suffisamment puissantes. Les industriels préfèrent par conséquent continuer à recourir à des lampes halogènes. Plutôt que de renoncer aux LED, nous avons pris le parti d’en améliorer la puissance pour l’éclairage de nos propres systèmes de vision.
Non, nous collaborons avec la société Effilux, leader européen de l’éclairage LED, appliqué à la vision industrielle. Ensemble, nous travaillons à développer, à partir de la technologie SWIR, des sources plus puissantes que celles proposées actuellement sur le marché et ce, dans le cadre d’une thèse menée en partenariat avec l’Institut d’Optique.
En dehors d’Effilux, d’autres entreprises spécialisées dans les éclairages LED industriels s’intéressent à cette technologie SWIR, mais elles concentrent leurs efforts sur la partie visible (la réalisation d’éclairages blancs en optique industriel, par exemple), or la lumière SWIR implique de repenser tout le système optique. Notre ambition est d’être expert et leader sur ce marché…
– Qui, à vous entendre, est bien plus qu’une niche, tant les enjeux sont colossaux…
Parfaitement. A terme, l’objectif est de remplacer les applications à base de rayons X, dont la nocivité exige de se soumettre à de fortes contraintes réglementaires et de coûts. Une caméra avec un éclairage de notre gamme suffirait amplement sans faire encourir le moindre risque sur la santé des gens les manipulant.
– Encore un mot sur Effilux que nous connaissons pour en avoir interviewé le cofondateur en… 2012 [pour accéder à l’entretien, cliquer ici]. Comment s’est faite la rencontre avec elle ?
Nous l’avons connue par l’intermédiaire du 503 dont elle est elle aussi issue.
– Où en êtes-vous dans votre développement ?
Mon associé et moi, nous développons notre solution depuis septembre 2017. Nous sommes actuellement hébergés chez Effilux, dans le parc d’activités de Courtabœuf. Nous avons accès à ses moyens de production, à ses bureaux d’étude optique, électronique et mécanique, et à ses ressources humaines, ce qui nous permet de progresser plus vite dans le développement de nos propres produits.
– Prévoyez-vous une levée de fonds ?
Non, ce n’est pas le choix que nous avons fait. Nous privilégions un modèle d’autofinancement par la commercialisation de nos produits. Les profits réalisés seront réinvestis dans notre entreprise.
– En quoi l’écosystème Paris-Saclay a-t-il été favorable à la création et au développement d’une société comme la vôtre ?
SWIRIS est issue de la Filière Innovation-Entrepreneurs (FIE) de l’Institut d’Optique. Je doute qu’elle ait donc pu voir le jour ailleurs. Et puis, dans l’écosystème Paris-Saclay, on sent une vraie émulation autour de l’innovation technologique. Avec toutes les écoles et centres de recherches qu’il compte, il permet d’accéder à toutes les solutions et ressources dont nous avons besoin. En plus de locaux et de financements, nous bénéficions de beaucoup d’aide et d’accompagnement. Bref, c’est un environnement particulièrement favorable à la création d’une start-up. Je peux en témoigner.
– L’entretien est réalisé à l’occasion de la première édition de Spring Paris-Saclay. En quoi était-ce important pour vous d’y participer ?
Le premier intérêt de cet événement, c’est bien sûr la présence de nombreux acteurs qui peuvent nous apporter de précieuses informations sur l’état de notre marché, d’identifier des clients et de nouveaux projets à travers les rendez-vous B to B programmés et qui permettent d’optimiser notre présence, mais aussi tous ces échanges plus informels avec les visiteurs qui passent sur notre stand. En milieu de journée, nous avions déjà fait quelques rencontres avec des industriels intéressés par notre technologie. Spring Paris-Saclay confirme l’intérêt de ce genre de RDV à la fois professionnel et ouvert à un plus large public.
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