Parmi les personnes rencontrées de manière fortuite à l’occasion de la journée du 7 mai 2015, consacrée au vélo et à sa révolution à Paris-Saclay, il y eut Marc Bultez, porteur d’un intéressant projet de recyclerie… sportive, dans le Nord-Ouest de l’Essonne. Il a bien voulu revenir sur le cheminement qui l’a conduit à ce concept, dans une perspective d’entrepreneuriat social.
– Vous assistez à la journée consacrée au vélo… Vous êtes cycliste ?
Oui, mais d’abord un amateur de vieux vélos. Au plan des activités sportives, je pratique surtout le judo.
– Ici, à Paris-Saclay ?
Non, mon club est à Poissy, dans le 78. Je suis resté licencié là-bas, car j’y ai tous mes proches. Un club, c’est une petite famille, qu’on ne quitte pas si facilement. Mais je m’entraîne aussi souvent en Essonne. J’ai d’ailleurs été formé à Brétigny-sur-Orge dans le cadre d’années de sports études puis dans le cadre universitaire, ici-même à Orsay, à l’UFR STAPS de Paris-Sud. Je pratique d’autres sports, en étant à chaque fois soucieux d’y donner du sens. Par exemple, début mai, j’ai débuté ma collecte, non pas de muguet, mais de papiers qui trainaient dans le Parc Georges Brassens, à Massy. Une démarche toute personnelle, mais qui entre dans le projet global de la recyclerie sportive et plus précisément d’un sport au service de l’environnement, auquel j’espère pouvoir mobilier du monde prochainement.
– Et au plan professionnel, que faites-vous ?
J’ai travaillé pendant dix ans dans l’univers du sport, pour diverses sociétés – des agences conseil, de marketing ou encore de voyage. J’ai également travaillé au sein de l’Institut national supérieur du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) dans le cadre d’un contrat de partenariat public privé. En 2009, j’ai eu l’idée de monter une première association. A ce moment-là, je travaillais dans une agence de voyage pour amateurs de sports. Le but de cette association était de collecter du matériel sportif au bénéfice de populations de pays en développement, et ce dans une perspective de solidarité internationale. Désormais, je travaille sur la création d’une recyclerie sportive, dans laquelle on pourra faire aussi bien du réemploi – les équipements seront réparés pour allonger leur durée de vie – que de la transformation, pour d’autres usages. Au-delà, il s’agira de constituer une filière allant de l’approvisionnement jusqu’à la commercialisation des produits de la recyclerie, une filière qui n’existe pas, en l’état actuel des choses, du moins dans le domaine sportif.
– Voilà un bel exemple d’entrepreneuriat social et d’hybridation entre des univers – ceux de la recyclerie et du sport – qu’on n’a pas l’habitude de voir ensemble. Comment y êtes-vous venu ?
Disons que, malgré mes 34 ans et mes premiers cheveux blancs, je fais partie d’une génération qui, à force de voyager, se formalise moins avec les frontières quelles qu’elles soient : internationales ou sectorielles. Une génération qui a aussi le sens des priorités sociétales et environnementales. J’ai fini par avoir le sentiment qu’il y avait peut-être des choses plus intéressantes et plus utiles à faire dans la vie… Voilà comment j’ai fini par avoir envie de me lancer à mon tour dans cet entrepreneuriat social qui a le mérite de mettre en avant l’humain.
– Le territoire de Paris-Saclay est-il propice à ce genre de projets porteurs de sens ?
Oui, il y a d’ailleurs eu un appel à projets de ressourcerie, lancé par le Syndicat intercommunal des ordures ménagères (SIOM) de la Vallée de Chevreuse. J’y ai répondu avec un groupement d’économie sociale et solidaire. Des ressourceries existent déjà, mais pas pour le matériel sportif. Il n’y a pas non plus d’éco-organisme. Je me dis qu’il y a de quoi créer de l’innovation sociale non sans imaginer par là même un autre modèle économique.
– Paris-Saclay a vocation à être un cluster d’innovation technologique. Votre projet est-il une manière de démontrer qu’il peut être un lieu d’innovation qui soit aussi sociale ?
Certainement. Et d’ailleurs il n’a pas attendu mon projet pour afficher cette vocation. En témoigne la journée sur le thème de l’innovation sociale et de l’économie collaborative, organisée ici-même au PROTO204, en décembre 2014 [pour accéder au compte rendu que nous en avions fait, cliquer ici ]. Pour ma part, j’ai envie de travailler avec les étudiants de Paris-Saclay car nombreuses sont les questions techniques qui restent encore non élucidées traitées. Nul doute que les étudiants scientifiques et les ingénieurs pourront nous aider à imaginer des solutions. Au-delà des aspects techniques, il s’agit de réapprendre aux gens à être autonomes, dans la pratique du vélo pour ne prendre que cet exemple (compte tenu de la thématique de la journée) ou, comme j’aime à dire, à être « vélonomes ». Une notion qui n’est pas de moi, mais qui a l’intérêt de bien exprimer ce qu’elle veut dire. Concrètement, je souhaite créer un atelier dans lequel les gens pourraient faire de l’autoréparation, réparer eux-mêmes ou avec l’aide des autres, leur vélo ou tout autre matériel : paire de skis, surf, raquette de tennis, etc.
– Et son tatami ?
(Rire). Pour un tatami, c’est plus compliqué. Mais on m’a proposé des ateliers de confection de sacs à partir de chutes de kimono !
Pour accéder…
…. au compte rendu de cette journée du 7 mai, sur le vélo à Paris-Saclay, cliquer ici.
… à l’entretien que nous a accordé Philippe Gaudias, Chef de projet mobilité, à l’EPPS, et parmi les organisateurs de cette journée, cliquer ici.
Journaliste
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