Le vendredi 11 juillet 2014, avait lieu, à Sciences ACO, la présentation du projet architectural pour la future Maison d’initiation et de sensibilisation aux sciences (MISS), qui ouvrira ses portes début 2016. Nous y étions, tout comme une centaine de curieux, petits et grands.
Un lieu où de jeunes enfants pourraient s’initier à la science et être sensibilisés à ses enjeux, en faisant des expérimentations à la manière d’un vrai chercheur, en blouse blanche, devant sa paillasse ou ses instruments de mesure. Telle est la vocation de la MISS : la Maison d’Initiation et de Sensibilisation aux Sciences, un projet porté par la Région Île-de-France, en partenariat avec La Diagonale Paris-Saclay, l’Université Paris-Sud et le CNRS. Cette maison pas comme les autres accueillera de la demi journée à la semaine, ses premiers chercheurs en herbe (des 8-13 ans) fin 2015-début 2016, le temps de peaufiner le programme d’ateliers et d’aménager le bâtiment 204 du campus de Paris-Sud (dont le PROTO204 occupe déjà un des côtés). A quoi celui-ci ressemblera-t-il ? C’est ce que le public était invité à découvrir au musée de la lumière et de la matière Sciences ACO tout proche (bâtiment 201), ce vendredi 11 juillet, en présence de l’architecte Jean-Michel Daubourg et la scénographe d’exposition, Marianne Klapisch (également architecte).
Preuve s’il en était besoin de l’importance du projet et de la curiosité grandissante qu’il suscite, présidents et autres responsables des institutions qui en sont parties prenantes, avaient tous fait le déplacement pour témoigner de leur soutien : Isabelle This Saint-Jean, Vice-présidente de la Région Ile-de-France en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche ; Jacques Bittoun, Président de l’Université Paris-Sud ; Dominique Vernay, Président de la Fondation de Coopération Scientifique (FCS) Campus Paris-Saclay ; Marie-Pauline Gacoin, sa directrice de la communication, mais qui intervenait ici plus au titre de la présidente de l’association Sciences ACO. Jamy Gourmaud, journaliste scientifique et animateur de l’émission « C’est pas sorcier » (qui en est à sa vingtième saison, sur France 3), avait également répondu présent au titre de parrain de l’équipement (avec Wendelin Werner, professeur de mathématiques de l’Université Paris-Sud, lauréat de la Médaille Fields). La plupart de ces personnalités y sont allées de leurs souvenirs liés aux « cours d’éveil dont elles avaient bénéficié sur les bancs de l’école (non sans succès à en juger par le domaine où elles exercent aujourd’hui leurs fonctions).
Pour justifier le projet de la MISS, d’aucuns ont cru utile de rappeler la moindre appétence des jeunes pour la science. Ce dont on peut douter au vue de la réussite des manifestations de médiation ou de vulgarisation scientifique organisées à travers la France et à Paris-Saclay en particulier. En revanche, au sein des filières scientifiques, le gap entre filles et garçons se creusent bel et bien, les premières peinant, comme le rappela Isabelle This Saint-Jean, à transformer, après le bac, leur réussite scolaire, dans un cursus scientifique universitaire.
Le choix de l’acronyme MISS (qui, à bien y réfléchir, aurait pu tout aussi bien s’appeler MISTER, pour Maison d’Initiation aux Sciences et TEchniques de Recherche) n’est donc pas fortuit : il rappelle la nécessité de sensibiliser les filles autant si ce n’est plus que les garçons à l’intérêt pour la recherche scientifique. Au-delà, l’enjeu est aussi, comme le rappelait justement Jamy Gourmaud, de permettre aux futurs citoyens, filles comme garçons, de mieux prendre part aux débats qu’ils aient ou pas vocation à devenir chercheurs.
Un vrai labo pour enfants
Ces précisions apportées, vint le temps de présentation du projet architectural. En réalité, juste une esquisse. Avec une franchise déconcertante, l’architecte et la scénographe reconnaissaient ne pas en avoir encore une idée précise à ce stade. Ils ont certes été sélectionnés, mais moins pour une solution prête à l’emploi que pour une méthode de co-construction du projet. Non sans avoir néanmoins quelques idées précises en tête. A commencer par celle de respecter l’architecture extérieure, si typique de la vision de la science des années 60-70 (le 204 a été construit en 67), mais pour mieux produire sur les jeunes, une fois franchi le seuil, un effet waouh… Autre certitude, il ne s’agira pas d’un musée. Ainsi que le précise la scénographe, « nous ne nous bornerons pas à construire un simple décor de laboratoire, mais bien un laboratoire pour enfants, à même de leur permettre de faire des expériences.» Quitte à découvrir que la recherche, cela ne consiste pas seulement à manipuler des instruments ou équipements sophistiqués, selon un protocole bien établi, que c’est aussi du bricolage, des avancées à tâtons… Au final, le public ne pouvait qu’être confiant quant au résultat de cette méthode : à l’évidence, l’architecte et la scénographe ont l’habitude de travailler ensemble et manifestent un réel souci d’être à l’écoute de ceux qui utiliseront le lieu : les enfants et les enseignants, mais aussi les chercheurs du campus.
A défaut d’une vision précise de l’aménagement du bâtiment, on en sut un peu plus, en revanche, sur ce que les enseignants du primaire ou de collège pourraient en attendre, grâce à une drolatique présentation qu’en firent en duo Sylvie Retailleau (doyenne de la Faculté des Sciences de l’Université Paris-Sud) et Valérie Fortuna (chercheur CNRS et coordinatrice scientifique du projet), la première se faisant passer pour une enseignante de primaire, d’abord préoccupée de l’organisation pratique des choses, la seconde s’employant à la rassurer. D’abord, nul besoin pour l’enseignant d’avoir une formation scientifique : il pourra s’appuyer le concours des chercheurs et doctorants mobilisés par la MISS (une cinquantaine au total). Nul besoin non plus de venir avec du matériel. Tout sera mis à disposition hormis les chaussures de marche en cas de sortie sur le campus, pour en étudier, par exemple, la faune ou la flore. Quant aux ateliers, ils seront organisés conjointement avec l’enseignant, autour de thèmes (mathématiques, énergie…) abordés en classe ou touchant à la vie quotidienne (les phénomènes culinaires, par exemple). Chaque atelier comptera un référent (chercheur, enseignant-chercheur ou doctorant) et sera animé avec le concours d’étudiants, issus d’associations spécialisées dans la médiation scientifique. Les résultats des expériences menées par les enfants seront mis à disposition sur une plateforme pour être, éventuellement, approfondis en classe.
Une vidéo de quelques minutes, projetée à l’issue de notre numéro de duettiste, permit de se faire une idée de ce à quoi ressembleront ces ateliers, en donnant à voir les tests en cours de réalisation avec le concours d’élèves de 8-13 ans (la cible de la MISS). Il suffisait de voir la concentration de ces derniers pour en apprécier l’efficacité, la palme de l’enthousiasme communicatif revenant à un tout jeune garçon, qui lâche un : « Faire de la science serait un de mes rêves les plus fous ! »
Des ateliers de préfiguration
Puis direction, à 200 m de là, le PROTO204 qui occupe donc l’autre partie du 204, pour une présentation ludique d’ateliers de préfiguration, se proposant de répondre, démonstration à l’appui, à des questions aussi diverses et inattendues que : « Peut-on faire des bulles carrées ? » (réponse oui, comme en témoigne la photo qui illustre le Une de cet article) ; « Comment découvrir ce qu’est le nanomonde grâce à un microscope et un papillon » ; « Comment faisait-on des calculs sans papier et sans calculatrice, 2 000 ans avant J.-C. ?»,…
Deux heures plus tard, jeunes et moins jeunes étaient encore à s’attarder aux ateliers. Combien étaient-ils venus des communes toutes proches et même d’autres départements que l’Essonne ? Une question, qui se pose quand on sait que cette MISS, la première du genre, a vocation à accueillir des classes de primaire et de collège de toute l’Ile de France. On imagine volontiers les contraintes de transport pour ceux qui viendront de Seine-Saint-Denis ou du Val-de-Marne, sauf à considérer que le voyage fait aussi partie intégrante de l’expérience (a fortiori pour ceux qui seront hébergés sur place pour des séjours de 3 à 4 jours). Mais que ces jeunes et leurs enseignants se rassurent : la MISS a vocation à se décliner dans les départements franciliens. Au cours de son discours, Isabelle This Saint-Jean annonçait d’ailleurs la création, pour commencer, d’une mini-MISS en mathématiques. Un essaimage à travers l’Ile-de-France, c’est tout le mal qu’on souhaite à la pionnière du campus de l’Université Paris-Sud. Quitte à devoir envisager plus tard une MISTER, pour combler l’avance prise, entre-temps, par les filles sur les garçons…
Légendes des photos : atelier autour des bulles carrées (en Une, grand format) ; Jamy Gourmaud (en illustration de cet article). Crédit photo : M. Lecompt / UPSud.
Des images et une vidéo complémentaires sont disponibles sur site d’actualité de l’Université Paris-Sud. Pour y accéder, cliquer ici.
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