« L’humain et le numérique : je t’aime, moi non plus ! » Tel est le thème du prochain séminaire du WAWlab, qui se tiendra le 4 juillet dans les locaux d’EDF Lab. Cofondatrice de ce laboratoire du bien-être au travail, Fatima Bakhti nous en dit plus sur ce qui a présidé au choix de ce thème et sur le rôle de Paris-Saclay dans l’expérimentation de solutions visant à tirer le meilleur du digital.
– Comment en êtes-vous venus, au sein de WAWlab, à choisir ce thème ?
Ce thème s’est naturellement imposé à nous au fil des ateliers que nous avons proposés depuis notre séminaire de l’été dernier, qui avait pour thème, rappelez-vous, « la bienveillance en entreprise » [photo ci-contre]. Pas moins de six ateliers : sur le co-développement et la gamification en entreprise (en novembre), le sport et la santé (décembre), la qualité de vie au bureau (janvier), « osez l’optimisme » (février), comment rester serein en situation difficile (mars), le neuro-cognitivisme (mai), enfin, le parcours de santé en entreprise (juin). Vous constaterez au passage le rythme soutenu de rendez-vous que nous proposons : à raison d’un toutes les six semaines environ. Ce qui témoigne du succès que rencontre WAWlab, de plus en plus sollicité par des personnes qui veulent partager leur pratique et vision du bien-être au travail. J’ajoute que pour certains ateliers, nous enregistrons plus d’une centaine d’inscriptions sur la plateforme de réservation.
Pour en revenir à la question du numérique, elle était en réalité déjà présente au cours du séminaire de juillet 2016, « Venez gagner du temps ! ». Force est de constater qu’il impacte de plus en plus les conditions de travail, ne serait-ce qu’au travers de la masse croissante d’emails qu’il nous faut traiter. Nous souhaitions donc lui consacrer notre prochain séminaire, qui, pour mémoire, est l’occasion, comparé aux ateliers, de traiter d’une question plus en profondeur en croisant les regards de personnes de différents horizons professionnels, des théoriciens aussi bien que des praticiens.
Ce prochain séminaire ne prétend pas pour autant couvrir tous les enjeux du numérique, relatifs au bien-être au travail, mais inscrire ce thème dans la démarche d’expérimentation du WAWlab. Notre intention est de bien faire la part entre les aspects négatifs et ceux plus positifs, car il y en a. Loin de nous d’opposer le digital à l’humain. Le digital apporte aussi des choses bénéfiques ; il n’est pas toujours synonyme de déshumanisation. Certes, il complique parfois nos existences, mais il peut aussi contribuer au bien-être au travail. La réalité est donc plus complexe, ce que suggère bien l’intitulé de notre séminaire, « Je t’aime, moi non plus ».
– Il y a-t-il une spécificité de Paris-Saclay dans la manière pour le digital d’impacter les conditions de travail ?
Ce n’est pas l’hypothèse que nous faisons. A priori, la question de l’impact du digital concerne n’importe quel autre écosystème. Je doute qu’il y ait une spécificité Paris-Saclay. La vocation du WAWlab est davantage de faire de cet écosystème un laboratoire du bien-être au travail et, donc, d’y faire des expérimentations, dans tous les domaines qui touchent au travail, que ce soit le design des espaces, les méthodes de coaching individuel ou le management. S’il y a une spécificité dans notre démarche, elle réside moins dans la nature des enjeux traités – ils sont communs à tous les milieux de travail – que dans le fait d’avoir poussé l’audace jusqu’à faire de Paris-Saclay un lieu d’expérimentation. Le séminaire est l’occasion de se confronter à d’autres expériences et pratiques, et d’imaginer des solutions adaptées à sa situation personnelle. C’est d’ailleurs pourquoi nous sommes ouverts à des témoignages et expertises de personnes qui ne sont pas nécessairement issues de l’écosystème Paris-Saclay.
– Quels sont les changements introduits à l’occasion de cette nouvelle édition du séminaire ? Le fait d’aborder le digital vous a-t-il conduit à expérimenter d’autres dispositifs – des visioconférences, par exemple ?
Non, nous n’avons pas prévu de visioconférences ! Les échanges se dérouleront dans une unité de lieu. Même à l’heure – ou surtout à l’heure du digital – il importe de prendre le temps de partager de vrais moments d’échanges, autour des interventions, et de manière plus informelle, lors des pauses. Concrètement, la journée se déroule autour de conférences et d’ateliers. Comparativement aux éditions précédentes, nous veillerons à capitaliser davantage les enseignements à en tirer et à les partager via les réseaux sociaux et notre site avec la communauté. Aujourd’hui, il n’y a plus guère de sens à restituer un séminaire au travers des captures vidéo de longs échanges qui se sont déroulés en mode présentiel. Au lieu de cela, nous allons essayer de partager des enseignements dans la foulée de l’événement. Une manière d’entretenir cet esprit de communauté collaborative que le WAWlab a vocation à être.
– Quel public entendez-vous toucher ?
Si nous comptons beaucoup de fidèles depuis la création du WAWlab, il y a quatre ans, les profils des participants changent selon les thématiques. Et si la plupart viennent de Paris-Saclay, d’autres viennent de bien plus loin. Ce dont nous nous réjouissons.
– L’accès à l’événement est-il toujours gratuit ?
Oui, et nous y tenons. Mais, comme vous l’imaginez, son organisation demande beaucoup de temps et un minimum de ressources. C’est pourquoi, et c’est une autre nouveauté introduite cette année, nous proposons à quiconque s’inscrit via la plateforme Evenbrite, de choisir parmi une liste d’items une contribution qu’il est prêt à consentir. Soit en amont – en relayant l’information à des collègues et des amis, par exemple – soit le jour j – en s’engageant à faire des photos, à apporter quelque chose au buffet, à prendre des notes… Une manière de permettre à tout un chacun de contribuer à la hauteur de ses disponibilités. Et manifestement, les participants sont heureux de pouvoir contribuer ainsi à la réussite de l’événement. Plusieurs ont déjà fait connaître ce qu’ils étaient prêts à faire.
– Une forme de Wiki-event, en somme…
(Rire) Je n’avais pas pensé à l’analogie avec Wikipédia, mais il y a effectivement un peu de cela : du collaboratif combiné à du bénévolat, le tout appliqué à l’organisation d’un événement qui s’enrichit ainsi des contributions des participants eux-mêmes.
En réalité, cette démarche découle de la dynamique de WAWlab, qui, dès le début, s’est voulu une communauté collaborative et, j’insiste, ouverte. Déjà, à l’occasion de nos ateliers, nous convions à un « pique-nique participatif » (chacun y participe en apportant quelque chose). Une plateforme comme Eventbrite permet d’aller plus loin dans l’anticipation et la variété des contributions possibles. Au final, WAWlab donne l’exemple en expérimentant lui-même de nouvelles méthodes de travail collaboratif, fût-ce au pour les besoins de l’organisation d’un événement.
A lire aussi l’entretien que Nicolas Dortindeguey, cofondateur du WAWlab, nous a accordé à l’issue de l’événement – pour y accéder, cliquer ici.
Pour en savoir plus sur le WAWlab et le prochain séminaire, cliquer ici.
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