Light Cycle, 1er prix du Challenge innovation sécurité routière 2021.
Nous l’avions rencontré en octobre 2020 à l’occasion du Forum 503 de la FIE (Filière Innovation-Entrepreneurs) : avec trois de ses camarades, il y présentait le projet Light Cycle destiné à faire respecter les distances de sécurité entre les cyclistes et usagers de trottinettes, d’une part, les automobilistes, d’autre part. Six mois plus tard, ce projet était lauréat du 1er prix du Challenge innovation sécurité routière… Ce qui valait bien un nouvel entretien avec Ambroise Boyer.
– Je fais l’hypothèse que votre projet a évolué depuis le premier entretien. Pourriez-vous donc re-pitcher Cycle Light ?
Désormais, il faut dire Light Cycle ! Après avoir hésité avec Cycle Light, nous avons trouvé au final que Light Cycle faisait une jolie référence au Light Cycle du film Tron 2 ! Au moment du premier entretien, nous en étions encore qu’à l’esquisse d’un projet. C’est désormais une entreprise en devenir qui a pour objectif de concevoir un dispositif que l’on pourra fixer sur son vélo ou sous sa trottinette, de façon à mettre en lumière les distances de sécurité. Concrètement, il projettera au sol les lignes virtuelles au moyen d’un laser, ces lignes étant visibles à la fois la nuit mais aussi à l’aurore et au crépuscule du jour, aux moments de fortes affluences, quand les gens partent au travail ou rentrent chez eux. Ce faisant, le dispositif a pour but de promouvoir l’usage des mobilités douces (vélo, trottinette), en procurant un sentiment de sécurité à leurs usagers, grâce à cette bulle de lumière qui leur appartient et qui ne doit pas être transgressée par les autres usagers, à commencer par les automobilistes.
– On ne peut qu’être frappé par le degré de maturation de votre projet en l’espace de six mois, la durée qui sépare nos deux entretiens… Comment expliquez-vous cette maturation aussi rapide ?
Cette maturation a été rendue possible par les nombreux entretiens réalisés auprès de différents professionnels et acteurs intéressés (des responsables de Decathlon, notamment), tout en poursuivant nos échanges avec Kiss eBikes (un fabricant français de vélos électriques personnalisables, pour particuliers et professionnels, hébergé au 503). A quoi s’ajoute le jury du concours de la sécurité routière avec lequel nous avons aussi beaucoup échangé. Tous nous ont permis d’avancer, en nous incitant à renoncer à certaines de nos intentions initiales pour nous concentrer sur d’autres priorités comme, par exemple, l’ajout d’un dispositif clignotant ou la possibilité d’afficher un message publicitaire.
Et puis, il y a l’environnement favorable dans lequel nous évoluons : le 503, qui, en plus de nous former à l’entrepreneuriat innovant, nous assure une solide formation en optique, à même de nous permettre de proposer une solution optimale, viable technologiquement et économiquement parlant. Et puis au 503, on se retrouve au milieu d’autres porteurs de projets avec qui on cultive le sens de l’entraide.
– Que sont devenus vos trois autres camarades ? Poursuivent-ils l’aventure ?
Vitoria-Maria Carneiro Mathias et Nicolas de Rosa sont toujours parties prenantes du projet. En revanche, Zhang Yixuan en a rejoint un autre, lui aussi hébergé au 503. Elle nous a aidé jusqu’à la préparation du pitch pour les besoins du concours. Je saisis d’ailleurs l’occasion de cet entretien pour la remercier encore pour tout le travail qu’elle a fourni. L’équipe ne compte donc pour l’heure que trois personnes, mais plus que jamais déterminées à aller au bout de la démarche entrepreneuriale.
– Comment l’expérience du projet Light Cycle a-t-il fait évoluer votre vision de l’entrepreneuriat innovant ?
Le premier enseignement que j’en tire, c’est qu’on ne peut entreprendre seul : il faut savoir faire équipe, car on ne peut prétendre maîtriser toutes les compétences. Il faut aussi être ouvert à d’autres points de vue, confronter ses idées et donc être à l’écoute. Sans quoi on risque de se laisser enfermer dans sa propre vision du monde, sans disposer des bonnes informations. En cela, les entretiens que nous avons réalisés ont eu un rôle crucial : ils nous ont permis d’avoir des retours, de surcroît de personnes avisées, de nous convaincre de changer notre vision initiale.
– Dans quelle mesure le contexte sanitaire a-t-il contrarié cette vision de l’entrepreneuriat, les interactions avec vos interlocuteurs, le travail d’équipe ?
Comme tout le monde, nous avons rencontré des difficultés à entretenir la dynamique, à rester aussi réactifs que possible. Cela étant dit, nous n’en avons pas moins pu continuer à avancer, même durant les périodes de confinement, en travaillant sur les aspects plus théoriques. Nous avons pu continuer à échanger que ce soit en visioconférence ou tout simplement par téléphone. Bref, on a pu encore faire beaucoup de choses, même si effectivement le contexte sanitaire réduit les options. Il suffit de s’y prendre plus à l’avance quand on a besoin de prototyper ou de se rendre dans les laboratoires. Quand les entretiens se font en distanciel, les personnes interviewées sont moins enclines à être exhaustives dans les informations qu’elles peuvent donner. Malgré cela, nous n’en avons pas moins continué à apprendre et à avancer.
– Rappelons d’ailleurs que ce même contexte sanitaire s’est traduit par un regain d’intérêt pour l’usage des mobilités douces, ce qui rend votre solution d’autant plus pertinente et d’actualité…
En effet, nous avions fait très vite ce constat, que nos entretiens ont validé, notamment avec ceux avec nos interlocuteurs de Decathlon ou de Kiss eBikes.
– Au-delà du 503, en quoi l’écosystème de Paris-Saclay a-t-il été favorable ?
Les étudiants présents sur le plateau de Saclay sont toujours prompts à nos aider, à répondre à nos questions. Ils sont même enthousiastes à l’idée d’être béta-testeurs, de pouvoir nous faire un retour, de nous donner de nouvelles idées. Alors oui, Paris-Saclay est un environnement favorable pour faire émerger des start-up et d’autres entreprises innovantes.
– Vous avez été en janvier dernier lauréats du 1er prix du Challenge innovation sécurité routière. Vous y attendiez-vous ?
Non, du moins pas au début. Une heure avant la clôture du dépôt de candidatures, nous en étions encore à nous demander si cela en valait la peine ! Après, plus nous avancions dans le concours, plus la perspective de décrocher un prix nous paraissait réaliste. Ce n’est cependant qu’au dernier moment que nous avons su que ce serait le premier prix.
– Que va-t-il vous permettre de faire ?
Ce premier prix est doté de 12 000 euros, une somme tout sauf négligeable, qui va nous permettre d’être plus à l’aise dans la phase de prototypage. Le prix consiste aussi en un accompagnement par des professionnels de la sécurité routière, qui vont nous faire bénéficier de leur expertise dans ce domaine. Nous tablons beaucoup dessus pour continuer à progresser. Enfin, le prix nous fait gagner en crédibilité auprès des entreprises avec lesquelles nous aurons à monter des partenariats.
Autant de choses qui nous décident à continuer en allant au-delà du simple projet étudiant de la FIE. Nicolas de Rosa, arrivé un an après Vitoria-Maria et moi, sera encore au 503 l’année prochaine. Quant à moi, je ne sais pas encore où je serai. Une chose est sûre, je suis bien dans l’optique de continuer à porter ce projet et de le mener jusqu’au bout, en créant une entreprise et en commercialisant notre solution à l’international.
Pour accéder au précédent entretien, cliquer ici.
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